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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 09 Jan 2010 0:29 
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Thucydide
Thucydide

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Le film est en salles depuis mercredi (on en parle dans la partie L'Histoire à l'écran) :)


Une question qui me taraude (sans doute naïve): à partir de quelles sources a-t'on pu reconstituer la vie de cette femme ? Sachant que ses assassins ont écrit l'histoire et qu'ils ont détruit pas mal de sources justement...


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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 09 Jan 2010 0:56 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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A ma connaissance, seules 4 sources de qualité variable s'étendent sur le sujet ; par ordre chronologique :
- les lettres de Synésios, son disciple et ami, preuve que tous les cathos n'étaient pas fanatiques et hostiles. Les lettres 24, 52, 63, 154, 156-157 lui sont destinées, et il parle aussi de ses liens avec elle dans la lettre 13 qu'il adresse à son frère. Une correspondance assez touchante, connaissant l'épilogue tragique que Synésios ne semble avoir pas connu.
- Socrate, Histoire de l'Eglise, VII.13-15 (pour les évènements alexandrins; le §15 est consacré au sort d'Hypatia. Lui aussi est un contemporain, chrétien, qui déplore sa perte et lui rend hommage.
- la notice de la Souda à l'article homonyme, XIIe, inspiré de la Vie d'Isidore de Damascios, première moitié du VIe.
- Jean de Nikiou, Chronique, 84. Du VIIe, copte, extrêmement hostile, elle est accusée de tous les maux, entre autre sorcellerie et tout le tsoin-tsoin, l'héritier spirituel des lyncheurs en somme.

On peut ajouter une brève mention par Photius d'Hypatia, comparée (à ses dépends) à Damascios en tant que philosophe dans sa notice 242 résumant... la Vie d'Isidore de Damascios.
Enfin une épigramme élogieuse de Paladas, contemporain et compatriote d'Hypatia (Anthologie Pallatine, IX.400).

Au final pas grand chose (8-10 le tout mis bout-à-bout, essentiellement Synésios), largement de quoi laisser des marges de manœuvre à l'interprétation artistique.

Si tu ne les trouves pas tous, je peux les coller, y a qu'à demander.
Si quelqu'un trouve autre chose, je suis tout ouïe.

Pour le plaisir :
Jean, Evèque de Nikiou, Chronique 84 :
En ces temps là il y avait à Alexandrie une femme païenne, philosophe, nommée Hypathie, constamment occupée de magie, d’astrologie et de musique, séduisant beaucoup de gens par les artifices de Satan. Le préfet de la province l’honorait particulièrement, car elle l’avait séduit par son art magique : il cessait de fréquenter l’église, comme il en avait l’habitude ; il y venait à peine une fois par hasard. Et non seulement, il agissait ainsi en ce qui le concernait personnellement, mais il attirait auprès d’Hypathie beaucoup de fidèles et lui-même faisait bon accueil aux mécréants. Or, un certain jour, alors que, sur l’ordre d’Oreste, le préfet, qui suivait la coutume des juifs habitant Alexandrie, l’on donnait un spectacle, et que tous les habitants de la ville étaient rassemblés au théâtre, Cyrille, qui avait succédé comme patriarche à Théophile, cherchait à être exactement renseigné à ce sujet. Un chrétien, nommé Hiérax, homme instruit et capable, qui avait l’habitude de railler les païens, qui était dévoué au vénérable patriarche et recevait ses avis, et qui était versé dans la science de la religion chrétienne, ayant été aperçu au théâtre par les juifs, ceux-ci s’écrièrent : « Cet homme ne vient pas ici dans une bonne intention, mais pour apporter du trouble ! » Oreste, le préfet, qui haïssait les enfants de la sainte Eglise, fit saisir Hiérax et le fit battre publiquement au théâtre, quoique cet homme n’eut commis aucun crime. Cyrille fut très irrité contre le préfet non seulement à cause de fait, mais aussi parce qu’il avait fait mettre à mort un vénérable moine du couvent de Pernodj , nommé Ammonios, et d’autres moines. Le gouverneur de la province , ayant été informé de cet évènement, fit dire aux juifs : « Cessez vos hostilités contre l’Eglise ». Mais les juifs, qui se prévalaient de l’appui de cet autre magistrat qui était d’accord avec eux, ne tinrent aucun compte de cet avertissement ; puis, accumulant crime sur crime, ils complotèrent un massacre au moyen d’un guet-apens. Ils prirent avec eux des hommes et les postèrent pendant la nuit, dans toutes les rues de la ville, tandis que certains d’entre eux criaient : « L’Eglise de Saint Athanase l’apostolique est en feu ! Chrétiens, au secours ! » Les chrétiens ne se doutant point du piège, sortirent à leur appel, et aussitôt les juifs tombèrent sur eux, les massacrèrent et firent un grand nombre de victimes. Au matin, les autres chrétiens, en apprenant le crime commis par les juifs, se rendirent auprès du patriarche, et tous les fidèles réunis se portèrent, pleins de colère, vers les synagogues des juifs, s’en emparèrent, les sanctifièrent et les transformèrent en églises, l’une desquelles reçut le vocable de Saint Georges. Quant aux assassins juifs, ils les chassèrent de la ville, pillèrent leurs propriétés et les firent partir dans le plus grand dénuement, sans que le préfet Oreste pût les protéger. Ensuite la foule des fidèles du Seigneur, sous la conduite de Pierre le magistrat, qui était un parfait serviteur de Jésus-Christ, se mit à la recherche de cette femme païenne qui, par ses artifices de magie, avait séduit les gens de la ville et le préfet. Ayant découvert l’endroit où elle se trouvait, les fidèles, en y arrivant, la trouvèrent assise en chaire. Ils l’en firent descendre et la traînèrent à la grande église, nommée Caesaria . Cela se passait pendant le carême. Puis, l’ayant dépouillée de ses vêtements, ils la firent sortir, la traînèrent dans les rues de la ville jusqu’à ce qu’elle mourût et la portèrent à un lieu appelé Cinaron, où ils brûlèrent son corps. Tout le peuple entourait le patriarche Cyrille et le nommait nouveau Théophile, parce qu’il avait délivré la ville des derniers restes de l’idolâtrie.


