Effectivement, on ne connaît pas grand-chose de l’articulation précise du Grand Palais qui s’étalait à l’extrémité est de Constantinople. Seules ses limites nord-ouest et ouest sont assez claires : au nord, Sainte-Sophie et la place de l’Augustéon, à l’ouest l’hippodrome dont le tracé est encore visible. Au sud et à l’est la mer, bien sûr, mais il est difficile de savoir quel était l’emprise du Grand Palais sur cet espace si l’on excepte l’indication évidente du Palais/Port du Boukoléon qui devait donc, au sud, donner au Grand Palais une façade sur la mer.
Du reste, comme le laisse penser l’énumération des différents ensembles construits par les empereurs au cours du temps ou l’évocation par Villehardouin, en 1204, en tant que palais indépendant de ce même Boukoléon, le Grand Palais était un vaste espace ou s’ouvrait des jardins, des cours et des bâtiments quasi indépendants les uns des autres plus qu’un espace unifié. Il devait se présenter sur le modèle d’ensembles épars que l’on voit à la Villa Hadriana à Tivoli ou dans les grands complexes palatiaux du monde musulman (Medinat al-Zahra près de Cordoue ; Naqsh-e Jahân d’Isfahan ; Shâhjahânâbâd de Delhi ou, justement à Istanbul, Topkapi Saray), plus que sur un modèle plus unifié comme le Palatin des Césars ou, plus tard, un Chambord ou un Versailles.
Les seuls vestiges actuels du Grand Palais – des salles au sol de mosaïques – faisaient sans doute partie d’un ensemble prenant place entre Sainte-Sophie, l’entrée du Grand Palais (La Chalké) et la salle du Sénat ou la salle d’Audience (la distinction n’est pas claire) de la Magnaure. La façade du Boukoléon est aussi encore visible, au sud, et donne une idée des limites anciennes.
Les représentations du Grand Palais (et de Constantinople en général) datent seulement de la période ottomane (à l’exception du croquis de Buondelmonti de 1422, mais qui ne nous est parvenu que sous forme de copie et qui est seulement… un croquis). Les monuments byzantins étaient, à ce moment-là, largement ruinés par les désordres et l’affaissement économique des deux derniers siècles byzantins et peu à peu effacés par les constructions ottomanes. L’apparence de la ville byzantine est donc très incertaine.
Une des meilleures références pour la topographie de la ville (avec quelques brèves mentions au Grand Palais) reste
Le développement urbain de Constantinople – IVe-VIIe siècles, de Cyril Mango, 1990. L’ouvrage ne prend évidemment pas en compte les dernières découvertes (comme le port d’Eleutherios/Théodose) faites au cours de la mise en place du projet Marmaray commencé en 2004.
Pour le plaisir des yeux et de l’imagination, on se référera au site
http://www.byzantium1200.com/ qui a fait paraître un ouvrage sur le secteur du Grand Palais (voir ici :
http://www.arkeo3d.com/byzantium1200/book.html), hélas, introuvable en France (comme en Grande-Bretagne et aux États-Unis d’ailleurs).
Bonne chasse !