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Message Publié : 22 Mars 2008 16:07 
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Eginhard
Eginhard
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Inscription : 30 Juil 2007 13:17
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Et bien Narduccio, il semble que notre coopération a pas mal fonctionné ;) .

En tant que tel, il n'existe pas de frontière entre l'actualité et l'histoire; comme le disait Karolus, c'est à l'historien qu'il appartient de la fixer. J'irai même plus loin; par déontologie, l'historien est obligé de fixer une frontière la plus imperméable possible entre son histoire et sa perception de l'actualité. Or beaucoup ne prennent pas cette précaution, c'est d'ailleurs je pense pour cette raison (en grande partie) que le forum s'arrête en 1989. Je pense, mais cela n'engage que moi, que l'on ne peut jouer sur les deux tableaux en même temps. Comme le disait Jean-Claude, il y a une différence de méthode.

Pour la dialectique histoire/actualité. Il est certain que c'est l'opinion publique qui décide de façon inconsciente quand un évènement rentre dans l'histoire ou quand il en ressort pour redevenir actualité. Journalistes, polémistes,... ramènent souvent tel ou tel fait historique sur le devant de la scène pour étayer leur argumentation. Le problème étant qu'il le font sans respecter les canons historiques (Je répète à nouveau Jean-Claude). Nous l'avons vu avec Ribbe et Lecour Grandmaison. L'actualité fait donc souvent appel à l'histoire, mais le plus souvent sans respecter l'essence de la matière.
A l'inverse l'histoire peut se passer de l'actualité, le problème étant que l'historien vit dans celle-ci. Sa vision de l'histoire est donc fréquemment "polluée" par cette actualité.

Il appartient à l'historien et à lui seul de construire sa frontière entre son objet d'étude et l'actualité.

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"Si, dans la pratique démocratique anglaise, l’opposition, selon un mot admirable, remplit un service public, dans les États totalitaires, l’opposition devient crime ", Raymond ARON.


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Message Publié : 24 Mars 2008 11:12 
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Eginhard
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Inscription : 30 Juil 2007 13:17
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Etant donné la qualité de nombreuses interventions, je me permets de relancer le topic sur une autre piste. Il semble qu'il n'existe de frontière entre histoire et actualité que celle fixée par l'historien. Mais qu'apporte l'histoire à l'actualité et l'actualité à l'histoire? Dans quelle mesure l'une a-t-elle besoin de l'autre?

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Message Publié : 24 Mars 2008 18:31 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 01 Nov 2006 16:49
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Localisation : Triangle des bermudes
Citer :
qu'apporte l'histoire à l'actualité et l'actualité à l'histoire? Dans quelle mesure l'une a-t-elle besoin de l'autre?


Ce topic a négligé un aspect qui peut déterminer les limites de l'histoire ; l'émotion. Dans quelle mesure l'actualité appartient-elle à l'histoire? La chute du mur de Berlin, 1989, représente la fin du communisme international. Cette actualité s'écrit dans le champ de l'histoire. L'idéologie communiste était devenu obsolète, anachronique. Elle survivait dans l'actualité jusqu'au jour où celle-ci fut ébranler dans ses fondements, sa légitimité... Dès lors, l'actualité enterre une idée.
Le 11 septembre, s'est l'inverse. L'actualité fait naître une idée conséquence d'un fait dans l'histoire. L'histoire a besoin de la datation pour se situer dans une logique linéaire rationnelle. L'actualité a besoin de l'histoire pour orienter l'émotion publique dans sa compréhension immédiate du fait. Après...

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Message Publié : 24 Mars 2008 19:11 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Jean.D a écrit :
La limite serait alors la date de mise à disposition de l'ensemble des documents permettant une étude exhaustive. En France, cela serait de 30 ans (en théorie) mais de nombreux documents sont inaccessibles avant 60 ans. Pour moi ce chiffre marquerait la frontière entre passé et actualité.


La limite à cela est qu'on ne sait jamais si on a en main toutes les sources. Un travail sérieux sur des événements très anciens peut être remis en cause par la découverte de nouvelles sources ; a contrario, ça n'empêche pas de faire un travail sérieux même en sachant que certaines sources existent, mais ne sont pas encore accessibles.

Imaginons qu'on décrypte demain un palimpseste qui raconte une "Histoire des Francs" très différente de celle de Grégoire de Tours, sous la forme d'un "journal" décrivant l'actualité de l'époque. Ca ne rend pas d'un coup caduc le travail des historiens, mais ça ouvre un champ d'étude complémentaire.

