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Message Publié : 15 Avr 2007 12:07 
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xenophon.sparte
Du point de vue historique, les grandes périodes historiques ont une certaine forme de cohérence. Les dates de début et de fin qui leurs sont attribuées marquent une certaine rupture, bien qu'il fasse les nuancer, en 51 avjc les gaulois ne se sont pas réveillés un jour en se disant : "ça y est, je suis Romain maintenant"... Tout n'est qu'histoire de changements progressif, d'adaptation lente...
Le fait est que si ces découpages semblent convenir aux historiens, il n'en est rien au niveau matériel : rien ne ressemble plus à une céramique de Vème siècle qu'une céramique du VIème siècle, et pourtant, l'une est antique et l'autre médiévale....
Les grands carcans de l'histoire ont été faits "par le haut", en délaissant la majorité de la population, et la communication entres deux disciplines qui sembleraient complémentaires est trés ténue : la plupart des historiens considèrent toujours les archéologues comme des auxiliaires de l'Histoire, à noter que l'inverse marche aussi... Le rêve de Marc Bloch et de Lucien Febvre sur l'interdisciplinarité est encore loin d'être réalisé...
A mon point de vue, il ne faudrait pas chercher l'universalité chronologique, qui certe simplifierait grandement les choses, mais qui pour moi n'existe pas, mais au contraire raisonner à une échelle plus petite qui, certes complexifierait grandement l'histoire (et encore...) mais qui serais plus juste. Mon exemple le plus frappant est l'appellation de moyen age, qui s'arrêterait en 1453 pour nos contrées (je choisis cette date butoir tout en sachant que d'autres sont possibles... mais comme je l'ai dis la redécouverte des amériques n'a rien changé dans la vie du pauvre paysan du fin fond de sa Bausse...), alors que le même terme s'applique pour le Danemark, mais qui, chez eux, ne se termine qu'au XVIIIème siècle... Problème problème... Pourquoi alors, dans ce cas là, ne pas faire stopper la période antique à la chute de constantinople et non pas à la chute de Rome (ou plutôt du dernier empereur romain d'occident Romulus augustule, déposé par Odoacre.....)....
Voili voilou pour mes réflexions matinales... :lol!:, j'aurais encore plein d'autres exemples sur les incohérences chronologiques au point de vue de l'étude matérielle, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses...

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Deshays Yves-Marie
J'ai beau "fouiller, fouiller, fouiller"... je ne saisis pas très bien où vous voulez en venir!

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Plus oultre
Je crois deviner que c'est à une réévaluation du "découpage" chronologique, moins "grossier" et fondé non sur les événements politiques mais sur les évolutions sociales (du non événementiel, donc ?). Et dans une perspective plus englobante (échelle européenne ? civilisationnelle ?), pour gommer la relativité et les particularismes liés aux histoires nationales (cf. le cas du Moyen Age au Danemark).

Mais bon, tout historien me semble-t-il a bien à l'esprit que le temps n'est nullement "découpé" et que les grandes périodes historiques (Antiquité, Moyen Age, époques moderne et contemporaine) sont avant tout des conventions commodes et nécessaires (sur cette question voir un ouvrage d'épistémologie, il me semble me rappeler qu'Antoine PROST lui consacre un chapitre de ses Douze leçons sur l'histoire).
Après, libre à chacun de réévaluer l'unité et la cohérence des périodes concernées, selon des logiques (politiques, sociales, culturelles, ce que vous voulez) différentes : François FURET faisait terminer la Révolution française avec l'avènement de la République républicaine, Jacques LE GOFF fait terminer le Moyen Age au XIXème siècle avec l'avènement de la révolution industrielle.
Chacun ses vues donc, mais le cadre chronologique classique me semble être une convention vraiment indispensable, ne serait-ce que par clarté.

La question de l'interdisciplinarité, c'est autre chose, mais c'est vrai que c'est une évolution qui se fait très lentement...