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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 09 Jan 2010 13:36 
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Thucydide
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Thersite a écrit :
[...]

Si tu ne les trouves pas tous, je peux les coller, y a qu'à demander.
Si quelqu'un trouve autre chose, je suis tout ouïe.[...]



Ce site reproduit en français les lettres de Synésius. Pour le moment, j'ai juste lu celles qui sont destinées à Hypatia, les 156 et 157 étant particulièrement émouvantes !

En revanche j'ai eu des problèmes de recherche concernant les autres sources que tu cites, j'ai essayé en anglais, je suis tombé sur quelques sites en allemand, ce qui dépasse de loin mes compétences !

Si tu peux les coller, je suis preneur.


Je te remercie pour ta réponse dont la célérité m'impressionne et dont le contenu m'enchante !


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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 09 Jan 2010 13:46 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Je me suis posé la même question que toi il y a quelques jours, tout simplement. :wink:

Socrate, Histoire de l’Eglise, VII.15 :
Il y avait dans Alexandrie une femme nommée Hypatie, fille du Philosophe Théon, qui avait fait un si grand progrès dans les sciences qu'elle surpassait tous les Philosophes de son temps, et enseignait dans l'école de Platon et de Plotin, un nombre presque infini de personnes, qui accouraient en foule pour l'écouter. La réputation que sa capacité lui avait acquise, lui donnait la liberté de paraître souvent devant les Juges, ce qu'elle faisait toujours, sans perdre la pudeur, ni la modestie, qui lui attiraient le respect de tout le monde. Sa vertu, toute élevée qu'elle était, ne se trouva pas au dessus de l'envie. Mais parce qu'elle avait amitié particulière avec Oreste, elle fut accusée d'empêcher qu'il ne se réconciliât avec Cyrille. Quelques personnes transportées d'un zèle trop ardent, qui avaient pour chef un Lecteur nommé Pierre, l'attendirent un jour dans les rues, et l'ayant tirée de sa chaise, la menèrent à l'Eglise nommée Césaréon, la dépouillent, et la tuèrent à coups de pots cassés. Après cela ils hachèrent son corps en pièces, et les brûlèrent dans un lieu appelé Cinaron. Une exécution aussi inhumaine que celle-là couvrit d'infamie non seulement Cyrille, mais toute l'Eglise d'Alexandrie, étant certain qu'il n'y a rien si éloigné de l'esprit du Christianisme que le meurtre et les combats. Cela arriva au mois de Mars durant le Carême, en la quatrième année du Pontificat de Cyrille, sous le dixième Consulat d'Honorius, et le sixième de Théodose.
Pour le contexte, l'intégrale de l'oeuvre est numérisé chez Remacle, s'y reporter.