L'historien travaille sur la base des sources disponibles ; il peut le faire sur un événement récent ; le risque c'est que si peu de sources soient disponibles que le travail ne sera pas crédible.
Dit autrement, on doit commencer à pouvoir travailler sur le Rwanda et le 11/09, même si on sait bien que les archives des services secrets et militaires ne seront pas accessibles avant longtemps. Mais il y a de nombreuses autres sources.

En revanche, un travail d'historien sur l'indépendance du Kosovo, on peut se demander si ça a déjà un sens.


PS : très intéressante discussion en tout cas ;)

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Les facultés de conceptualisation de l'empereur Constantin paraissent avoir été très limitées ; malgré de longues séances, les évêques ne semblent pas avoir réussi à lui faire bien comprendre la différence qui séparait l'orthodoxie de l'arianisme. (Y. Le Bohec)

Bref, un homme "au front étroit mais à la forte mâchoire" (J.P. Callu)


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Message Publié : 24 Mars 2008 19:47 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 01 Nov 2006 16:49
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Localisation : Triangle des bermudes
En somme, vous mettez en avant la disponibilité de la source Mr Huyustus. A priori, l'historien n'a pas à sa disposition la même quantité d'information qu'un journaliste d'actualité pour le même fait. Donc, on est en droit de penser que le journaliste informe mieux le lecteur qu'un historien sur le même fait?!
Mais, l'actualité va plus facilement influencer le professionnel de l'information par sa proximité avec l'événement. Il y a au moins deux raisons valables ; l'origine sociologique du journaliste et l'état politique du moment. Sur ce dernier point, il ne faut pas négliger l'accointance entre l'actualité et l'interprétation (ou stratégie) politique.
Par exemple, un journaliste traite des heures de révolte avec l'oeil protecteur de la sécurité publique. Il aura un discours et un point de vue proche de l'autorité publique. S'il s'agit de direct.
Par contre, dans le cadre du reportage, il a la possibilité et le temps de prendre un peu de recul et de passer derrière la barricade.
L'historien prend le premier journaliste, le second et l'événement dans son ensemble. Il a le temps avec lui. C'est, à mon sens, toute la différence. Le journaliste est pressé par le temps, l'historien a tout son temps.

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Message Publié : 24 Mars 2008 19:49 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Huyustus a écrit :
Jean.D a écrit :
La limite serait alors la date de mise à disposition de l'ensemble des documents permettant une étude exhaustive. En France, cela serait de 30 ans (en théorie) mais de nombreux documents sont inaccessibles avant 60 ans. Pour moi ce chiffre marquerait la frontière entre passé et actualité.


La limite à cela est qu'on ne sait jamais si on a en main toutes les sources. Un travail sérieux sur des évènements très anciens peut être remis en cause par la découverte de nouvelles sources ; a contrario, ça n'empêche pas de faire un travail sérieux même en sachant que certaines sources existent, mais ne sont pas encore accessibles.


Bien sûr, plus on attend, et plus on à accès à de nouvelles sources. Mais comme dans le même temps d'autres disparaissent ou sont détruites, je suis d'accord avec vous pour dire qu'attendre n'est pas une solution.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 25 Mars 2008 12:01 
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Eginhard
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Inscription : 30 Juil 2007 13:17
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Je pense qu'il n'est pas nécessaire de souligner à quel point l'actualité a besoin de l'histoire.

De l'autre côté, l'histoire a-t-elle besoin de l'actualité? Au premier abord, je dirai non. L'historien n'a pas besoin de ce qui se passe dans sa société pour comprendre les sociétés du passé. Mais pourtant force est de constater que si l'historien était totalement détaché du présent, certaines avancées n'auraient pas été possibles. L'historiographie marxiste et quantitativiste est fruit de l'actualité et du fait que l'historien répercute ses positions actuelles sur son objet d'études. Il n'est point la peine de rappeler les travers de cette école, mais elle a permis une avancée réelle de nombreux sujets. Cette voie conduit pourtant rapidement à l'impasse puisque l'historien en remettant en question ses travaux, entame une critique de sa propre personnalité.

Histoire et actualité ont donc besoin l'une de l'autre; mais jusqu'à quel point? Quelle limite ne doit pas être franchie? Je crois que nous ne sommes pas prêts de trouver les réponses.

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