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xenophon.sparte
Un historien a cela a l'esprit, oui, c'est parce que j'ai cela a l'esprit que j'ai ce genre de réflexions.... mais toutes les personnes qui apprennent l'histoire ne le savent pas, pourquoi donc simplifier quelque chose de complexe???? on ne simplifie pas les maths? la physique??? alors pourquoi simplifier l'histoire, science sociale, mais science quand même!!!
Je sais que je me bats contre des moulins, comment faire évoluer une telle institution, certes, je m'engage dans la voie de la recherche... mais seul :lol!:
Je suis surement un puriste, mais en archéologie, on parle par cadre culturel, c'est certes plus complexe, diversifié, mais tellement plus précis!!

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Optimus princeps
La question du découpage chronologique fait-elle encore débat aujourd'hui dans la communauté historienne ? Personnellement, je ne crois pas. Tous les historiens savent bien l'arbitraire de tels outils qui sont finalement plus utiles à l'organisation de l'enseignement (à l'université par exemple, cela permet une répartition des étudiants) qu'à la recherche. Il ne sort pas aujourd'hui de thèse qui ne fasse un détour par la critique du découpage chronologique de sa période ou de son thème. Chez les historiens des techniques, par exemple, le rythme de l'innovation a remis en cause les découpages de l'histoire économique classique pour mettre au jour une réalité rythmée différemment.

La question est plutôt celle de la perception des bouleversements par les acteurs de l'histoire : les consciences ne prennent parfois pas du tout la mesure d'un évènement ou du point culminant d'un processus. A l'inverse, on connaît aussi l'hyperfocalisation, accentuée aujourd'hui par les médias qui taxent la moindre victoire de l'équipe départementale de Plouge-en-Artois "d'historique".

Découper une période est une question que l'on laisse volontairement en suspens. Ce n'était pas le cas hier, quand on utilisait les cadres politiques comme seuls références. On n'y apporte pas de réponse, mais on la pose quand-même : "voilà mon terminus post quem et mon terminus ante quem. Voici les critères retenus et ceux qui ne le sont pas".

D'un point de vue heuristique, le découpage pose des questions auxquelles il faut répondre quand on enseigne l'histoire : montrer le relatif des découpages de la chronologie est le préalable pour prendre en compte le nombre importants de facteurs qui agissent à une époque donnée.
Les Trente Glorieuses que j'enseigne en ce moment sous l'angle des bouleversements techniques et économiques nous montrent bien le relatif d'un découpage strict (1945-1974, 75 ?) et l'ensemble des forces qui agissent sur la société française pendant trente ans : la démographie (relèvement commencé pendant la guerre : exit 45 !), l'économie (que l'on peut dfficilement bornée à l'aide du sacro-saint choc pétrolier tant les effets sectoriels sont divers), le politique (encore un peu plus complexe tant la période est mouvementée et fractionnée entre une quatrième à bout de souffle, la seconde période gaullienne, le pompidolisme et l'arrivée de VGE) et j'en passe...

La vertu d'un découpage tel que celui-là est qu'il est discutable : de la vision que les contemporains ont sur leur époque (les fameuses Trente glorieuses de Fourastié) on arrive à déterminer des évidences et des impensés qui viennent remettre en cause ce qui reste un témoignage.

Ce découpage est finalement très utile !

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Plus oultre
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mais toutes les personnes qui apprennent l'histoire ne le savent pas, pourquoi donc simplifier quelque chose de complexe????

Par souci pédagogique ? Pourquoi fermer aux autres ce qu'on voudrait leur ouvrir ? Le découpage classique est encore plus indiqué pour des néophytes en histoire !
Ca me rappelle la question qui était posée dernièrement à la candidate d'un jeu télévisé d'une grande chaîne privée (à une heure de grande écoute) :
"Quelle est la période historique qui succède au Moyen Age ?
A. L'Antiquité B. L'époque moderne B. L'époque contemporaine."
La réponse de l'intéressée, je crois me souvenir, après bien des doutes et consultation du public, a été la "C".
Ce n'est évidemment pas représentatif des "personnes qui apprennent l'histoire", mais ça montre au moins qu'avant de chambouler les découpages ou d'en discuter le bien-fondé, il faut encore transmettre le plus simple.

