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 Sujet du message : Sources et histoires orales
Message Publié : 14 Oct 2006 10:04 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 14 Juin 2004 14:26
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Localisation : montgeron
Quelle est la différence entre sources orales et Histoire orale?

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Message Publié : 14 Oct 2006 14:15 
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Salluste
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Inscription : 22 Juil 2006 18:03
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Localisation : Cahors
Je pense que c'est la même différence qu'entre une source et l'Histoire.
Une source est un matériaux repéré et mobilisé par l'historien. L'historien écrit ensuite l'Histoire qui est une construction.

Ce qu'il peut y avoir de spécial avec la source orale c'est que l'historien peut avoir à créer ladite source orale par l'entretien.

Cordialement. SAALFELD

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Message Publié : 22 Oct 2006 19:32 
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Polybe
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Inscription : 22 Oct 2006 19:15
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Localisation : Paris
Salut à tous,

L'histoire orale est la pratique historienne qui se fonde - ou utilise - les sources orales. Il faut distinguer deux types de sources orales.

Les premières sont les sources orales tirées d'un entretien avec un acteur. Je les appelle "oralité vive". Elles ont une particularité forte qui fonde la pratique de l'histoire orale : on les recueille in situ en questionnant l'acteur. Elles sont donc d'une nature très différente de ce que l'on peut par exemple trouver dans un discours imprimé,par définition "statique", figé.

Les secondes sont les sources initialement orales, mais consignées. Elles sont de différentes natures. Citons les discours politiques, les entretiens réalisés par d'autres etc...
Je les nomme "oralité morte". Elles se rapprochent beaucoup des sources classiques de l'histoire. Mention particulière aux entretiens précédemment menées par d'autres chercheurs (historiens, ethnologues ou sociologues) : la forme de ces sources est encore marquée par son origine conversationnelle (discours relaché, demande de précisions, forte présence du ressenti...)

Les sources orales et leur utilisation (par l'histoire orale, donc) sont indissociables des mouvements historiens voulant par cette pratique redonner la parole à ceux que les sources traditionnelles "oublient". Les premiers travaux à base d'entretiens avaient pour but de recueillir les témoignages des marginaux ou des oubliés de la "Grande Histoire" (minorités sexuelles ou ethniques aux Etats-Unis, ouvriers en France).

Aujourd'hui, on diversifie énormément l'utilisation de ce type de sources. Il devient rare de mettre le nez dans un travail universitaire type maîtrise ou DEA d'histoire immédiate sans trouver un ou deux entretiens oraux.

Un aspect délaissé par les historiens - que les sociologues maîtrisent pour être la base de leur pratique - est la sérialisation de ces entretiens et la mise en place d'une véritable méthode de traitement (qu'elle soit qualitative ou quantitative).

Cordialement


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Message Publié : 22 Oct 2006 22:48 
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Salluste
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Inscription : 15 Sep 2006 13:16
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Localisation : TOULOUSE
Il y a quelques années, en licence, j'avais suivi une U.V. d'anthropologie historique, dont les cours étaient assurés par 3 professeurs spécialistes chacune d'Antiquité, Moyen Age, et contemporaine...

L'entretien, méthode courante chez les sociologues, et chez les ethnologues, s'était transposé naturellement dans le champs de l'anthropologie historique, et bien sûr, pour la période contemporaine (ce que vous appelez oralité vive).

Il était question d'entretiens réalisés par des étudiants, sur le thème de la naissance, et de la perception des femmes enceintes, puis mères dans le monde rural dans le premier tiers du XXè siècle.

La question que je me pose, ne me souvenant pas de la réponse de notre porfesseur à l'époque, concerne la méthode d'échantillonage des sujets interrogés ?
Ici, le milieu rural : combien d'entretiens, comment savoir si l'échantillon est suffisant, comment le choisir etc...

Avez-vous des renseignement concernant les méthodes d'échantillonage en général ? ou bien Est-ce plutôt du type micro-trottoir ?

Cordialement

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Message Publié : 23 Oct 2006 5:53 
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Polybe
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Inscription : 22 Oct 2006 19:15
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Localisation : Paris
A vrai dire, jeune contemporanéiste (je le suis encore :wink: ) , j'avais été très surpris en débarquant dans mon labo (pourtant considéré comme un des berceaux de l'histoire orale en France et rattaché à l'IHTP) de constater qu les techniques d'échantillonnage y étaient ignorées ou considérées comme superflues pour l'historien ("laissez ça aux sociologues mon jeune ami" m'avait-on dit). Je serais donc bien en peine de répondre pour d'autres "écoles".

Une chose est certaine : l'historien est très sensible au traitement qualitatif de sa source orale. Et comme nous avons les sources écrites à croiser également, on sérialise peu.

Je ne connais pas vraiment de travaux où les corpus d'entretiens sont comparables à ceux des soiologues "qui n'ont que ça" à se mettre sous la dent.

Bonne journée


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Message Publié : 23 Oct 2006 5:56 
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Polybe
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Inscription : 22 Oct 2006 19:15
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Localisation : Paris
(Je reprends, une erreur de touche et hop, message validé trop vite :oops: )
Et quant à la méthode, elle est bien moins fouillée en histoire : ça tient beaucoup du bon sens, ce qui est dangereux. On ne connaît pas toutes les réflexions de nos voisins ethno / socio sur les formes de questionnaires et les techniques statistiques de traitement.
C'est dommage, mais les problématiques de l'oralité sont réservées à quelques contemporanéistes étudiants les cinquante dernières années (voir moins).

