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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 20 Oct 2008 8:07 
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Ce lundi 20 octobre, à 22h45 sur France 3, dans le cadre de l'émission Ce soir ou jamais:

Politiques et historiens : qui écrit l’histoire ? avec entre autres Pierre Nora, Christiane Taubira, Pascal Blanchard, Nacira Guénif Souilamas et Rony Brauman.

L'émission pourra être visionnée dès le lendemain sur le site de la chaîne:

http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/ind ... ge=accueil

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 21 Oct 2008 19:07 
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Pensez à jeter un oeil au débat d'hier soir si vous ne l'avez pas déjà fait, c'était de très bon niveau.

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 21 Oct 2008 19:50 
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Bonsoir,

J'ai visionné "in live" le débat d'hier soir chez Taddei. En effet, c'était de très bon niveau chez la plupart des intervenants, avec des arguments plus qu'intéressant qui d'ailleurs ont été donné ici par les uns et les autres ici même (à croire qu'ils copient ;) ).
J'ai pu constater aussi finalement une certaine marginalisation de P. Nora au sein du débat (c'est vrai qu'il a commencé très fort en donnant tous les bâtons pour se faire battre). On s'aperçoit également que LPH n'est pas si unitaire que cela, mais il y a finalement une grande palette de nuances par rapport aux positions de P. Nora. Je dois dire que le point de vue de la sociologue était fort intéressant sur les risques d'utilisation des sciences humaines par le politique.

Cordialement.

PS : je vais écouter au plus vite, dès que j'ai le temps, le débat radiophonique.


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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 23 Oct 2008 19:20 
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Eginhard
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Et ça continue...

Citer :
Ukraine : la famine de 1932 "crime contre l'humanité", selon les eurodéputés

Dépêche AFP, 23 octobre 2008, 16h53.

Le Parlement européen a adopté jeudi [23 octobre 2008] un texte qualifiant de "crime contre le peuple ukrainien et contre l'humanité" la grande famine de 1932-33 dans laquelle des millions d'Ukrainiens ont péri, au risque de s'attirer les foudres de Moscou.

Dans ce texte voté à une large majorité, les eurodéputés, réunis à Strasbourg, "reconnaissent" cette famine, connue sous le nom d'"Holodomor" (extermination par la faim) comme ayant été "un crime effroyable perpétré contre le peuple ukrainien et contre l'humanité".

Ils "condamnent fermement ces actes commis contre la population rurale d'Ukraine, caractérisés par une extermination et des violations massives des droits de l'homme et des libertés" et expriment leur "sympathie à l'égard du peuple ukrainien victime de cette tragédie".

Ils invitent aussi tous les pays de l'ex-URSS à "permettre un libre accès aux archives relatives" à cette famine afin que toutes ses causes et conséquences "soient révélées et étudiées en détail".

Cette résolution pourrait irriter les autorités russes, qui ont toujours contesté que cette famine ait été un "génocide" délibérément préparé par le pouvoir soviétique à Moscou.

Cette famine a en effet fait des millions de morts - entre quatre et dix millions selon certaines estimations - dans ce qui était alors la république socialiste soviétique d'Ukraine, mais elle a aussi touché durement d'autres régions de l'URSS, comme le Kazakhstan, le Caucase et la Sibérie occidentale.

L'eurodéputée verte allemande Rebecca Harms, qui a plaidé pour cette résolution au sein de son groupe, assure que ce texte n'est "pas du tout" dirigé contre la Russie.

Le plus important, pour elle, est l'accès aux archives car il s'agit d'encourager "le travail sur l'histoire qui doit être fait", même s'il y a "des gens en Russie qui ne veulent pas faire ce travail". Un travail urgent, note Mme Harms, car les survivants de cette tragédie peuvent encore aujourd'hui témoigner, alors que "dans 10 ans il sera trop tard".

Le texte a été adopté jeudi sans amendement, la plupart des groupes politiques du parlement - à l'exception notable des communistes de la Gauche unitaire européenne (GUE) - s'étant entendus sur la résolution.

D'après un porte-parole du Parlement, la mort en juillet dans un accident de voiture de l'éminent eurodéputé polonais Bronislaw Geremek, figure emblématique de l'opposition anticommuniste polonaise, a "presque constitué un argument supplémentaire" en faveur de l'adoption de cette résolution.