Citer :
Faget
Je profite de cet échange pour poser une question de "paysan du Danube", mais à laquelle je n'ai jamais obtenu une réponse claire. On a fixé une date entre l'antiquité et le Moyen-Âge,une autre entre le Moyen-âge et les temps modernes. Mais que dire de la fin des temps modernes et du début de la période contemporaine? Où situe-t-on la date ?
Merci pour vos précisions.

Citer :
André Sanphrapé
Par convention, 1789 pour la France et l'Europe, même si, en France, la Révolution française est de plus en plus souvent traitée par des Modernistes et que le XIXe siècle des historiens ne commence pas avant 1815.

Mais cela peut varier selon les thèmes (en histoire des techniques, par exemple, 1789 n'a aucun sens) et, bien sûr, selon les pays. Pour le Japon, l'époque contemporaine commencerait plutôt en 1868.

Citer :
Faget
Oui,merci de votre apport. Cela enrichit le panorama. J'avais entendu :1914, d'autres précisant 1917 à cause de la révolution bolchevique. Et même, l'histoire contemporaine est celle où il y a encore des témoins vivants. Dans ce cas l'histoire moderne aurait un avenir infini.
Bon, je louvoierai entre les écueils !...

Citer :
André Sanphrapé
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J'avais entendu :1914, d'autres précisant 1917 à cause de la révolution bolchevique .

Cela, c'est pour le début du XXe siècle des historiens.

Citer :
l'histoire contemporaine est celle où il y a encore des témoins vivants.

Cela serait plutôt la définition de l'« histoire du temps présent » des historiens.

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clem974
Ce qui m'embête un petit peu au niveau du découpage, c'est qu'il n'y est fait aucune mention des autres continents.
Comme si 476 signifiait quelque chose pour les civilisations précolombiennes...

Citer :
Nebuchadnezar
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on ne simplifie pas les maths? la physique??? alors pourquoi simplifier l'histoire, science sociale, mais science quand même!!!
Je sais que je me bats contre des moulins, comment faire évoluer une telle institution, certes, je m'engage dans la voie de la recherche... mais seul :lol!:

Heu... Les maths et la physique sont précisément les sciences où la symbolique et la modélisation sont les plus importantes.
En mathématiques, on apprend à faire des additions avec des nombres entiers sans apprendre que qu'on utilise la loi "+" sur le groupe abélien (N, +), lui-même sous-groupe de (R, +), et qu'avec les deux lois "+" et "*", (R, +, *) est un corps (là première fois en dix ans que j'arrive à placer dans une phrase quelque chose appris en Math-Sup). De même, en physique, un phénomène physique est décrit par un modèle, en sachant bien qu'il ne s'agit que d'un simplification : un gaz n'est pas décrit avec la vitesse et la direction de chacune de ses molécules, mais avec des grandeurs qui résultent du mouvement de ces molécules, et permettent de décrire les effets qu'il peut produire dans une machine : Pression, volume, température, quantité de matière (PV = nRT).

Pour en revenir à l'Histoire, le découpage est nécessaire pour apprendre ce qui n'est qu'une suite de faits grands ou petits étalés sur plusieurs milliers d'années. Tout le problème vient dans la définition de constantes communes aux événements de chaque tranche.

Il serait intéressant d'effectuer une analyse avec des outils d'intelligence artificielle : data-mining, réseaux de neurones... dont c'est justement la fonction.

Dans le monde de l'édition actuelle, j'observe une certaine tendance : les deux guerres mondiales sont de plus en plus considérées comme une seule guerre de 30 ans, qui n'aurait connu que des trêves (d'ailleurs bien courte si on inclut dedans la guerre civile russe, l'invasion japonaise de la Chine, et la guerre d'Espagne), à l'instar de la guerre de 100 ans qui eut elle-aussi des accalmies et des reprises d'hostilité.

