Trois nouveautés dans la collection Travaux et Mémoires:
Citer :
26. – M.-H. Congourdeau, L'embryon et son âme dans les sources grecques (VIe siècle av. J.-C.-Ve siècle apr. J.-C.), 2007. Prix : 30 Euros.
Comment l’âme vient-elle à l’embryon?
Ce n’est pas la même chose d’envisager l’embryon comme le réceptacle incident d’une âme tombée des cieux, ou comme un corps s’éveillant à la vie. C’est pourquoi il faut tout d’abord répondre à cette question : quel rapport le corps entretient-il avec son âme ?
Cet ouvrage explore la perception de l’âme dans les deux grands courants entre lesquels se partagent les sources grecques depuis les Présocratiques : les tenants d’une épopée de l’âme tombée du ciel, attelée à un corps et cherchant à regagner le monde des esprits purs, et les irréductibles de l’âme non séparable qui estiment à l’inverse qu’on ne peut penser l’âme indépendamment du corps qu’elle anime.
L’enquête est menée dans différents corpus : philosophes et médecins, textes bibliques et tradition rabbinique, gnoses païennes et chrétiennes, Pères de l’Église et chrétiens marginaux. La troisième partie envisage, dans ces corpus, la rencontre de l’embryon et de son âme, qu’il est convenu d’appeler l’animation de l’embryon : d’où vient l’âme ? Quand s’unit-elle au corps en gestation ? Pour adopter un langage plus moderne : l’embryon est-il un végétal, un animal ou un humain à part
entière ?
L’enquête s’achève à la fin du Ve siècle. Tout est en place. Quelques ouvertures vers les questionnements des VIe et VIIe siècles montrent que c’est bien sur ces fondations antiques que se bâtira la réflexion médiévale (byzantine et occidentale), avec ses retombées juridiques et éthiques. Aujourd’hui encore, bien des problématiques autour de l’embryon rejoignent les interrogations des anciens Grecs, et parfois leurs réponses.
http://www.college-de-france.fr/chaires ... s26TDM.pdfCiter :
27. – M. Détoraki, Le martyre de saint Aréthas et de ses compagnons (BHG 166), avec une trad. de J. Beaucamp, 2007. Prix : 30 Euros.
En 523, la cité de Najrân en Arabie du Sud est le théâtre d’événements sanglants. Le roi des Himyarites Dounaas s’est rendu indépendant de l’Éthiopie. Juif de religion, il persécute les chrétiens de son royaume et massacre ceux de Najrân avec, à leur tête, Aréthas. Peu après, le roi d’Éthiopie Élesbaas organise une expédition punitive, tue Dounaas et rétablit le christianisme dans le pays d’Himyar. Parmi les documents qui font connaître cet épisode si important pour l’histoire religieuse et politique de l’Arabie au vie s., le Martyre grec de saint Aréthas et de ses compagnons occupe une place insigne. Il fait ici pour la première fois l’objet d’une édition critique utilisant la trentaine de manuscrits grecs qui le transmettent, avec une étude sur sa genèse et son histoire, ainsi qu’une traduction en français.
Deux autres volumes, à paraître dans la même collection, seront consacrés, l’un, aux textes syriaques et aux inscriptions sudarabiques en relation avec le massacre de Najrân, l’autre, à une synthèse historique.
http://www.college-de-france.fr/chaires ... s27TDM.pdfCiter :
28. – J.-P. Grélois, Pierre Gilles. Itinéraires byzantins. Introduction, traduction du latin et notes, 2007. Prix : 30 Euros.
Si l’on a pu qualifier Charles Du Fresne, sieur Du Cange [1610-1688] de fondateur des études d’histoire byzantine, il faut reconnaître que, quatre générations plus tôt, Pierre Gilles [1489-1555] en fut le pionnier. Deux ouvrages rédigés en latin et publiés de façon posthume, Du Bosphore de Thrace et De la topographie de Constantinople, ont fait de lui une autorité incontestable pour tous ceux qui s’intéressent aux choses de Byzance. Pendant près d’un demi-millénaire, voyageurs, cosmographes, espions, historiens, archéologues, voire rédacteurs de guide touristique en ont fait leur miel, même si certains n’éprouvèrent pas toujours la nécessité de citer leur source. On a choisi d’en présenter, pour la première fois, une traduction complète en français, précédée de celle de la Lettre à un ami, que Gilles rédigea pour rendre compte de son voyage d’Istanbul à Tabriz et Alep, dans l’escorte du sieur d’Aramon, ambassadeur du roi de France auprès de Soliman le Magnifique.
En tant qu’humaniste, Gilles considère que la vérité doit résider dans les textes transmis depuis l’Antiquité. Mais des travaux antérieurs dans le domaine de l’ichtyologie lui avaient montré que les enquêtes de terrain peuvent aussi apporter des améliorations et des compléments. Sa méthode consiste donc, dans un premier temps, à recueillir dans les sources antiques et médiévales, déjà imprimées ou encore inédites, les informations topographiques nécessaires à son propos. Puis il confronte celles-ci à ses propres observations, reflet des matérialités de son époque. S’il constate une contradiction entre texte et réalité, à lui de la résoudre, quitte à laisser, devant une aporie, l’éventuelle solution à de plus diligents.
Maintenant, au lecteur qui voudra bien mettre ses pas dans ceux de Pierre Gilles, nous rappellerons la formule de son contemporain Rabelais : Croyez le, si voulez ; si ne voulez, allez y veoir. Mais je sçay bien ce que je veidz.
http://www.college-de-france.fr/chaires ... s28TDM.pdf