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 Sujet du message : L'Histoire comme thérapie
Message Publié : 29 Mai 2007 19:47 
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Hérodote
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Inscription : 21 Mai 2007 16:23
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Que pensez vous de ceci : l'Histoire ( ou lhistoire = celle d'un individu particulier) pourrait nous servir de thérapie, pourrait aider à nous guérir en comprenant? en bref , l'oubli et le refoulement d'un évènement devrait laisser la place à notre histoire personnelle ou à l'Histoire pour pouvoir comprendre

franchement je ne comprends pas très bien ce que cela signifie j'aimerais bien que l'on m'éclaire ? :wink:


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Message Publié : 30 Mai 2007 18:57 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
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Je laisse parler Jean Delumeau, peut-être qu'il vous éclairera. Il s'agit de la fin de son introduction à "la Peur en Occident":

Citer :
Car tandis que je construisais le plan [de mon livre] et en ordonnais les matériaux, j'eus la surprise de constater que je recommençais, à quarante ans de distance, l'itinéraire psychologique de mon enfance et que je parcourais à nouveau, sous le couvert d'une enquête historiographique, les étapes de ma peur de la mort. La démarche de cet ouvrage en deux volumes reprendra sous forme de transposition mon chemin personnel : mes frayeurs premières, mes difficiles efforts pour m'habituer à la peur, mes méditations d'adolescent sur les fins dernières et, en finale, une patiente recherche de la sérénité et de la joie dans l'acceptation.


On ne saurait être plus explicite :) .

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Ne parlez jamais sèchement à un Numide.


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Message Publié : 02 Juin 2007 19:41 
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Hérodote
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Inscription : 21 Mai 2007 16:23
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merci d'avoir répondu!!

en effet il semblerait que tant que nous n'avons pas "régler" totalement une "affaire" une certaine" crise" il nous serait impossible d'aller de l'avant et on tournerait en rond.

en effet , certains thérapeutes ont montré que lorsqu'il travaillaient avec des patients ils faisaient des recherches sur la généalogie du patient et ils retrouvaient des cas similaires, des même problème squi s'étaient posés face à un individu de la même famille mais d'une autre génération.

bon je vais prendre un exemple pour éclairer ceci:

une mère se rend chez un thérapeute, elle a perdu son fils de 25 ans, il s'est suicidé. aprés un travail de recherche sur les générations qui ont précédées , on s'aperçoit qu'un membre de la famille, jeune homme de 25 ans est mort en se jetant sous un train et que le suicide du fils de la dame qui s'était rendu chez le thérapeute correspond à la date de la mort de l'autre jeune homme!! ainsi les événement se répètent tant qu'on ne les expose pas , tant que l'on explique pas pourquoi cela s'est passé ainsi.

voici un autre exemple : dans une famille, les secrets, les non dits, de génération en génération vont se transmettre jusqu'à que cela éclate au grand jour et que l'on explique le secret. tant que l'on explique pas pourquoi on a rien dit et l'évènement secret , cet événement se répète dans les générations qui suivent.

ainsi nous somme responsables des drames qui peuvent survenir dans notre famille , nous serions également conditionnés et même condamnés à subir les conséquences d'erreures commises par nos ancêtres.
c'est pour cela qu'il faudrait faire un travail sur notre histoire personnelle, ce qui nous permettrait de guérir du passé.


Je me demandais si vous pouviez approfondir ceci? et si vous pensez que si cette "théorie" , cette vision des choses selon laquelle nous serions sans cesse rattrappé par notre passé est valable à une autre echelle , celle de l'Histoire??


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Message Publié : 02 Juin 2007 21:19 
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Tite-Live
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Inscription : 28 Jan 2007 15:49
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Localisation : Lyon
Je pense qu'il est difficile d'échapper à nos racines. On vit dans un milieu, dans un environnement qui nous conditionne (ou on les rejette et on les fuit). Ne trouve- t –on pas de familles de médecins, de musiciens ?…
On a certainement dans nos gênes, avec les yeux bleus ou les cheveux frisés, les forces et les faiblesses de nos ancêtres, mais de là à ce que le bisaïeul que personne n’a connu dirige notre vie … je suis dubitative.