Maintenant, si on voulait faire un découpage plus global, au moins de l'histoire de l'Eurasie, je pense qu'un découpage basé sur les vagues d'invasions de nomades pourrait s'avérer plus pertinent. On pourrait ainsi faire s'arrêter l'Antiquité à l'arrivée des huns en Europe. De même, on pourrait avoir un avant et un après les invasions arabe et mongole.

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Tous les désespoirs sont permis


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Message Publié : 15 Avr 2007 12:58 
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Polybe
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Voilà un débat très intéressant et très complexe.
Il faut savoir que les dates butoirs données comme fin et début de chaque grande période ne sont que des conventions et les historiens en ont bien conscience. Il est illusoir de dire par exemple que l'Antiquité se termine avec la déposition de dernier empereur romain alors que ce dernier n'avait presque plus de pouvoir, les conséquences sont donc minimes.
Et puis donner une date précise, cela serait dire qu'il y a une rupture là où il y a évolution. Le cloisonnement pose d'ailleurs souvent problème pour l'étude certains phénomènes à appréhender sur plusieurs périodes.

C'était parce qu'il voyait les limites de ce découpage que Braudel a proposé dans la préface de la Méditerranée au temps de Philippe II un nouveau découpage centre sur l'imbrication de trois temporalités.
-le temps long: un temps quasi immobile mais c'est le plus important car c'est dans celui-ci qu'ont lieu les véritables évolutions.
-le temps "moyen"
-le temps court, celui de l'événement: "agitation de surface" comme disait Braudel car au final, ce qui compte, c'est les évolutions sociales et économiques sur le long terme (école des annales oblige).

Débat sans fin je disais :roll:


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Message Publié : 06 Août 2009 14:18 
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Polybe
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Question ouverte qui, je l'espère, ne va pas faire trop de remous ^^:

Pourquoi les historiens français n'adoptent-ils pas la périodisation "universelle" qui fait débuter l'histoire contemporaine en 1920 (ce qui fait de notre question de contempo une autre question de moderne)?


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Message Publié : 06 Août 2009 14:22 
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Fustel de Coulanges
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Luleas a écrit :
Question ouverte qui, je l'espère, ne va pas faire trop de remous ^^:

Pourquoi les historiens français n'adoptent-ils pas la périodisation "universelle" qui fait débuter l'histoire contemporaine en 1920 (ce qui fait de notre question de contempo une autre question de moderne)?


C'est assez drôle comme question ça. Si les Français n'utilisent pas cette périodisation, c'est donc qu'elle n'est pas universelle peut-être? Universelle pour qui d'ailleurs? Qui utilise ce découpage et à quoi correspond cette date de 1920? A la naissance de ma défunte grand-mère mais encore?

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

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Message Publié : 06 Août 2009 14:44 
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Polybe
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Je souligne le fait que j'ai mis universel entre guillemets pour bien souligner que pour le reste du monde l'histoire contemporaine commence au traité de Versailles (également date du décès malheureux de ta grand-mère ^^).


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Message Publié : 06 Août 2009 14:46 
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Fustel de Coulanges
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Luleas a écrit :
Je souligne le fait que j'ai mis universel entre guillemets pour bien souligner que pour le reste du monde l'histoire contemporaine commence au traité de Versailles (également date du décès malheureux de ta grand-mère ^^).



J'ai vraiment un doute sur le "reste du monde" qui utiliserait cette distinction.

(et c'est de sa naissance pas de son décès qu'il s'agit ou alors je serai bien âgé déjà!)

