Bonjour,
Beogora, byzantologue passionné, si je dis une bêtise, n'hésitez pas à me le faire remarquer,
bien, maintenant, replaçons quelques faits, que j'ai pu lire :
- Romain = byzantin
- Latin = occidental du sud (Italiens, Provençaux ou Espagnols)
- Franc = occidental du nord (Français, Anglais, Allemands ou Normands) ou plus généralement croisé pour les Musulmans.
- Grec = byzantin (péjoratif, donné par les Latins et les Francs)
Rome a fait certes une politique d'assimilation des cultures qu'elle avait conquises, et ne vous inquiétez pas, Constantinople a fait de même plus tard... Le latin était certes la langue officielle, mais comme dans les Empires coloniaux du XXe siècle, c'était la langue des élites locales qui souhaitaient s'intégrer au système ! Ainsi, le grec avait une certaine et grande prépondérance en Orient, du Danube à l'Égypte, en passant par le Proche Orient... Pourquoi ? Aire d'influence helléniste, héritée de l'Empire d'Alexandre (que certains disent "incohérent", mais je ne suis pas d'accord) !
Au Moyen-Âge, le latin est encore la langue officielle, mais aussi celle des érudits, et donc, là encore, celle des élites, mais il faut mettre cependant un petit point d'interrogation... Durant le Bas-empire, on a vu, le latin devenir de plus en plus populaire, celui-ci ne se retrouve pas dans les œuvres littéraires (il ne faut pas croire qu'elles ne sont pas prépondérantes à cette époque de trouble, bien au contraire), il est parlé par la Plèbe, non seulement en Italie, mais aussi en Gaule, cela va débouché aux langues dites "latines" (français, italien, espagnol), avec des ajouts culturels barbares pour généralisés !
En Orient, l'Empire romain d'Orient est encore très stable, mais là aussi, bien que le latin est langue officiel, celle de son peuple est grecque.
Certains ont dit que le grec n'était pas aussi prépondérant en Orient (du fait des langues qui en découlent aujourd'hui), par rapport au latin... Et bien détrompez-vous ! Les services impériaux byzantins ont toujours été en lutte incessante avec les peuples qui les entouraient, pour eux, la guerre était un échec, même si elle se soldait pas une victoire... Il misait sur la diplomatie plutôt que la guerre, mais un territoire isolé, riche et divisé attire toujours les convoitises, mais là n'est pas la question... Je disais donc qu'il misait sur la diplomatie, c'est-à-dire qu'ils faisaient en sorte de faire guerroyer pour eux, de diviser (pour mieux régner^^), et l'une de ses diplomaties fut la conversion des peuplades slaves qui menaçaient souvent le (/la) front(ière) septentrional(e) de l'Empire. De par cette conversion, est né la langue cyrillique (de Cyril, l'envoyé byzantin), un avatar de la langue grecque. Plus tard, avec la chute de l'Empire byzantin, et l'avènement de celui des Ottomans (antique ou moderne), ces derniers vont faire une certaine propagande, qui se retrouvera au XXe siècle, avec l'obligation des Grecs résidents sur les territoires turcs de se convertir à l'Islam, et de prendre la nationalité turque, vous comprenez bien que l'aire d'influence grecque (pour ne pas dire hellénique) s'en est vu considérablement réduite (Grèce, Chypre, et ses frontières) !
De même, la perte de l'Égypte, des "terres saintes", et de l'Arménie par les Byzantins, au profit des Arabes ou des Turcs, avait fait considérablement reculer la culture hellénique !
Dans le même temps, certes l'Empire byzantin était considérablement affaibli par les invasions de toute sorte (pour ne citer que les plus connues : Arabes, Bulgares, Sassanides, Seldjoukids ou Serbes), il n'en était pas moins le plus puissant du monde connu (ou du monde tout court), son armée était moderne et n'avait d'égale !!! Cependant, la bataille de Manzikert (pour ceux qui ne connaissent pas : 1071, défaite face aux Seldjoukids) est le début de la fin, elle a un impact aussi bien physique (sur l'Empire), mais aussi moral (sur le monde chrétien) [un peu comme la défaite des Russes face aux Japonais à Port-Arthur en 1905] ! L'un des premiers appels à l'aide de l'Empire vers ses "frères" chrétiens ! L'appel à la première croisade... qui je vous le précise, sera l'une des conséquences de la naissance du fanatisme, de l'obscurantisme, et du djihad chez les Musulmans, du fait des atrocités perpétrées par les croisés au nom de Dieu (Précision : avant cette époque, seuls les Byzantins menaient des guerres dites "saintes" contre les mécréants : païens et musulmans, mais elles n'avaient jamais eu un tel impact que les Croisades) !
1204 : 4e croisade dirigée par les Vénitiens vers Constantinople, deuxième coup de grâce à cet Empire chancelant depuis Manzikert, elle fut excommuniée, mais cela n'empêcha pas les Vénitiens et les Francs de s'installer près d'un demi-siècle dans l'Empire... et encore mieux, de voir le Pape prêcher une nouvelle croisade après que les Byzantins aient repris Constantinople en 1261... Un syndrome, peut-être pas, une blessure dans le cœur des chrétiens d'Orient, certainement !
Après il est normal que le Grand Drograire Loukas Notaras (aurait) dit : "Mieux vaut le turban du Sultan que le chapeau du cardinal", durant le siège de Constantinople en 1453 (relevé par Leonardo di Chio, cardinal, envoyé par Rome auprès du Basileus). Mais cela est un attitude profondément populaire de la part des Byzantins, qui reconnaissent plus en les Musulmans, leurs ennemis héréditaires, d'honneur, que en leurs "frères". Il faut savoir aussi que Constantinople a été longtemps disputé entre les Génois et les Vénitiens, puis vendu aux Turcs mine de rien !!!
Bon, je ne vous cache pas que les atrocités faites après la prise de Constantinople n'ont pas été... euh, je ne préfère pas dire le fond de ma pensée
Voilà pour mon exposé,
si vous avez des questions, vous souhaitez critiquer, ou appuyez mes dires par des ajouts ou des commentaires, n'hésitez pas, je suis ouvert au débat
PS :
@ Roch donzella : les Byzantins se sont courageusement défendus durant les 2 mois de siège, à 1 contre 20, ils n'auraient souhaité autre chose que de rester indépendant ! Cependant, j'ai répondu à votre question plus haut, je tiens aussi à préciser que Loukas Notaras n'était point un chroniqueur, mais un militaire ("amiral en chef de la flotte impériale) !
@ dimitry de Rochefort : les Russes sont en effet les héritiers des Basileus, et les héritiers légitimes !!! L'un de ces héritages fut l'emblème des Paléologues (derniers empereurs de Constantinople) que l'une des filles de Constantin XI Dragasès amena en dote pour le Prince de Moscou (ou de Kiev, je ne sais plus) : l'aigle bicéphale couronné. Ce dernier se retrouve même encore dans les armoiries russes (si vous regardez l'actualité sur le récent conflit Russie-Géorgie, regardez la tribune d'où parle les représentants russes, vous l'apercevrez... bien qu'il ait été modifié par Ivan III en y rajoutant le blason de Moscou, le cavalier de St-Georges) !