Bongobong a écrit :
une mère se rend chez un thérapeute, elle a perdu son fils de 25 ans, il s'est suicidé. aprés un travail de recherche sur les générations qui ont précédées , on s'aperçoit qu'un membre de la famille, jeune homme de 25 ans est mort en se jetant sous un train et que le suicide du fils de la dame qui s'était rendu chez le thérapeute correspond à la date de la mort de l'autre jeune homme!!

Il faudrait connaître le pourcentage de suicides qui ne sont reliés à aucune histoire de famille. Un exemple ne fait pas une théorie. Une histoire n’a jamais fait l’Histoire.

Bongobong a écrit :
voici un autre exemple : dans une famille, les secrets, les non dits, de génération en génération vont se transmettre jusqu'à que cela éclate au grand jour et que l'on explique le secret. Tant que l'on explique pas pourquoi on a rien dit et l'évènement secret, cet événement se répète dans les générations qui suivent.

Et lorsqu’il n’y a plus personne pour expliquer le secret ? On est condamné de génération en génération ?

&&&&&&&&&&&&&&&&&&

Je fais de la généalogie depuis plus de 20 ans et suis dans plusieurs associations. Mais quand on regarde ses ancêtres, sauf cas exceptionnel, ils avaient des vies plus que banales et n’avaient pas le temps, étant paysans à 90 %, de se poser des questions.

C’est la mode actuellement de la « psycho- généalogie ». Il faut bien trouver de nouvelles sources de revenus et il me semble (mais ceci n’engage que moi) que cela permet à certains thérapeutes de donner des explications sans grand risque. L’oncle Anatole ne sortira pas de sa tombe pour les contredire.
On veut « tout » expliquer, même l’inexplicable. Mais le mystère n’a-t-il pas son charme ?

_________________
Il est beau de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant . André Gide .


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Message Publié : 03 Juin 2007 11:39 
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Hérodote
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Inscription : 17 Déc 2006 15:48
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Localisation : Comté de Flandres
Le sujet est diffcile. Il y a des gens qui ont besoin que les choses soient dites pour avancer et d'autres qui passent outre et avancent quand meme...question d'éducation.

De là à dire que les erreurs sont "génétiques" et que tant que l'abés n'a pas été crevé, l'erreur se répétera de génération en génération, j'ai un gros doute. Ce n'est pas parce que j'ai un arrière grand-père qui est mort à la guerre, que je m'engagerais dans l'armée en espérant ne pas mourir (par exemple, mais ce n'est pas mon cas). Il y a une évolution dans les familles et dans les gens.
Je suis de l'avis de Lorelei quand il dit que "les forces et les faiblesses de nos ancetres" se transmettent. Ne dis t'on pas "tel père tel fils", dans le sens où leur caractère se ressemble.

Un secret de famille peut etre certes handicapant mais ne fais pas tout. Il resurgit de temps en temps mais il faut passer outre et peut etre qu'un jour il s'élucidera.

Chacun a besoin dans sa vie de trouver une discipline ou un loisir qui lui convient le mieux pour avancer sereinement. Ce peut etre l'histoire, comme ce peut etre la médecine ou la musique pour d'autres...

_________________
Achille Ier le psychédélique, fondateur des caves de Hurlevent : "De la bière?! Dans la Sainte Gourde?!"


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Message Publié : 03 Juin 2007 21:33 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Duff a écrit :
Je suis de l'avis de Lorelei quand il dit que "les forces et les faiblesses de nos ancetres" se transmettent. Ne dis t'on pas "tel père tel fils", dans le sens où leur caractère se ressemble.


