Huyustus a écrit :
Si je veux, j'ai le droit de dire cela. Si par cela je deviens ridicule et la cible des quolibets, que mon patron me vire, mes amis m'évitent, mes voisins me crèvent les pneus, la police refuse de me protéger, tant pis pour moi, mais j'ai le droit de le dire (et de porter plainte contre la police et les voisins creveurs de pneus, d'ailleurs, et de poursuivre mon employeur aux prud'hommes, procès que je gagnerai tous si nous sommes toujours dans un état de droit)
La loi, à la base, sert à garantir l'ordre public. Vous réclamez le droit de pouvoir dire ce qu'il vous plaît, même si cela est faux. Or, dans certains cas, la loi reconnait que certains propos vont entraîner un trouble de l'ordre public. La loi prend les devants en interdisant ces propos. Que certains tentent de détourner la loi à leur profit en cherchant à en élargir le contenu est logique et c'est au juge de se prononcer. Je vous rappelle que quoique vous en disiez ils ne se sont pas prononcés sur le cas qui vous tient à cœur; l'affaire n'a pas été jugée sur le fond et le fait que la plainte à été retirée indique bien, dans l'état actuel de la jurisprudence de ce qu'aurait été la réponse des juges. On n'abandonne pas par noblesse d'âme si on sait que l'on va gagner à plate couture. On abandonne surtout dans le cas ou l'on sait que l'on va sortir perdant de la double bataille: judiciaire et médiatique (et dans ce cas, je ne pense pas que la judiciaire avait le plus d'importance).
Revenons à notre trouble à l'ordre public. Vous écrivez :
Huyustus a écrit :
Je suis en désaccord : La loi Gayssot, par exemple, interdit d'aborder le sujet de la réalité du génocide des juifs en Europe par les nazis. C'est bien une "interdiction d'aborder".
Désolé, la loi sert à garantir l'ordre public. La négation d'une chose avérée comme réelle peut dans certains cas entraîner un trouble de l'ordre public. Il est donc normal qu'une loi interdise cela.
Mais, le pire c'est l'amalgame fait par nombre de personne entre le savoir ou la connaissance et la négation de la vérité. Le négationnisme est le contraire de la connaissance. En réclamant le droit ne nier la vérité comme bon nous semble, certains réclament en réalité le retour à des ages sombres ou la vérité n'appartenaient qu'à quelques uns.
Ce n'est pas plus de vérité que vous demandez, c'est l'inverse.
Huyustus a écrit :
Entendons nous bien, je suis toujours là sur mon point sémantique, ainsi que sur ma conviction en faveur de la liberté d'expression, pas du tout sur le sujet de la réalité historique qui fonde ces lois, réalité dont je suis intimement convaincu.
Justement, ces lois ont pour but de ne pas permettre à n'importe qui de nier des choses avérées, des choses qui se sont passées et qu'aucun historien sérieux ne remet en doute.
Les historiens sérieux cherchent à affiner les détails. La perception que nous avons de la Shoah ou de l'esclavage viennent des travaux de ces historiens sérieux. En forçant l'imaginaire à coller à la réalité, ils combattent efficacement le négationnisme. D'accord, dans certains cas, certains chiffres furent revus à la baisse. Ce ne sont pas 6 millions de juifs qui sont sortis d'Auschwitz par la cheminée. Il "ne" furent qu'environ 3 millions. Affiner les chiffres a donné une réalité à ces choses. Les suivis statistiques des populations montrent tout l'horreur du nazisme. Ce sont peut-être des comptes d'apothicaire, mais derrière il y a la violence des faits, et les faits y gagnent en consistance.
Certains contestaient ces chiffres (et donc les faits qu'il y avait dérrière) en disant que si l'on faisait la somme des victimes et de ceux qui ont survécu, on trouvait un chiffre largement supérieur au nombre de juif présents en Europe à l'époque. En ramenant, les chiffres à des valeurs réalistes, les historiens ont démonté cet argument (on le voit encore deci-dela sur certains sites, mais il ne résiste pas à une argumentation sérieuse).
Alors, la nouvelle voie d'attaque, c'est de prétendre que si ce n'était pas un mensonge inventé, on n'aurait pas besoin d'une loi ,en prétendant que ces lois sont faites pour interdire l'étude du sujet par les historiens. Or, ce n'est pas le cas !
Les historiens sérieux ne sont pas entravés dans leurs travaux. Les seuls qui ont été poursuivis
et condamnés sont des falsificateurs, des négationnistes, des gens qui n'ont pas la moindre formation en histoire et qui prétendent juste vouloir soumettre ces évènements à leur sens critique. Quand leur sens critique en arrive à vouloir étendre un voile de fumée sur la réalité et nier les victimes, je trouve normal qu'on les combatte.
Certains attendaient que les historiens soient en première ligne de ce combat. Ce ne fut pas le cas, et c'est normal. Les législateurs ont demandé à la justice de tenir ce rôle. Mais, il faut que ce combat soit mené, parce que ces gens s'attaquent aux bases de nos sociétés.