"Il s'était beaucoup intéressé à ce sujet et avait voulu que le Parlement européen adopte une résolution là-dessus", a expliqué le porte-parole.

http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-37383862@7-60,0.html

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 23 Oct 2008 19:46 
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Le pire c'est que ce sont des motivations géopolitiques actuelles qui motivent ces gens pour juger le passé... >:(
Bon, d'un autre côté, c'est vrai qu'il y a des aspects proches du crime contre l'Humanité dans la tragédie ukrainienne.
Mais, fixer à nouveau l'Histoire dans le marbre de la loi, est à nouveau révoltant !

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 23 Oct 2008 20:29 
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Philippe de Commines
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Ca me choque moins cette fois-ci, puisqu'il ne s'agit pas d'une loi, mais d'une simple résolution, qui si j'ai bien compris n'a aucune valeur juridique.

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Les facultés de conceptualisation de l'empereur Constantin paraissent avoir été très limitées ; malgré de longues séances, les évêques ne semblent pas avoir réussi à lui faire bien comprendre la différence qui séparait l'orthodoxie de l'arianisme. (Y. Le Bohec)

Bref, un homme "au front étroit mais à la forte mâchoire" (J.P. Callu)


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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 24 Oct 2008 6:55 
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La famine de 1933 en Ukraine : du tabou au totem, par Eric Aunoble

L’affirmation officielle d’une « histoire et de valeurs communes » entre l’Ukraine et l’Union européenne en a choqué certains qui rappelaient les pages noires du collaborationnisme ukrainien pendant la seconde guerre mondiale (1). Presque vingt ans après l’éclatement de l’URSS, la question de la mémoire et de l’histoire reste problématique à l’est de l’Europe. La tragédie de la famine de 1933 est exemplaire à ce titre, tant elle a été objet d’occultation et en même temps de sur-interprétation.
Un tabou stalinien...

Aujourd’hui, on estime que les suites de la collectivisation forcée ont coûté de 2,2 à 7 millions de vies humaines à l’Ukraine en 1932-1933. S’il s’agit indéniablement d’une catastrophe humanitaire de premier plan, des divergences persistent sur son périmètre : doit-on compter outre les morts de faim, ceux de maladie, voire ajouter le déficit des naissances ? Concernant les outils statistiques à utiliser, on se demande également de combien il faut « corriger » les données soviétiques officielles.

En effet, jusqu’à sa reconnaissance par le PC Ukrainien le 7 novembre 1987, la famine a constitué un tabou en URSS. Non seulement la presse n’en disait rien, mais les archives se taisaient aussi largement. Les responsables politiques ou administratifs locaux n’osaient souvent pas consigner la mort de leurs concitoyens et ses causes tant ils craignaient par là-même d’apparaître comme des critiques de Staline. Dans les documents des soviets, il est plus facile de compter la mortalité des chevaux ou des cochons que celle des hommes...

Bien gardé, le secret n’était pourtant pas absolu. Les journaux soviétiques relataient la condamnation de cuisiniers-saboteurs et de dissimulateurs de grain ; ils donnaient des conseils aux possesseurs de potager pour combler les « difficultés d’approvisionnement ». La presse laissait sourdre une véritable psychose de la nourriture, qu’on retrouve à l’identique dans les archives des pouvoirs locaux.
... finalement brisé

À l’étranger, l’omerta stalinienne était relayée par les partis communistes, mais aussi par des compagnons de route prestigieux et des démocrates insoupçonnables comme Édouard Herriot qui déclara à son retour d’URSS : « Lorsqu’on soutient que l’Ukraine est dévastée par la famine, je hausse les épaules » (Le Matin, 18/09/1933). Le black out était aussi favorisé par un contexte de crise en Occident, crise dont l’URSS était immune.

La faible voix des opposants à Staline (Bulletin de l’Opposition trotskiste, Messager socialiste menchevique) s’inscrivit en faux. Surtout, la grande presse fut alertée par les nationalistes ukrainiens en exil. Plusieurs articles parurent, se fondant sur des récits de témoins : réfugiés, voyageurs d’occasion ou émigrés économiques en visite dans leur famille.

