Alain.g a écrit :
J'ai lu depuis peu des ouvrages sur l'histoire de Byzance et je la trouve impressionnante. Cette cité a exerçé sur notre civilisation une influence bien plus grande qu'on a bien voulu le dire, car la réalité est qu'on a injustement trop ignoré cette ancienne grande capitale du monde.
Byzance a continué l'empire romain après sa chûte, voir pour le droit romain le code Justinien par exemple du VIè siècle ou la reconquête de l' Italie et de L' Afrique du Nord, le maintien du grec dans l'empire. Nos rois mérovingiens par exemple apportent beaucoup de soins à ménager celui qui est pour eux leur empereur, l'empereur de Byzance.
Et puis, il y a cette continuation de Byzance, non dîte, par la religion orthodoxe. Voir le rite et les églises. Religion qui recouvre plusieurs pays et revit.
Enfin, les monuments sont là, magnifiques: Sainte Sophie avec sa coupole, modèle des grandes mosquées, Venise et sa basilique 100% byzantine, San Vitale et les basiliques à Ravenne ...
Quel bel et fort héritage que celui qui nous vient de Byzance.
Les héritiers: la Russie, la Grèce, Venise ...
J'aimerais avoir votre sentiment, redécouvrant Byzance et l'ayant totalement ignorée jusqu'ici, faute d'avoir été initié!
L'Empire byzantin a peu fasciné les Occidentaux contemporains de cette époque et a rarement été vu comme l'héritier de l'Empire romain par ces derniers. Alfred Teckel a montré que les Mérovingiens n'avaient que peu de reconnaissance envers l'empereur. Cette position se maintient au fil des siècles.
Prenons Charlemagne: en 800, il se considère comme le seul capable de prendre la succession de l'Empire romain du fait de ses victoires. Pour lui, aucun souverain autre que lui ne peut revendiquer ce titre et surtout pas une femme, en l'occurence Irène (je passe ici sur les relations entre la papauté, l'Italie et Charlemagne).
A la fin du Xème, Basile II après avoir écrasé les rébellions d'Asie Mineure (Phocas, Sklèros, Maléinoï), s'affirme comme un empereur fort et difficilement contestable. Pourtant au même moment Otton III entreprend de faire revivre l'Empire. Pour cela, il s'appuie sur le grand intellectuel Gerbert d'Aurillac, celui-ci devenant pape et prenant le nom de Sylvestre II (Sylvestre ayant été le pape contemporain de Constantin). Otton et le pape pour faire revivre l'Empire ne s'appuient pas sur l'homme qui devrait être l'héritier légitime (BasileII), d'autant que celui-ci porte peu à peu l'Empire d'Orient à son apogée; mais ils préfèrent repartir sur un nouveau projet qu'ils estiment plus légitime et plus fidèle à l'Empire de Constantin.
De même, au moment de la Première Croisade, les seigneurs francs (pas tous certes) n'auront aucun scrupule à bafouer le serment prêter à Alexis Comnène.
Certes, Byzance a exercé une réelle influence sur ceux qui y ont vécu ou commercé (Vénitiens et Russes que vous avez mentionné), on peut lire ici le témoignage de Geoffroi de Villehardouin. Toutefois, sa puissance et sa richesse ont souvent été sousestimées par les Occidentaux.