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 Sujet du message : Hegel
Message Publié : 08 Oct 2006 17:52 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 09 Avr 2006 16:15
Message(s) : 8
Bonjour à tous, amis historiens!!!
L'année vient de recommencée et déja du travail sur la planche!!!
J'aurai besoin d'aide sur un texte de Hegel tiré de son livre: la raison dans l'histoire, introduction à la philosophie de l'histoire
J'ai un extrait qui parle de l'histoire originale, l'histoire réfléchie (dont histoire pragmatique,histoire critique et histoire spéciale), l'histoire philosophique. J'ai un peu de mal à comprendre et surtout à élaborer un plan. J'ai pensé à faire une première partie sur les différentes formes d'histoire et une seconde sur les avantages et les inconvénients de celles-ci mais ce plan n'est pas trés bien proportionné. Quelqu'un peut-il me donner des conseils ou des idées?
Merci d'avance. Je suis en L3.


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Message Publié : 09 Oct 2006 14:35 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 23 Sep 2006 11:32
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Vous pouvez copier ici l'extrait en question ?


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 Sujet du message : voila le texte à étudier:
Message Publié : 09 Oct 2006 18:42 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 09 Avr 2006 16:15
Message(s) : 8
En ce qui concerne l'histoire originale, on peut en donner une image précise en citant quelques noms : Hérodote, Thucydide, etc. Il s'agit d'historiens qui ont surtout décrit les actions, les événements et les situations qu'ils ont vécus, qui ont été personnellement attentifs à leur esprit, qui ont fait passer dans le royaume de la représentation spirituelle ce qui était événement externe et fait brut.(...)
Ces historiens originaux transforment donc les événements, les actes et les situations de l'actualité en une œuvre de représentation destinée à la représentation. Il en résulte que
a) le contenu de ces histoires est nécessairement limité : leur matière essentielle est ce qui est vivant dans la propre expérience de l'historien et dans les intérêts actuels des hommes, ce qui est vivant et actuel dans leur milieu. (…)
b) Un autre trait caractéristique de ces histoires, c'est l'unité d'esprit, la communauté de culture qui existe entre l'écrivain et les actions qu'il raconte, les événements dont il fait son œuvre. (…)
Nous pouvons appeler réfléchissante la deuxième manière d'écrire l'histoire. Il s'agit d'une forme d'histoire qui transcende l'actualité dans laquelle vit l'historien et qui traite le passé le plus reculé comme actuel en esprit. Cette espèce est la plus variée et elle englobe tous ceux que nous considérons d'habitude comme des historiens. Ce qui compte ici, c'est l'élaboration des matériaux historiques et ce travail d'élaboration se fait dans un esprit qui diffère de l'esprit du contenu. D'où l'importance décisive que revêt le choix des principes dans la méthode d'interprétation et d'exposition des faits historiques. (...)
a) On réclame en général une vue d'ensemble de toute l'histoire d'un peuple, d'un pays, voire de l'humanité tout entière. Les livres de ce genre sont nécessairement des compilations basées sur les historiens originaux du passé, les récits existants et quelques informations particulières. Ces œuvres n'ont plus le caractère du témoignage; leur source n'est ni l'intuition ni le langage de l'intuition . cette première forme d'histoire réfléchissante fait suite à la précédente dans la mesure où elle ne se propose que de présenter la totalité de l'histoire du monde entier. La question décisive consiste à savoir si l'histoire doit ou non entrer dans le détail. (...)
Cette première forme d'histoire réfléchie nous conduit à une seconde manière d'envisager l'histoire : il s'agit de l'histoire pragmatique. En vérité, celle-ci n'a pas de nom particulier. Son but lui est commun avec celui de toute l'histoire : donner une image développée du passé et de sa vie. l'histoire ne nous présente pas une totalité vivante à laquelle nous pourrions prendre part, mais un monde reconstitué par la réflexion, un monde dont l'esprit. les préoccupations et 1a civilisation appartiennent au passé. Nous éprouvons aussitôt le besoin de quelque chose d'actuel. Or une telle actualité n'existe pas dans l'histoire; c'est le point de vue de l'entendement, l'activité subjective, le travail de l'esprit qui la font naître. L'apparence extérieure des faits est grise; mais le but - l'état, la patrie - la manière dont on les entend, leur connexion interne, l'Universel qui réside en eux, cela est permanent, valable dans le présent, dans le passé et pour toujours.
C'est le moment d'évoquer les réflexions morales qu'on introduit dans l'histoire.: de la connaissance de celle-ci, on croit pouvoir tirer un enseignement moral et C'est souvent en vue d'un tel bénéfice que le travail historique a été entrepris. S'il est vrai que les bons exemples élèvent l'âme, en particulier celle de la jeunesse, et devraient être utilisés pour l'éducation morale des enfants, les destinées des peuples et des Etats, leurs intérêts, leurs conditions et leurs complications constituent cependant un tout autre domaine que celui de la morale. (...)
On recommande aux rois, aux hommes d'Etat, aux peuples de s'instruire principalement par l'expérience de l'histoire. Mais l'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire, qu'ils n'ont jamais agi suivant les maximes qu'on aurait pu en tirer. /Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières, forme une situation Si particulière, que c'est seulement en fonction de cette situation unique qu'il doit se décider : les grands carac-tères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appro-priée. Dans le tumulte des événements du monde, une maxime générale est d'aussi peu de secours que le souvenir des situations analogues qui ont pu se produire dans le passé, car un pâle souvenir est sans force dans la tempête qui souffle sur le présent; il n'a aucun pouvoir sur le monde libre et vivant de l'actualité. L'élément qui façonne l'histoire est d'une tout autre nature que les réflexions tirées de l'histoire. Nul cas ne ressemble exacte-ment à un autre. Leur ressemblance fortuite n'autorise pas à croire que ce qui a été bien dans un cas pourrait l'être également dans un autre. Chaque peuple a sa propre situation, et pour savoir ce qui, à chaque fois, est juste, nul besoin de commencer par s'adresser à l'histoire.) (...)
La troisième manière de l'histoire réfléchie est la manière critique(...) On ne donne pas l'histoire même, mais une histoire de l'histoire, une cri-tique des sources et une enquête sur leur vérité et leur crédibilité. (...)Ce que cette entreprise à et doit avoir d'extraordinaire réside non dans la chose même, mais dans l'ingéniosité avec laquelle l'auteur met en valeur les sources.
La dernière espèce d'histoire réfléchie est l'histoire spéciale. Elle se présente d'emblée comme quelque chose de fragmentaire et de partiel dans la mesure où elle découpe un secteur particulier, par exemple : l'histoire de l'art, du droit, de la religion, et brise les liens qui l'unissent aux autres aspects de la vitalité et de la richesse d'un peuple. Bien qu'elle procède abstraitement, cette forme d'histoire, précisément parce qu'elle se place à un point de vue général, constitue une transition vers l'histoire philosophique.(...)
Le troisième genre d'histoire, l'histoire philosophique, se rattache directement à cette dernière espèce d'historiographie réfléchie. Son point de vue est également général - mais il n'est plus lié à un domaine particulier et ne se laisse pas détacher abstraitement des autres points de vue. Le point de vue général de l'histoire philosophique n'est pas abstraitement général, mais concret et éminemment actuel parce qu'il est l'esprit qui demeure éternellement auprès de lui-même et ignore le passé. Semblable à Mercure, le conducteur des âmes, l'idée est en vérité ce qui mène les peuples et le monde, et c'est l'Esprit, sa volonté raisonnable et nécessaire. qui a guidé et continue de guider les événements du monde.