La Souda est disponible en ligne avec des traductions anglaises, selon un principe proche de Wiki.
Hypatia : The daughter of Theon the geometer, the Alexandrian philosopher, she was herself a philosopher and well-known to many. [She was] the wife of Isidore the philosopher. She flourished in the reign of Arcadius. She wrote a commentary on Diophantos, the Astronomical Canon, and a commentary on the Conics of Apollonios. She was torn to pieces by the Alexandrians, and her body was violated and scattered over the whole city. She suffered this because of envy and her exceptional wisdom, especially in regard to astronomy. According to some, [this was the fault of] Cyril, but according to others, [it resulted] from the inveterate insolence and rebelliousness of the Alexandrians. For they did this also to many of their own bishops – consider George and Proterios.
Concerning Hypatia the philosopher, proof that the Alexandrians [were] rebellious. She was born and raised and educated in Alexandria. Having a nobler nature than her father’s, she was not satisfied with his mathematical instruction, but she also embraced the rest of philosophy with diligence. Putting on the philosopher’s cloak although a woman and advancing through the middle of the city, she explained publicly to those who wished to hear either Plato or Aristotle or any other of the philosophers. In addition to her teaching, attaining the height of practical virtue, becoming just and prudent, she remained a virgin. She was so very beautiful and attractive that one of those who attended her lectures fell in love with her. He was not able to contain his desire, but he informed her of his condition. Ignorant reports say that Hypatia relieved him of his disease by music; but truth proclaims that music failed to have any effect. She brought some of her female rags and threw them before him, showing him the signs of her unclean origin, and said, “You love this, O youth, and there is nothing beautiful about it.” His soul was turned away by shame and surprise at the unpleasant sight, and he was brought to his right mind. Such was Hypatia, both skillful and eloquent in words and prudent and civil in deeds. The rest of the city loved and honored her exceptionally, and those who were appointed at each time as rulers of the city at first attended her lectures, as also it used to happen at Athens. For if the reality had perished, yet the name of philosophy still seemed magnificent and admirable to those who held the highest offices in the community. So then once it happened that Cyril who was bishop of the opposing faction, passing by the house of Hypatia, saw that there was a great pushing and shoving against the doors, "of men and horses together," some approaching, some departing, and some standing by. When he asked what crowd this was and what the tumult at the house was, he heard from those who followed that the philosopher Hypatia was now speaking and that it was her house. When he learned this, his soul was bitten with envy, so that he immediately plotted her death, a most unholy of all deaths. For as she came out as usual many close-packed ferocious men, truly despicable, fearing neither the eye of the gods nor the vengeance of men, killed the philosopher, inflicting this very great pollution and shame on their homeland. And the emperor would have been angry at this, if Aidesios had not been bribed. He remitted the penalty for the murders, but drew this on himself and his family, and his offspring paid the price.
The memory of these [events] still preserved among the Alexandrians considerably reduced the honor and zeal of the Alexandrians for Isidore: and although such a threat was impending, nevertheless each strove to keep company with him frequently and to hear the words which came from his wise mouth. As many as excelled in rhetorical or poetic pursuits also welcomed regular association with the philosopher. For even if he was ill-trained in such matters, yet through his philosophical acumen he contributed to these men some greater diligence in their own skills. For he discussed everything with precision and he criticized more judiciously than others the speeches and poems presented. Therefore also in the performance of some literary show he praised sparingly what was presented. His praise was very modest, nevertheless timely and appropriate. Hence all the audience, so to speak, used his judgment as a guide for who spoke better or worse. I know three critics of my time who are able to judge what is said [both with] and without meter. The same man’s judgment is recognized for both poems and prose compositions. But I judge the same man to be a creator of both only if equal practice is devoted to both and equal eagerness. I do not say that Isidore was one of these, but was even far inferior to the three. The judges [were] Agapios, Severianus, Nomos. Nomos [is] a contemporary of ours.