Les derniers doutes sont levés avec la perestroïka. Les historiens convoqués pour disculper le Parti ouvrent la brèche de la communication des archives. Le contrôle politique se relâche et disparaît et la connaissance de la famine est étayée par la publication de recueils de sources. Les archives des hauts dirigeants et de la police politique n’avaient guère de fausse pudeur : elles consignaient la révolte, le désespoir et la mort des paysans.
Une volonté génocidaire ?

Entre 1933 et 1987, le silence n’avait régné qu’à l’est. En Occident et particulièrement en Amérique du Nord, la diaspora ukrainienne, essentiellement économique et pré-révolutionnaire, était constituée en communauté, avec sa presse et ses associations. Elle devint la caisse de résonance des émigrés politiques qui lui donnaient la trame d’un récit national. L’expression de « Renaissance fusillée », qualifiant à l’origine les écrivains de la génération révolutionnaire, exprime la trajectoire de l’Ukraine au XXe siècle : la nation, qui déclara son indépendance en 1918 et dont la culture se développait dans les années vingt, avait été brisée dans son élan pendant la décennie suivante.

Il n’était pas suffisant de constater que le régime stalinien avait tout broyé sur son passage, paysans et ouvriers, non-communistes et membres du Parti, Ukrainiens et Russes. Les malheurs et la répression qui s’abattirent dans les années trente devaient revêtir un caractère intentionnel et ciblé pour donner à l’Ukraine la légitimité d’une nation à part, fût-elle martyre. Cette stratégie est favorisée par la guerre froide et son renouveau sous Ronald Reagan.

En 1983, cinquante après, les organisations ukrainiennes lancent une vaste campagne d’opinion qui emploie deux termes fortement évocateurs. La famine est qualifiée d’ « Holocauste » et de « génocide » (2). Le parallèle avec l’extermination des Juifs par les Nazis est conscient. Il s’agit de provoquer le même choc mémoriel que celui qui s’est opéré depuis peu autour de la Shoah. Le dissident Leonid Pliouchtch écrit par antiphrase : « Il est déjà tellement odieux de parler des 6 000 0000 de Juifs. Pourquoi salir la conscience européenne, déjà souillée, d’une nouvelle tache sanglante de 6 000 000 de morts ? » (3)

L’initiative est un succès. En France, elle est parrainée par André Glucksmann et Alain Besançon. Aux États-Unis, le Congrès crée une commission d’enquête historique. Au terme des auditions, celle-ci se fonde sur l’ « universalité des droits humains et de la souffrance humaine » pour conclure que la famine, sciemment provoquée, visait les Ukrainiens en tant qu’ethnie. Cette victoire stratégique (qui ne sera d’ailleurs pas confirmée par des congrès plus scientifiques rassemblant historiens ou juristes) change la nature de la comparaison avec la Shoah : on ne peut pas parler de révisionnisme, mais sûrement de relativisme (4) .
« Lacrymogénèse » d’une nation

Après 1991, l’Ukraine devenue indépendante se cherche une légitimité. La référence à un passé commun d’oppression par le grand frère soviétique en fournit une, recyclant à la fois le sentiment antirusse du nationalisme ukrainien traditionnel et l’anticommunisme des mouvements anti-soviétiques. Les « nationaux-démocrates » (souvent d’anciens dissidents) aident les nouveaux dirigeants (tous d’anciens nomenklaturistes) à poser la famine comme totem de la nation et de l’État nouveau. On parle désormais de « Holodomor », c’est à dire « massacre par la faim » et non de simple famine (holod).

Avant le second tour de l’élection présidentielle de 1999, qui oppose un candidat communiste au président sortant Leonid Koutchma, les images de la famine envahissent les écrans de télévision. Le message est clair : pour éviter le retour du totalitarisme, il faut voter Koutchma. Message clair mais absurde car Koutchma avait été un apparatchik autrement plus haut placé que son concurrent ; de plus, les communistes ukrainiens ne voulaient ni ne pouvaient ressusciter Staline. Mais le message est efficace : les reports de voix font défaut au communiste et l’avance de Koutchma est consolidée.

De la présidence Koutchma au régime « orange », il y a continuité et renforcement de la politique étatique de valorisation du holodomor : initiative à l’ONU pour faire reconnaître internationalement la famine (2003), vote en Ukraine d’une loi portant le caractère génocidaire et condamnant sa négation (2006)... En 2008, les archives régionales reçoivent l’ordre de présenter partout des expositions au public pour le 75e anniversaire.

