Aurelianus a écrit :
Constantin s'est rendu compte que le centre de gravité de l'empire se déplaçait vers l'Orient, plus peuplé, plus riche et plus dynamique. Il fallait lui accorder un grand centre administratif bien situé géographiquement. Les villes comme Antioche ou Alexandrie qui remplissaient peu ou prou ce rôle étaient trop excentrées et Antioche était trop exposée aux Perses. La situation de la cité fondée par Byzas au VIe siècle av. J.-C; était à cet effet idéale.
Certes. Mais Constantin pense comme un tétrarque qu'il est... en lutte contre d'autres tétrarques pour rester le seul auguste. D'ailleurs, de même que Dioclétien réside à Spalato, Constantin affirme que "[sa] Rome est à Serdica" (actuelle Sofia).
Il semblerait que le choix de Byzance, après plusieurs hésitations (Il était aussi question de Chalcédoine et Troie, soit dans la région des détroits) soit lié à une volonté de paix civile. Donc idéale, certes, mais probablement aussi l'objet de compromis.
Citer :
N'oublions pas non plus qu'au cours des siècles précédents les empereurs sont de moins en moins à Rome qu'ils desertent pour des villes de province au besoin des opérations militaires menées. Enfin, la fin du IIIe siècle a vu l'empire, ingérable d'un seul tenant, être divisé en deux. La fondation de Constantinople entérine cette partition voulue par commodité.
Hors de la partition linguistique évidente, je me demande s'il faut à ce point insister sur la séparation en deux parties de l'Empire...
Les réformes religieuses de Dioclétien (les fameuses persécutions) visent en fait à fédérer TOUT l'Empire sous la bannière du culte impérial... on ne distingue pas Orient ou Occident en termes si tranchés.
Et puis le choix de Constantinople n'est pas dû qu'à la bonne gestion de l'Empire. Constantin devient seul auguste en 324. L'Empire est alors réunifié.
Citer :
Le christianisme n'est pas un phénomène si oriental que cela. Rome est penétrée par le christianisme dès le 1er siècle, le chef de l'Eglise est l'évêque de Rome, et l'Afrique est une des provinces où la religion est la mieux implantée.
Vu des Romains, le christianisme est pendant longtemps une religion étrangère, un truc d'Orientaux. Je ne crois pas qu'on puisse dire que Rome est "pénétrée" par le christianisme. Deux siècles plus tard, sous le règne d'Héliogabale, les Romains de Rome ne sont toujours pas jouasses de voir un ado syrien se déguiser en prêtre du soleil et leur infliger un culte venu d'Orient. D'ailleurs, lors de la chute de cet empereur, les chrétiens de Rome subissent une sanglante répression (Calixte Ier est exécuté). Donc "Rome pénétrée du christianisme"... bof... Je pencherais plus pour "Rome arcboutée sur la romanité façon Caton l'Ancien".
Et puis on est avant le concile de Nicée et
a fortiori avant celui de Chalcédoine... c'est à dire qu'il y a autant d'églises chrétiennes que de chrétiens. Le "chef de l'Eglise" n'est l'évêque de Rome que parce que c'est lui que l'empereur de Rome a sous la main.
Pour la biblio en français, il y a l'incontournable Gilbert Dagron.
Naissance d'une Capitale, Constantinople et ses institutions de 330 à 451, PUF, 2ème éd.1984.