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Message Publié : 06 Août 2009 14:57 
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Hérodote
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Luleas a écrit :
Pourquoi les historiens français n'adoptent-ils pas la périodisation "universelle" qui fait débuter l'histoire contemporaine en 1920 (ce qui fait de notre question de contempo une autre question de moderne)?
J'ai peur que cette question ne nous fasse dériver du sujet de ce fil mais elle est intéressante à plusieurs titres. D'abord, l'article "Contemporary History" de Wikipédia précise que cette période se définit par l'exclusion de tous les événements dont les conséquences ne se font plus sentir : or le puriste va sans doute faire remarquer que nous sommes les héritiers directs ou indirects de toute la chronologie universelle, et que tout "événement historique" au sens positiviste du terme a déterminé en partie celui qui l'a suivi, etc.
Cela dit, faire débuter l'histoire contemporaine à la Première Guerre mondiale ou 1920 me semble justifiable si l'on considère le premier sens de "contemporain", qui nous suggérerait de ne garder que les événements dont il nous reste des témoins, ou plus largement qui se sont déroulés à un moment de la vie de personnes encore vivantes (mais quel seuil de vivants faut-il adopter ?). Cette définition me semblerait plus justifiée que celle que l'on a adoptée en France, car l'on en vient à qualifier de "contemporains" des événements très anciens et des réalités économiques, sociales ou culturelles qui n'ont plus rien à voir avec celles d'aujourd'hui. Sera-t-on en mesure dans un avenir proche ou lointain de donner une date finale à la période débutée en 1789, et surtout de lui donner un autre nom ?
Enfin, on peut noter qu'un autre partage français de l'histoire peut sembler aberrant dans certains pays étrangers (au moins dans les pays anglo-saxons) : on a qualifié de "moderne" l'époque qui va de la fin du XVe siècle à 1789 en prenant comme critère unifiant l'avènement de la modernité socio-politique qui caractérise cette période, mais cela est très discuté. D'un côté, on voit dès le beau Moyen Âge nombre de signes d'une nouvelle modernité politique ; de l'autre, il est évident que les sociétés européenne et nord-américaine de l'époque demeurent très marquées par les héritages du Moyen Âge, au point que les Anglo-Saxons adoptent un partage relativement différent : l'époque moderne débute au XVIIIe siècle et s'achève au début du XXe siècle, la période précédente, débutant vers 1500, étant qualifiée d'"Early Modern Era". Finalement, le fin mot de l'histoire pourrait revenir à Jacques Le Goff qui avait osé cette provocation suprême d'allonger le Moyen Âge tant en amont qu'en aval jusqu'à cannibaliser toute l'histoire mondiale du IIIe au milieu du XIXe siècle !
Tamino


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Message Publié : 06 Août 2009 15:13 
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Polybe
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Oui justement c'est étonnant de voir que les Français si attachés à leur langue déforme le terme "contemporain" à ce point. Du coup je me sens plus proche intellectuellement de la périodisation "universelle" de l'histoire.

Est-ce qu'il y a des travaux ou des propositions pour nommer cette période contemporaine française et lui donner un terme ou va-t-elle continuer à se prolonger indéfiniment?


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Message Publié : 06 Août 2009 15:23 
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Fustel de Coulanges
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
Luleas a écrit :
Oui justement c'est étonnant de voir que les Français si attachés à leur langue déforme le terme "contemporain" à ce point. Du coup je me sens plus proche intellectuellement de la périodisation "universelle" de l'histoire.

Est-ce qu'il y a des travaux ou des propositions pour nommer cette période contemporaine française et lui donner un terme ou va-t-elle continuer à se prolonger indéfiniment?


Globalement, la période dite contemporaine, même si ce nom est dévoyé au niveau de son sens premier, est bien pratique et ne dure, finalement, que depuis 200 ans, ce qui en fait la période la plus courte! Mais très souvent quand même, on la sous-divise énormément entre Révolution et Empire, XIXe s. (1815-1914), 1er XXe s. (1914-1945), 2nd XXe s. (1945-1989) et période... sans nom encore, qu'on appelle avec facilité "Histoire récente".

De toute façon, tout découpage chronologique est par essence compliqué et sujet à caution.

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Message Publié : 06 Août 2009 16:12 
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Eginhard
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Tamino a écrit :
D'abord, l'article "Contemporary History" de Wikipédia précise que cette période
Une comparaison des pages traitant de ce sujet sur wikipédia mais dans d'autres langues est fructueuse.