G.W.-F HEGEL, La raison dans l'histoire, introduction à la philosophie de I'histoire, Paris, 10/18 et Plon, 1905, trad. K. Papaloannou, pp. 24, 25,29-30,33, 35-36, 37-38, 39.

_________________
"L'Etat c'est moi" Louis XIV


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 Sujet du message :
Message Publié : 10 Oct 2006 4:31 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 23 Sep 2006 11:32
Message(s) : 54
Il faut bien comprendre que Hegel lui-même devient un "interprète" quand il propose cette catégorisation des "lectures" de l'Histoire.
Une chose me frappe quand on veut trop approfondir la véracité des interprétations de toutes sortes; c'est qu'on tombe dans le sophisme de la poule et de l'oeuf; dans l'ontologie ; dans le questionnement du code de language mal établi en préalable à l'exercice d'analyse.

Qu'est-ce que l'Être ?

Qu'est-ce que l'Être dans l'Histoire?

Dans quelle mesure est-ce que l'Histoire révèle l'Être et son Agir selon les différents contextes qui l'ont abrité ? Et à quel point est-ce que ces contextes n'ont pas été des démonstrations uniques de son caractère changeant ?

De plus, l'observateur contemporain à son époque, et son lointain descendant, auraient ils plus ou moins bien interpréter et expliquer le dit contexte ? Dispose-t-il d'outils de mesure, d'analyse ou de réflexion plus performants qu'à l'époque précédente ?
Ainsi, l'invention de la psychologie freudienne ne permet-elle pas d'imaginer une "Histoire psychologique" de l'humanité. La compréhension de la génétique n'ouvre-t-elle pas la porte à un interprétation biologique du comportement humain ? Le facteur du ressentiment social ne peut-il suggérer une "lecture morale" pour expliquer les cycles de stabilité et de révolutions dans le temps ?

Les définitions de l'Histoire de Hegel se valent-ils encore ? Et pour qui ?

Je crois personnellement que Hegel a mal défini sa catégorisation parce qu'il a mal posé sa question d'origine; à savoir; sur quelle base je fonde mon jugement pour décrire un contexte historique ?

