diadok a écrit :
les "perses et byzantins exangues" c est extrèmement réducteur pour pas dire tout faux. préjugé largement répandu auquel je croyais aussi, puisqu on nous le sert sur un plateau.
pour les byzantins, j ai lu aussi qu ils etaient percus comme de véritables oppresseurs par les populations à cette époque, et que les arabes furent acceuilli comme des libérateurs, en syrie et autres. pour les questions religieuses, fiscales, je sais pas trop.
Autant je suis d'accord pour nuancer, autant il ne faut pas tomber dans l'excès inverse. Certes, les Romains d'Orient et les Sassanides auraient pu mieux résister aux Arabes (les Perses les ont d'ailleurs écrasés en 634), certes, les causes autres que militaires sont prépondérantes (religion, fiscalité). Mais dans quel état est l'empire romain d'Orient qui au début des anées 620 doit payer ses mercenaires en fondant le trésor de l'Eglise, qui a vu son territoire ravagé par les Avars et les Perses pendant 26 à 28 années pendant lesquelles les impots ne sont pas rentrés, qui a difficilement repris possession des territoires restés occupés parfois 20 ans par les Perses (et la pression fiscale en conséquence sur ces populations)? Tout cela ce sont des conséquences directes de la guerre.
De plus l'apathie romaine est réelle : après le Yarmouk, on ne tente plus rien : les villes de Syrie pourtant bien fortifiées se rendent car savent, qu'aucun renfort n'arrivera, le général Amr envahit quasiment toute l'Egypte avec une troupe de reconnaissance, sans rencontrer de véritable résistance avant Alexandrie!
Côté perse cela n'est guère mieux, d'une part ils sont défaits et ramenés à leurs frontières de 590, d'autre part, et c'est là le plus important, l'autorité royale a pris un sacré coup dans l'aile! Depuis les réformes militaires de Chosroès Ier, les grands du royaume, jusqu'alors complétement muselés par le pouvoir central, ont repris de l'autonomie. 1ere conséquence : des usurpations, comme celle du général Vahram Tschoubin contre Hormizd IV en 589. Ce phénomène sera catalysé par les effets de la guerre. Dèjà, à la fin du règne de Chosroès Ie, après la défaite de Mélitène, ses généraux montrent un certain agitement, celà sera bien pire lors des revers sassanides de la décennie 620. Vers la fin du conflit, la plus grande armée perse est neutralisée en Syrie-Palestine par un Shahrvaraz qui abandonne son souverain (précipitant par là sa chute), et, les défaites se succèdant en Mésopotamie, les nobles déposent Chosroès II avant de l'assassiner.
D'où un affaiblissement définitif du pouvoir central. Conséquence : pendant l'invasion arabe, les potentats locaux abandonnent très rapidement la cause du dernier roi sassanide pour épouser sans trop resister celle de l'envahisseur, ce qui facilita grandement la conquête arabe.
On le voit, aux défaites militaires sur le terrain d'une armée sassanide emoussée bien que nombreuse (le nombre de 100 000 hommes est d'ailleurs trompeur car l'infanterie dans sa grande majorité compte pour du beurre), s'ajoute un rapide effondrement du pouvoir central représenté par le Roi des rois, conséquence directe de l'affaiblissement de sa fonction pendant la guerre et l'anarchie ayant suivi.