Si le wikipédia francophone affirme que "dans la terminologie [...] [d]es autres historiens du monde entier [...], toute l'histoire depuis la Révolution française ne fait guère partie de l'histoire contemporaine", les pages castillane et lusitanienne indiquent que l'histoire contemporaine débute avec les révolutions de la fin du XVIIIe siècle... (le wikipédia turc est du même avis, semble-t-il) date à laquelle les Tchèques font commencer leur histoire moderne. Quant aux Allemands, leur Zeitgeschichte actuelle renvoie plutôt à l'« histoire du temps présent » des Français – mais pas à celle présentée sur la page éponyme du wikipédia francophone, qui la confond avec l'« histoire immédiate » d'après 1989 (celle qui n'a pas sa place sur passion-histoire :wink: )... tout en mettant en lien le site de l'Institut d'Histoire du Temps Présent ! lol

Bref, pour reprendre des propos tenus antérieurement, le découpage du passé en périodes varie selon les objets étudiés... même si le découpage politique continue à dicter sa loi : n'est-ce pas celui adopté – et d'une manière quasiment caricaturale : on se croirait presque dans l'Histoire de France depuis les origines jusqu'à la Révolution de Lavisse lol – par la Nouvelle Histoire de France que va publier Belin dans les mois à venir ?

Il varie aussi selon la conception du monde de celui qui la définit : en faisant commencer leur article sur la « Périodisation de l'histoire » par l'interprétation que donne Daniel d'un songe de Nabuchodonosor dans la Bible (Daniel, 2, 31-46), les auteurs russophones de la page montrent bien - sûrement à leur corps défendant :P – que toute histoire est d'abord contemporaine.

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« Le luxe [...] corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise ; [...] il ôte à l’État tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l’opinion. »


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Message Publié : 06 Août 2009 19:50 
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Eginhard
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Localisation : Paris
Plutôt que de faire un énième débat sur la pertinence des découpages chronologiques, je propose qu'on parle de la pratique historienne actuelle.
En effet, j'ai l'impression que la Révolution et l'Empire, théoriquement période contemporaine, sont de plus en plus annexés par les modernistes. Je n'ai jamais vu de prof d'histoire contemporaine faire un cours commençant en 1789 - en général, tout cours sur le XIXe siècle commence en 1815. Je connais un jeune prof d'histoire moderne dont la thèse porte sur le Consulat et l'Empire. Et je me souviens d'un séminaire-débat faisant intervenir plusieurs chercheurs sur la Révolution : c'était un séminaire de modernistes.
Bref, malgré le découpage canonique, est-ce que, dans la pratique, la période contemporaine ne commencerait pas plutôt en 1815?

Ainsi peut-être, bientôt, on décalera encore le début de la période de sorte que la période contemporaine ne soit toujours que les deux derniers siècles par rapport au moment présent.

Mais d'une manière générale, les historiens de chaque période n'ont-ils pas tendance à annexer de plus en plus la période immédiatement postérieure à la leur?
Ainsi, avec le concept désormais bien ancré d' "Antiquité tardive", les antiquisants ne seraient-ils pas en train de largment déborder sur le Haut Moyen-Âge (dans lequel, il est vrai, un nombre très minoritaite de médiévistes se spécialise)?
En revanche, je n'ai pas l'impression que les médiévistes débordent sur le XVIe siècle, une trop belle période que les modernistes se réservent.


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Message Publié : 06 Août 2009 20:05 
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Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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Localisation : Vienne (86)
Dans le même esprit - pour J.Le Goff la renaissance ne constitue pas une révolution.

Même si il avoue qu'il s'agit d'un point de vue très personnel, il fait s'achever le moyen âge au XVIII siècle.

