Huyustus a écrit :
Au risque de me répéter, il me semble que ce fil adresse le sujet de manière biaisée.
Je crois qu'un scientifique idéologue n'est pas un scientifique ; c'est uniquement un idéologue.
De ce fait, un historien marxiste, c'est un idéologue, ce n'est pas un historien.
Ca fait beaucoup d'historiens qu'il faut rayer de la profession.
Trois choses :
- Ne pas oublier (on l'a déjà dit, mais bon) que ces fameux non-scientifiques ont tout de même apporté à notre fond commun, et qu'il arrive que l'on travaille avec comme base cette historiographie (sans s'en apercevoir parfois). Les grands défrichages labroussiens, l'histoire du mouvement ouvrier (comme participant de l'histoire sociale, économique) en sont des exemples.
Et de fait, depuis les années 70, on est plutôt au grenier qu'à la cave. Mais n'est ce pas en connaissant suffisamment la cave qu'on a pu s'aventurer au grenier ?
- La théorie marxiste, pour peu qu'on la considère comme théorie (ce n'est pas votre cas, soit, puisque vous l'excluez de façon commode, comme on le fait habituellement lorsqu'on veut exclure un possible - "idéologie", "utopie"), peut être très utile à la réflexion de l'historien.
Parce que l'historien n'est pas seul face à ses sources, dans un désert intellectuel : de même qu'il peut interroger les sociologues, les anthropologues, les ethnologues sur tel ou tel phénomène, et donc varier les perspectives, je ne vois pas en quoi il ne serait plus historien dès lors que pour interroger son sujet il prendrait des lunettes marxistes, comme il pourrait prendre des lunettes éliasiennes ou wébériennes.
C'est le changement de focale qui fait l'intérêt de la démarche.
- Enfin, avec votre syllogisme un peu tape à l'oeil, vous excluez du métier d'historien bien plus de "scientifiques" que vous ne le pensez. Et un historien marxiste vous dirait (je ne suis ni l'un ni l'autre) :
"Un historien libéral, c'est un idéologue, donc ce n'est pas un historien".
Jacques Marseille (ancien marxiste d'ailleurs) est-il un historien ? etc...
Il y a une multitude de points de vue sur le monde social, politique, sur l'homme en général; et le point de vue duquel on part conditionne toujours peu ou prou l'histoire que l'on fait.
Donc nuance, auto-critique, vigilance. Ce sont aussi des devoirs et des qualités de l'historien.