Je partage cet article de Roger Chartier, accessible sur
Persée, dont la lecture est très intéressante :
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-26 ... 4_6_283667Il y évoque cette « concurrence » entre histoire et sciences sociales – ou du moins, la nécessité de son renouvellement dans les objets dont elle se saisit. En somme, l'histoire s'est progressivement emparée des objets proposés par les autres sciences sociales que sont la linguistique, la sociologie, l'ethnologie, etc. - à savoir, des phénomènes plus particuliers, s'éloignant d'une forme d'histoire « globale » des sociétés.
Voici un extrait :
Citer :
La réponse des historiens été double. Ils ont mis en œuvre une stratégie de captation en se portant sur les fronts ouverts par autres. De là, l'apparition de nouveaux objets dans leur questionnaire : les attitudes devant la vie et la mort, les rituels et les croyances, les structures de parenté, les formes de sociabilité, les fonctionnements scolaires, etc. - ce qui était constituer les nouveaux territoires de historien par annexion des territoires des autres (ethnologues, sociologues, démographes). De là, corollairement, le retour massif à l'une des inspirations fondatrices des premières Annales, celles des années trente : l'étude des outillages mentaux que la domination de histoire des sociétés avait quelque peu reléguée au second plan. Sous le terme histoire des mentalités ou, parfois, de psychologie historique était délimité un domaine de recherche, distinct tant de la vieille histoire des idées que de celle des conjonctures et des structures. Sur ces objets neufs (ou retrouvés) pouvaient être mis à l'épreuve des modes de traitement inédits, empruntés aux disciplines voisines : ainsi les techniques de l'analyse linguistique et sémantique, les outils statistiques de la sociologie ou certains modèles de l'anthropologie.
Une "hiérarchie" est donc d'autant plus difficile à faire, sachant que les frontières entre les sciences humaines et sociales sont devenues poreuses.