Et ce n'est pas le point de vue du premier venu ! B)

_________________
> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )


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Message Publié : 06 Août 2009 20:10 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
Helios a écrit :
Plutôt que de faire un énième débat sur la pertinence des découpages chronologiques, je propose qu'on parle de la pratique historienne actuelle.
En effet, j'ai l'impression que la Révolution et l'Empire, théoriquement période contemporaine, sont de plus en plus annexés par les modernistes. Je n'ai jamais vu de prof d'histoire contemporaine faire un cours commençant en 1789 - en général, tout cours sur le XIXe siècle commence en 1815. Je connais un jeune prof d'histoire moderne dont la thèse porte sur le Consulat et l'Empire. Et je me souviens d'un séminaire-débat faisant intervenir plusieurs chercheurs sur la Révolution : c'était un séminaire de modernistes.
Bref, malgré le découpage canonique, est-ce que, dans la pratique, la période contemporaine ne commencerait pas plutôt en 1815?


Tout à fait exact. Et c'est bien regrettable (parce que moi qui me revendique moderniste, j'ai une saine aversion pour cette période, hormis peut-être les débuts de la Révolution).



Citer :
En revanche, je n'ai pas l'impression que les médiévistes débordent sur le XVIe siècle, une trop belle période que les modernistes se réservent.


Tout dépend où l'on fait s'arrêter le Moyen Age, mais il est vrai que dans ce cas, un recul du Moyen Age d'un bon siècle ne me génerait pas. :mrgreen:

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Message Publié : 06 Août 2009 22:44 
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Hérodote
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Helios a écrit :
En effet, j'ai l'impression que la Révolution et l'Empire, théoriquement période contemporaine, sont de plus en plus annexés par les modernistes. Je n'ai jamais vu de prof d'histoire contemporaine faire un cours commençant en 1789 - en général, tout cours sur le XIXe siècle commence en 1815.
Êtes-vous sûr que c'est une évolution récente ? En tout cas il est clair que l'Université fait terminer l'époque moderne à 1815, comme en témoigne par exemple l'agrégation externe : le programme de moderne de 2005-2006 portait sur les révoltes et révolutions en Europe et Amérique du Nord de 1770 à 1802 et ce sont les modernistes qui donnent les sujets de hors-programme sur la révolution et l'Empire. Cette année, on a vu ainsi Bernard Gainot (moderniste et éminent spécialiste de la Révolution française !) reprocher véhémentement à un candidat passant sur "Les liens familiaux au XVIIIe siècle" d'avoir arrêté son étude à 1789... C'est regrettable sur le fond car si l'on peut admettre que la Révolution française a eu des conséquences profondes à une échelle internationale (qu'on songe à l'émergence de la pensée socialiste au début du XIXe siècle, à l'indépendance d'Haïti, etc.), 1815 marque d'un côté un événement relativement important à une échelle strictement européenne mais dont la portée ne dépasse guère le premier XIXe siècle (le Congrès de Vienne) et d'un autre côté (qui est bien sûr celui auquel pensent les historiens français) le début en France d'une restauration politique dure qui ressemble plus au Moyen Âge qu'à la modernité politique anglaise ou américaine de l'époque ! Mais certes Benjamin Constant, Blanqui, Saint-Simon... Pourquoi pas !
De plus, il me semble évident que, non pas tiraillée entre modernistes et contemporanéistes, la période 1789-1815 est tout simplement une époque à part où seuls les spécialistes osent s'aventurer. Mais n'en est-il pas de même des différentes subdivisions de l'époque contemporaine ? La barrière XIXe-XXe s. n'est-elle pas plus rarement franchie que celle du XVIe au XVIIe voire au XVIIIe, et a fortiori de celles internes à l'histoire médiévale ?
Tamino


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Message Publié : 07 Août 2009 2:13 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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Luleas a écrit :
Oui justement c'est étonnant de voir que les Français si attachés à leur langue déforme le terme "contemporain" à ce point. Du coup je me sens plus proche intellectuellement de la périodisation "universelle" de l'histoire.
Une question: pourriez-vous nous dire quels sont les pays d'obédience "universelle" qui utilisent une autre périodisation et quelle est-elle?

J'espère me tromper mais j'ai l'impression qu'en fait de "chronologie universelle" on va nous servir la chronologie anglo-saxonne... :rool:


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