Pour l'étudiant en rhétorique, ou en logique de l'argumentation, le jugement est de 3 types: 1) d'observation, 2) d'évaluation, 3) de prescription. (Ici nous ne retiendrons que les deux premiers types de jugement, la prescription étant du domaine de l'avenir.)
Le "corpus" des faits, des dates, des artéfacts, et des témoignages, relèvent de l'observation. Ils sont mesurables en quantité et en qualité et nous ne pouvons en tout cas remettre en question leur existence, ou leur Vérité.
Là où le "sport" commence (si je peux m'exprimer ainsi) c'est quand entre en jeu le jugement d'évaluation; au moment où il n'y a plus de "preuves" pour appuyer telle ou telle hypothèse expliquant un contexte historique. Le code logique, vrai ou faux, ne tient plus. Nous entrons dans le domaine des grandes écoles d'analyse qui interprètent l'Histoire selon leurs propres concepts, leur propre grille d'analyse, leur propre vocabulaire. Il s'établit des codes propres à ces théories : Marx, Freud, Machiavel, etc.... Et encore, l'interprétation sera plus ou moins acceptable selon la compréhension que l'on a du code adopté.

Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris Hegel ici, et il se peut que mes réflexions le rejoigne quelque part malgré tout. J'espère seulement avoir amener des remarques pertinentes au questionnement.
Mais çà, c'est à vous de voir !


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 Sujet du message : Re: Hegel
Message Publié : 26 Sep 2008 11:34 
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Plutarque
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Localisation : Boucherville, Qc
Bonjour, je me permets de remonter ce vieux sujet puisque je tente moi aussi d'apprivoiser peu à peu ce Hegel.
Certains termes me chicotent, mais j'ai un lexique du vocabulaire hégelien, ce qui est très utile.

Cepedant, dans cette même Raison dans l'Histoire dont nous parlions plus haut, Hegel emploie les termes démarche empirique. En note de bas de page il précise :

G.W.F Hegel a écrit :
La démarche empirique est celle qui se contente des données immédiates, dispersées, contingentes, sans les ramener à ce qui est universel. À la définition empirique s'oppose la définition pensée qui saisit l'essentiel, l'universel. "Penser le monde empirique signifie plutôt essentiellement : changer entièrement sa forme empirique et la transformer en un universel..."


Quelqu'un aurait une idée de ce que signifie un peu plus concrètement ce concept ?

Merci bien !
Mensik

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Ne me parlez pas de tradition navale ! Ce n’est que Rhum, sodomie et le fouet !

-Sir Winston Churchill, en parlant de la Marine britannique...


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 Sujet du message : Re: Hegel
Message Publié : 27 Sep 2008 0:48 
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Tite-Live
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Inscription : 14 Déc 2007 13:07
Message(s) : 333
Mensik, je ne suis pas prof de philo (loin de là) mais je vois dans cet extrait une critique de cette histoire qu'il appelle "empirique".

"La démarche empirique est celle qui se contente des données immédiates, dispersées, contingentes, sans les ramener à ce qui est universel." => Ici on pourrait voir décrit quelque chose qui se rapproche de la méthode / pensée de Foucault. Pour caricaturer : ne pas rechercher des Universaux dans l'histoire. On pourrait aussi y voir une critique de l'histoire qu'on appelle aujourd'hui "événementielle", voir d'une certaine forme de relativisme historique (même si le terme est surement anachronique).

"Penser le monde empirique signifie plutôt essentiellement : changer entièrement sa forme empirique et la transformer en un universel..." => C'est à cause de ce passage que je parle de critique. En somme "l'historien empiriste", échouerais dans sa volonté de ne pas employer des universaux, car 1) il y est ramené forcement lors du passage à l'écriture (utilisation de concepts pour expliquer) 2) l'histoire est par nature emmenée dans un mouvement universel.

En espérant ne pas avoir dit de grosses bêtises et avoir apporté quelque chose (ce sont seulement des pistes).
Bien cordialement.

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"Un monde ne saurait être fictif par lui-même, mais seulement selon qu'on y croit ou pas." - Paul Veyne


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 Sujet du message : Re: Hegel
Message Publié : 28 Sep 2008 4:52 
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Plutarque
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Inscription : 14 Fév 2006 2:13
Message(s) : 157
Localisation : Boucherville, Qc
Merci beaucoup Aspasia pour ces pistes.
Elles m'aident bien évidemment. Je vais les relire afin d'assimiler bien votre théorie.

Merci beaucoup !

Hegel est un personnage très intéressant à étudier, mais extrêmement difficile pour un débutant comme moi en la matière.

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Ne me parlez pas de tradition navale ! Ce n’est que Rhum, sodomie et le fouet !

-Sir Winston Churchill, en parlant de la Marine britannique...


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