C'est beaucoup, beaucoup plus compliqué.
Cela fait bien longtemps que les psychologues et autres spécialistes de l'éducation et du cerveau ont dépassé le débat : inné ou acquis.
Alors, si une partie du "terrain" dépend bien de nos apports génétiques et il serait bon de se rappeler que si 50% de nos gènes viennent de notre père, les 50% restants viennent de notre mère, les reste dépend de multiples critères. L'éducation tient bien entendu une part, mais nos expériences, notre vécu influent aussi la personne que nous sommes et celle que nous deviendrons.
Bien sûr que j'ai certains traits de mon père ou de mon grand-père paternel, mais j'en ai aussi de ma mère et de mes autres grands-parents. Mais, malgré cela, je suis très loin d'avoir le caractère de ma mère ou de mon père. ET, je dois bien reconnaitre, que la majeur part de mon être est due à bien d'autres choses que mes apports génétiques.
Un spécialiste de ces questions disait dans un article, que si nos apports génétiques peuvent être assimilés à la graine que l'on plante. Le milieu dans lequel on évolue serait la terre et notre éducation l'eau et l'engrais donné à la plante. Cela explique pourquoi, 2 graines identiques peuvent donner 2 plantes totalement dissemblables.

L'autre point qui importe dans cette discussion, c'est que de nombreuses expériences faites dans des conditions rigoureuses démontrent que le mensonge ou le secret n'influent sur quelqu'un qu'à partir du moment ou ce mensonge ou ce secret sont connus ou au moins perçus.

Tout le reste me parait être une absurdité sans borne dans le but de permettre à certains de se remplir les poches aux dépend de quelques personnes qui s'inquièteraient de savoir si elles sont normales ou pas. Je m'étonne que des gens qui se définissent comme des passionnés de l'histoire n'aient même pas le réflexe d'ouvrir un livre d'histoire pour y trouver les nombreux contre-exemples à cette fumisterie. Il suffit de comparer la vie de Louis XIII et celle d'Henri IV ou la vie de Louis XVI et celle de son père pour montrer ce que valent ces théories.


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Message Publié : 03 Juin 2007 21:57 
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Polybe
Polybe

Inscription : 26 Mai 2005 18:43
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Je crois qu'il est question ici de deux débats différents :
D'une part, ce que l'histoire peut nous apporter pour nous comprendre nous-mêmes. Qu'est-ce qui, dans notre histoire personnelle, peut expliquer notre intérêt pour telle époque, tel événement ou tel personnage ?
Il me semble que c'est quelque chose que l'historien ne doit pas perdre de vue s'il veut éviter de s'aveugler sur son sujet.
L'autre aspect concerne l'histoire familiale et la généalogie, je suis plus réservée.


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Message Publié : 03 Juin 2007 23:31 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
La psychogénéalogie me semble une fumisterie sans nom! Il y a des choses héréditaires prouvés scientifiquement (un gros nez, des yeux vert, des cheveux roux, etc). Pour le reste, et en particulier les choses psychiatrique, remonter au père ou au grand-père je veux bien (ceux qui ont pu constituer un exemple bon ou mauvais). Mais expliquer une dépression parce qu'un ancêtre du Moyen Age en souffrait soi-disant, ou une faillite commerciale parce que votre trisaïeule a été ruinée par le système de Law, ça me semble fort de café...


Moi j'ai des ancêtres (ou de la parenté) qui sont morts à la guerre de Trente Ans, pendant les guerres de Napoléon, pendant la Grande Guerre et même dans les camps nazis, je pense avoir assez peu de risques d'y périr moi-même... Je caricature à l'extrème, mais on en arrive un peu à des trucs de ce genre, où l'on s'éloigne et de l'histoire et de la généalogie pour parvenir à du simple charlatanisme.

_________________
"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 04 Juin 2007 8:26 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
Message(s) : 576
Localisation : Région parisienne
Aurore c a écrit :
Je crois qu'il est question ici de deux débats différents :
D'une part, ce que l'histoire peut nous apporter pour nous comprendre nous-mêmes. Qu'est-ce qui, dans notre histoire personnelle, peut expliquer notre intérêt pour telle époque, tel événement ou tel personnage ?
Il me semble que c'est quelque chose que l'historien ne doit pas perdre de vue s'il veut éviter de s'aveugler sur son sujet.
L'autre aspect concerne l'histoire familiale et la généalogie, je suis plus réservée.