Anthologie Palatine, IX, Epigrammes descriptives, 400 :
PALLADAS. Lorsque je te vois, que je t'entends, je m'incline comme en présence du signe de la vierge Astrée ; car toutes tes pensées, toute ta vie ont quelque chose de céleste, auguste Hypathie, gloire de l'éloquence, astre pur de la sagesse et du savoir.


Photius très bref ne mérite pas d'être cité, mais tu le trouveras lui aussi sur le site de Remacle.


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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 09 Jan 2010 17:11 
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Polybe
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Je n'ai pas vu le film, j'ai un peu peur de revoir à nouveau des faits réels, un assassinat du fait d'une foule de chrétiens , soient détournés comme c'est l'usage pour accabler les Eglises contemporaines , avec une fable un peu mièvre sur la tolérance qu'on va nous resservir réchauffée...

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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 09 Jan 2010 18:22 
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Pierre de L'Estoile
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Un sujet est consacré au film: Hypatia, dans la section "Histoire à l'écran", comme il se doit. Mieux vaut s'y reporter pour commenter la vision holiwoodienne, et se concentrer ici sur le personnage historique. Les deux sujets étant bien sûrs complémentaires. :wink:


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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 10 Jan 2010 16:05 
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Polybe
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merci pour le lien Thersite !

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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 10 Jan 2010 18:45 
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Plutarque
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Je réponds ici à Raphaelus qui a évoqué à travers le film Agora l'oeuvre d'Hypatie
Raphaelus a écrit :
Hypatie ne peut se résoudre à placer comme base de tout mouvement de planète une figure imparfaite comme
l'ellipse.


Les textes rapportent qu'Hypathie étaient très savante en mathématiques et philosophie (sans autre précision) et rapportent qu'elle écrivit un commentaire sur Appollonius de Perge (-200), qui fut mathématicien et étudia les coniques (Ellipse, parabole, Hyperbole), un autre commentaire sur Diophante (+/-100) qui était aussi mathématicien et écrivit un ouvrage sur l'arithmétique. Les mêmes textes lui attribuent des tables astronomiques (tables numériques permettant de situer facilement dans le ciel les corps célestes).
Tous ces ouvrages sont perdus et on ne sait même pas sur quoi portaient les commentaires. A moins qu'il ne faille attribuer à Hypathie une partie de la paternité des Tables manuelles attribuées à son père Théon d'Alexandrie et que nous conservons.
Le fait qu'Hypatie ait étudié la pertinence de remplacer les cercles, sur lesquels on croyait que se mouvaient les planètes, par des ellipses est une légende tardive.
Sources, Montucla, Histoire des Mathématiques, T.1
Théon d'Alexandrie, Tables Manuelles, traduite par l'abbé Halma

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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 17 Jan 2010 17:27 
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Hérodote
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L'arbre de minerve a écrit :
Toute la thèse de Dzielska est une tentative de dédouaner Cyrille d'Alexandrie, sanctifié par les Eglises catholique et orthodoxes.


Êtes-vous au jus du vibrant hommage rendu récemment par Benoit XVI à Cyrille d'Alexandrie ?
Un éloge panégyrique :

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20071003_fr.html


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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 20 Jan 2010 19:49 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Pour ceux qui souhaitent approfondir le thème plus général de l'intolérance grandissante à la fin de l'Antiquité, dans lequel s'insère la mort d'Hypatia, vient de paraître dans les Belles Lettres :
Image

Présentation de l'éditeur:
La montée de l'intolérance, entre le IIIe et le VIe siècle dans l'Empire romain n'est pas un phénomène surprenant. Une série de développements interdépendants, qui s’inscrivent dans la longue durée, en sont à l’origine. Le présent ouvrage intègre et analyse dans un schéma narratif les thématiques du prosélytisme et de la persécution ; de la centralisation du pouvoir séculaire et de son alliance de plus en plus intime avec le domaine religieux ; de l’orthodoxie doctrinale et de l’hérésie ; de la polémique interne et externe des communautés scripturaires ; de la censure subtile ou brutale et, finalement, de « la nouvelle histoire », c'est-à-dire de la réécriture de l’histoire universelle en termes religieux. Imbriqués les uns dans les autres, ces développements ont une relation sinon causale, au moins dialectique, avec la présence, d’abord incidente, puis endémique, de l’intolérance (avec son corollaire plus concret de la violence) dans l’Empire romain.
Tous ces phénomènes, déclenchés dans une société pluraliste par l'arrivée d’un nombre toujours croissant d’hommes et de femmes revendiquant le monopole de la vérité théologique et résolus à répandre cette vérité par une démarche missionnaire, sont fortement corrélés et se trouvent à la base d’un nouveau modèle sociétal – celui de la communauté religieuse. Dans le vase clos qu’on a pris depuis peu l’habitude de nommer l’« Antiquité tardive », s’effectue le passage d’une société organisée à la mesure de l’Homme à une autre bâtie pour la plus grande gloire de Dieu.


