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Fin du quart d'heure provocation
Pourquoi? Il n'y a pas de mal à critiquer les prédécesseurs! Après tout, les historiens aiment démolir les travaux de leurs anciens confrères pour apposer à leur tout leurs griffes et leurs vues sur l'histoire! Vous n'avez pas l'air d'être un déboulonneur de statues même si on a critiqueé la mainmise étouffante, la situation monopolistique des Annales sur la recherche française. Pour aller dans votre sens et montrer que l'on a su être critique vis-à-vis des Annales, je voudrais citer un passage des
Ecoles historiques de
G. Bourdé et
H. Martin au Seuil (p. 251):
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Rien ne définit mieux un courant de pensée que les textes sacrés qu'il invoque. Paradoxe, ce courant de pointe a éprouvé le besoin de se doter d'une glorieuse généalogie et d'échafauder une version quasiment mythiques de ses origines en vouant un véritable culte à ses pères fondateurs
Plus loin, p. 253 :
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Rares sont les collaborateurs qui ont omis d'encenser l'auteur de La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II. Les étudiants d'une université de province en avaient aussitôt tiré la leçon en 1978 : ils avaient spontanément canonisé Fernand Braudel, vaient apposé sa belle effigie dans leur bibliothèque, lui avait adressé de pressantes prières ("saint Fernand, patron de la nouvelle histoire, permets-moi de passer sans embûche mon examen d'épistémologie") et lui avaient offert de touchants ex-voto (cartes postales, manuels d'histoire, cahiers de cours, etc) en signe de reconnaissance
Je voudrais d'ailleurs bien connaitre cette université de province
!
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Inquiétudes qui se confirment quand mes étudiants d'à peine 20 ans ont Marc Bloch à la bouche toutes les cinq minutes...
En même temps, quand on aime l'histoire, il est logique d'éprouver une sympathie pour le culte des ancêtres
. Vos étudiants ont au moins le mérite de s'intéresser aux grandes figures de l'histoire et de lire les grands classiques (ce que ne font pas tous les étudiants, préférant parfois se ruer sur les manuels crées pour eux certes, mais ne donnant pas une culture historique des grands livres d'histoire comme le
Dimanche de Bouvines ou
Montaillou).
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N'est-il pas temps d'aller voir ailleurs ce qui se fait dans notre discipline (combien sommes-nous, nous autres français, franco-centrés) plutôt que de célébrer ad nauseam les vieux maîtres ?
Vous avez raison, il faut comprendre aussi les jeunes chercheurs (peut-être est-ce votre cas?) qui cherchent à se faire remarquer par la qualité de leurs travaux, dans une compétition de plus en plus féroces pour réussir à se faire publier et à "sortir du lot" et qui constate désabusés que l'on porte plus d'intérêt aux vieux travaux qu'à ceux de la recherche actuelle...