Je suis de l'avis d'Aurore c. Je ne pense pas que le sujet ici soit réellement "nos ancêtres nous transmettent-ils des gènes qui dictent nos actes ?"
La question, en simplifiant, serait davantage : comment notre vécu influence-t-il notre vision de l'histoire et nos recherches quand nos sommes historiens ?
Delumeau est très explicite dans le sens qu'il donne à sa recherche, qui est une véritable thérapie intellectualisée. Mais il n'est pas le seul. Michelet, au XIXe siècle, se sert de l'histoire de la même manière, mais sans l'avoir ouvertement proclamé.
Michelet appartient d'abord à la mouvance romantique, au moment où le "moi" d'une personne prend toute sa légitimité et trouve une tribune pour s'exprimer dans toutes les occasions.
Je pense notamment à son livre "Renaissance et Réforme" : en lisant, je me disais que pour la "Renaissance", il ne racontait et ne décrivait qu'avortements et accouchement dans la douleur (les guerres d'Italie, le Jugement dernier de la chapelle Sixtine, la mort de Savonarole, etc...), jusqu'au "Melancolia" de Dürer. Puis arrive Luther. Et que fait Luther ? Il chante, et avec sa musique remplit le monde de joie. Et Michelet s'identifie tellement à son histoire qu'il emploie soudain la première personne et raconte sans avertissement une vision totalement personnelle :
Citer :
"Dans un jour de malheur et d'imminent malheur où le ciel se cernait de noir, je vis un point d'azur qui luttait, grandissait, contre les nuées sombres, azur d'acier, sévère et sérieux où le soleil ne riait pas. N"importe, je m'y rattachai, je le suivais des yeux. Mon coeur chanta et j'étais relevé. Voilà la vraie Renaissance. Elle est trouvée. C'est la Renaissance du coeur."


Ce n'est pas le seul endroit de son livre où cela arrive, parce que le "je" est réellement omniprésent. C'est très étonnant au début, d'autant que Michelet se proclame scientifique, analysant des faits et des archives. En réalité, il a l'honnêteté de reconnaître qu'il entre une part de lui-même dans son analyse (une part... c'est même lui tout entier !), et je pense aussi que cela vient d'une conception philosophique de l'être humain qui consiste en ces quelques mots : "je suis humain, et je considère que rien de ce qui est humain ne m'est étranger". A ce titre, quand Michelet parle de son expérience, celle-ci a valeur universelle et permet d'éclairer la propre expérience de ses ancêtres qui sont déjà dans l'Histoire.
En retour, l'expérience collective (j'inssiste sur le "collectif") de ses ancêtres éclaire l'expérience individuelle de Michelet. Pour lui, c'est aussi une manière de s'iinscrire dans l'Histoire et de donner un sens à son existence.

Je répondrai brièvement à Bongobong sur le point suivant, bien qu'il me paraisse un peu hors du sujet :
Citer :
voici un autre exemple : dans une famille, les secrets, les non dits, de génération en génération vont se transmettre jusqu'à que cela éclate au grand jour et que l'on explique le secret. tant que l'on explique pas pourquoi on a rien dit et l'évènement secret , cet événement se répète dans les générations qui suivent.


Un "secret" qui peut éclater au grand jour n'en est pas un, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire. Un secret vraiment oublié ne ressort jamais. S'il peut s'exprimer une ou deux générations suivantes, c'est qu'il a été entretenu, ou au moins que le traumatisme qu'il a engendré a été entretenu par la famille, de façon plus ou moins consciente. Mais en aucun cas, on ne peut expliquer les phénomènes de répétition par la seule génétique, qui nous priverait de notre libre arbitre et du fait que nous sommes des êtres de culture, pas seulement de nature :) .
Il en va de même pour la "mémoire collective" et les "traumatismes collectifs".

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