192 p., 25 €


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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 22 Jan 2010 23:34 
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Thucydide
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Sherlock Holmes a écrit :
L'arbre de minerve a écrit :
Toute la thèse de Dzielska est une tentative de dédouaner Cyrille d'Alexandrie, sanctifié par les Eglises catholique et orthodoxes.


Êtes-vous au jus du vibrant hommage rendu récemment par Benoit XVI à Cyrille d'Alexandrie ?
Un éloge panégyrique :

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20071003_fr.html


Eh bien non, je ne le savais pas.
Bizarre, Benoit XVI ne parle ni de la responsabilité morale de Cyrille dans la mort d'Hypatia ni de son antisémitisme !!!


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 Sujet du message : Re: Hypatia
Message Publié : 24 Jan 2010 13:54 
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Salluste
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Thersite a écrit :
Pour ceux qui souhaitent approfondir le thème plus général de l'intolérance grandissante à la fin de l'Antiquité, dans lequel s'insère la mort d'Hypatia, vient de paraître dans les Belles Lettres :

Présentation de l'éditeur:
La montée de l'intolérance, entre le IIIe et le VIe siècle dans l'Empire romain n'est pas un phénomène surprenant. Une série de développements interdépendants, qui s’inscrivent dans la longue durée, en sont à l’origine. Le présent ouvrage intègre et analyse dans un schéma narratif les thématiques du prosélytisme et de la persécution ; de la centralisation du pouvoir séculaire et de son alliance de plus en plus intime avec le domaine religieux ; de l’orthodoxie doctrinale et de l’hérésie ; de la polémique interne et externe des communautés scripturaires ; de la censure subtile ou brutale et, finalement, de « la nouvelle histoire », c'est-à-dire de la réécriture de l’histoire universelle en termes religieux. Imbriqués les uns dans les autres, ces développements ont une relation sinon causale, au moins dialectique, avec la présence, d’abord incidente, puis endémique, de l’intolérance (avec son corollaire plus concret de la violence) dans l’Empire romain.
Tous ces phénomènes, déclenchés dans une société pluraliste par l'arrivée d’un nombre toujours croissant d’hommes et de femmes revendiquant le monopole de la vérité théologique et résolus à répandre cette vérité par une démarche missionnaire, sont fortement corrélés et se trouvent à la base d’un nouveau modèle sociétal – celui de la communauté religieuse. Dans le vase clos qu’on a pris depuis peu l’habitude de nommer l’« Antiquité tardive », s’effectue le passage d’une société organisée à la mesure de l’Homme à une autre bâtie pour la plus grande gloire de Dieu.


192 p., 25 €


D'un autre côté ce qui est frappant aussi c'est la passion qui saisit les esprits sur les questions métaphysiques à la fin de l'empire romain puis à Byzance (pensons à l'iconoclasme un peu plus tard): nul n'imagine les Athéniens se battrant pour ou contre les doctrines de Platon ou d'Aristote... :wink:

Le meilleur moyen d'éviter l'intolérance ne serait-ce pas finalement de renoncer aux recherches intellectuelles, sources inévitables de conflits et donc de désordres - ou de les cantoner à de vieux messieurs coupés du monde réel? le secret de la révolution industrielle dans les pays protestants n'est il pas d'avoir abandonné à quelques universitaires (et quelques veuves) les débats d'idées et d'avoir consacré l'essentiel des énergies de la quasi-totalité de la population à l'accumulation des biens matériels ? occupations pacifiques et qui profitent finalement à tous ! :P


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