Cordialement


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Message Publié : 23 Oct 2006 9:09 
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Salluste
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Inscription : 15 Sep 2006 13:16
Message(s) : 263
Localisation : TOULOUSE
Dommage en effet...
Du reste, l'échantillonage n'est pas une "propriété industrielle" appartenant aux autres sciences. Il appartient à l'historien de "piquer" et d'appliquer cette méthode, dont il tirera le plus grand profit ! :)

Cordialement.

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Message Publié : 23 Oct 2006 10:04 
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Polybe
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Inscription : 22 Oct 2006 19:15
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Localisation : Paris
Je suis tout à fait d'accord. Le problème qui se pose est aussi celui du temps : avec l'analyse des sources, la taille des entretiens (souvent deux heures ou plus), il ne reste que peu de temps pour constituer des séries. C'est pour cela que les sociologues travaillent beaucoup à partir de questionnaires en différé.


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Message Publié : 23 Oct 2006 15:01 
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Plutarque
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Localisation : Paris et Toulouse
Il me semble bien, pourtant, que Jacques Ozouf, à la fin des années 1960, avait lancé un grand chantier de sauvegarde-création d'un patrimoine en demandant aux instituteurs de la Belle-Epoque de se raconter. On l'a salué pour cette idée. Mais serait-il une exception ?

De même, en viendrait-on à considérer que Shoah, de Claude Lanzmann, essentiellement basé sur le récit d'officiers nazis, n'est pas un travail d'historien ? :?

Dans ce débat, est-ce la nature de la source ou l'intervalle de temps qui s'écoule entre la production de la source et son utilisation par l'historien qui importe ?


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Message Publié : 23 Oct 2006 17:17 
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Polybe
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Inscription : 22 Oct 2006 19:15
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Localisation : Paris
Attention ! Les initiatives qui consistent à recueillir des archives orales ne sont pas un traitement historien. Nous sommes ici en face d'une tentative de conservation de la mémoire et non d'utilisation du témoignage comme source (ou si peu). C'est assez différent. Un grand nombre d'associations savantes s'occupent de sauvegarder le patrimoine mémoriel de certaines catégories de personnes (comme la conservation des savoir-faire dans certains milieux professionnels), ce n'est pas pour autant un travail historien, mais plutôt de documentation.

De mon point de vue, Shoah de Lanzmann n'est pas un travail d'historien. Pourquoi ?
1. Il n'en a pas la forme, c'est filmé (peu important).
2. Il n'y a pas de travail critique de confrontation des sources.
3. Il n'y a pas d'établissement de raisonnement historique analytique du phénomène de la Shoah, mais une exposition brute du témoignage (ce qui est son intérêt principal).

A la limite, le Chagrin et la Pitié[i] de Marcel Ophül s'approche plus d'un travail d'historien, mais la dimension du méta-discours y est trop faible pour que cela le soit vraiment : il suggère seulement ses interprétations par la voix off.

Pour résumer, je dirais que le documentaire expose quand l'histoire explique. C'est assez différent.

Cordialement.


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Message Publié : 23 Oct 2006 17:19 
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Polybe
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Inscription : 22 Oct 2006 19:15
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Localisation : Paris
Attention ! Les initiatives qui consistent à recueillir des archives orales ne sont pas un traitement historien. Nous sommes ici en face d'une tentative de conservation de la mémoire et non d'utilisation du témoignage comme source (ou si peu). C'est assez différent. Un grand nombre d'associations savantes s'occupent de sauvegarder le patrimoine mémoriel de certaines catégories de personnes (comme la conservation des savoir-faire dans certains milieux professionnels), ce n'est pas pour autant un travail historien, mais plutôt de documentation.

De mon point de vue, Shoah de Lanzmann n'est pas un travail d'historien. Pourquoi ?
1. Il n'en a pas la forme, c'est filmé (peu important).
2. Il n'y a pas de travail critique de confrontation des sources.
3. Il n'y a pas d'établissement de raisonnement historique analytique du phénomène de la Shoah, mais une exposition brute du témoignage (ce qui est son intérêt principal).

A la limite, le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophül s'approche plus d'un travail d'historien, mais la dimension du méta-discours y est trop faible pour que cela le soit vraiment : il suggère seulement ses interprétations par la voix off.

Pour résumer, je dirais que le documentaire expose quand l'histoire explique. C'est assez différent.

Cordialement.


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Message Publié : 23 Oct 2006 23:24 
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Salluste
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Inscription : 15 Sep 2006 13:16
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Localisation : TOULOUSE
Donc Shoah est plus de l'ordre du testimonial que du travail historique...

Certains vous diront que ce film sera néanmoins pédagogiquement meilleur qu' un ouvrage d'histoire basé sur des confrontations de sources.

Peut-être parce qu'il livre une émotion et que l'analyse en est dépourvue.

...C'est un autre débat là!

Mais je suis d'accord avec vous sur l'idée de conservation de la mémoire que représente l' entretien oral.

Cordialement.

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