Bonjour à tous,
c'est à la lecture d'un livre de Dussellier (Le Monde byzantin) qu'une question m'est venue à l'esprit :
Je vais tout d'abord exposer grossièrement le contexte. Il s'agit de la première crise iconoclaste de 731. Il semble que cette crise doit, au moins en partie, son existence à une volonté de renforcement du pouvoir central sur des populations, influencées par un monachisme querelleur, qui avaient de plus en plus tendance à s'adonner aux pratiques culturelles régionales plutôt que de s'en remettre aux directives des différents patriarches ; mais il semble que ce soit quasiment une constante...
Bref, le problème n'est pas là. L'icônodulie tire en partie ses fondements de la discussion de Jésus avec Philippe lors de son dernier repas : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répondit : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : 'Montre-nous le Père' ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! » (cf. Jn 14,8-10). L'entité divine peut donc se représenter sous les traits de Jésus. Cependant, c'est précisément à ce moment - et pas avant - que le problème se pose. Parallèlement, on connaît l'icônophobie musulmane. Ce qui m'interroge, c'est la coïncidence temporelle entre ces deux phénomènes O combien similaires. Faut-il y voir une quelconque influence de l'un vers l'autre (ou de l'autre vers l un) ou est-ce que je fais fausse route ? J'imagine que la question a dû se poser, sûrement en d'autres termes, mais quand même...
Bien à vous

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Je parle bien sur des sunnites

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Bonjour à tous,
suite des événements : j'ai donc poursuivi la lecture de mon livre, l'auteur a fini par soulever la question. Il dit que l'on sait maintenant qu'il n'y a aucune filiation entre l'interdiction des représentations figuratives dans l'islam sunnite et l'iconoclasme du VIIIe siècle dans l'empire byzantin. Comme quoi la patience mène souvent la vérité. Je reste cependant sur ma faim car il n'approfondit pas plus que cela. Quelqu'un a-t-il des éléments sur le sens des recherches qui ont eu lieu sur la question ?
Bien à vous

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Bonjour Yongle,

Aussi bien la civilisation Byzantine que la civilisation Arabe sont influencées par les idées d'Éphrem le Syrien (306-373). Malheureusement, je ne suis pas capables de vous donner le lien de Wikipédia. En fin, la civilisation Byzantine rejetait les idées d'Éphrem le Syrien, alors que la civilisation Arabe les adoptât instantanément. Or, il y a bien une rélation, mais les deux ne se sont pas influencées directement

Notez s'il vous plaît que le premier sunnite à émerger au monde arabe était Hanbal http://fr.wikipedia.org/wiki/Ahmad_Ibn_Hanbal qui ne vécut qu'après la période iconoclaste. À l'époque il n'y avait que les shiites.

En fait, les refus de l'image byzantin et musulman ne sont pas similaires. Pour faire simple (hum...), disons que Byzance est iconoclaste, elle brise les idoles imitant un Dieu qui s'est incarné, à la suite d'exagérations dogmatiques (l'image qui a des pouvoirs surnaturels, le culte des idoles plutôt que de Dieu) : au contraire, l'islam est aniconique : Dieu s'est fait verbe, il n'y a pas de raison de le mettre en images (les images profanes sont tout à fait acceptées en Islam). En fait, l'islam, avant le IXe s., ne se pose presque pas la question de l'image, sauf pour des raisons plutôt politiques que religieuses.
On peut toutefois éventuellement voir dans les deux pratiques une influence judaïque, puisque c'est la Torah qui est le texte condamnant le plus vigoureusement l'image.

G.R.D. King nuance la chose, en mettant en parallèle l'édit iconoclaste de Yazid II et les pratiques byzantine, mais son article date un peu et a été largement remis en cause. (« Islam, iconoclasm and declaration of doctrine », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 1985, 48, 2, p. 267-277).

C'est une question qui a déjà été assez largement abordée dans l'historiographie : voir les ouvrages d'André Grabar, par exemple pour le point de vue d'un byzantiniste.

Désolée, je n'ai pas le temps en ce moment de développer plus avant la chose, mais je suis très intéressée à lire ce que d'autres diront.