Cette dernière initiative a été réalisée selon les meilleures traditions soviétiques : les régions qui ne faisaient pas partie de l’URSS à l’époque ont dû obtempérer (5)... À Kharkiv, un dépôt a été créé spécialement pour que les chercheurs puissent travailler sur ce thème. Il ne recèle que des extraits d’état civil qui ne permettent aucune étude en profondeur, de l’aveu même des archivistes. Au moins ces derniers travaillent-ils maintenant dans un cadre agréable et rénové, ce qui n’est pas le cas de leurs collègues des autres réserves.
* * *

Fonder l’identité ukrainienne sur un martyr, dans une « lacrymogénèse » selon l’expression de l’historien américain Mark von Hagen, montre l’absence de valeurs positives qui pourraient rassembler la population et les « élites ». Cela permet sans doute de conjurer politiquement la menace russe et le danger rouge. Mais c’est au prix de l’exacerbation d’un nationalisme qui dénie aux autres le statut de victime qu’il s’arroge. La famine de 1933 en URSS n’avait pas touché que l’Ukraine et les Ukrainiens, mais les habitants de toutes les régions à blé : Volga, Kouban, Kazakhstan... De plus, en arguant du caractère intentionnel et planifié de la famine, on renonce à comprendre le système stalinien dans sa « complication », selon l’expression de Claude Lefort. Enfin, relativiser le sort des Juifs est dangereux dans un pays où l’antisémitisme s’exprime fortement dans l’espace public alors que la Shoah n’avait pas été reconnue avant 1991, ni assumée depuis.

Éric AUNOBLE, docteur de l’EHESS, auteur de « Le communisme tout de suite ! », le mouvement des communes en Ukraine soviétique (1919-1920), Les Nuits rouges, Paris, 2008

Pistes bibliographiques

Georges Sokoloff, « La guerre paysanne de Joseph Staline », in 1933, l’année noire : Témoignages sur la famine en Ukraine, Paris : Albin Michel « Histoire à deux voix », 2000.

France Meslé et Jacques Vallin (dir.), Mortalité et causes de décès en Ukraine au XXe siècle, Cahiers de l’INED, 2003.

France Meslé, Gilles Pison et Jacques Vallin, « France-Ukraine : des jumeaux démographiques que l’histoire a séparés », Population et sociétés, n°413, Juin 2005 sur http://www.ined.fr/fichier/t_publicatio ... is.413.pdf

Arcadie Joukovsky, « Echos de la famine de 1932-1933 en Ukraine en France et dans les pays francophones » in La Famine-Génocide de 1933 en Ukraine soviétique : 50ème anniversaire, 1983 (déjà cité).

Johan Öhman, “From Famine to Forgotten Holocaust : The 1932-1933 Famine in Ukrianian Historical Cultures” in Klas-Göran Karlsson and Ulf Zander, eds., Echoes of the Holocaust : Historical Cultures in Contemporary Europe, Lund : Nordic Academic Press, 2003.

Georgiy Kasianov, “Revisiting the Great famine of 1932-1933, Politics of Memory and Public Consciousness (Ukraine after 1991)” in Michal Kopecek (dir.) Past in the making : historical revisionism in Central Europe after 1989, Budapest-NY : Central European UP, 2008.

Sur la reconnaissance juridique de la famine :
http://www.ukrainiangenocide.com/75th_E ... ge_30.html et page suivante.

Notes :

(1) Cf. dans Le Monde : Michaël Prazan, « L’Ukraine, « pays européen » ? Pas évident », le 16/09/2008 ; Yuriy Kochubey (ambassadeur d’Ukraine en France), « Ne cédez pas à la propagande de Moscou ! », le 01/10/2008.

(2) Wasyl Hryshko, The Ukrainian Holocaust of 1933, Toronto : Bahriany foundation, 1983. Comité Central des Organisations Ukrainiennes en France, La Famine-Génocide de 1933 en Ukraine soviétique : 50ème anniversaire, Paris : s.n., 1983.

(3) Leonid Pliouchtch, « Lettre ouverte », in L’inHumanité, tract, s.l. : s.d. (c. déc. 1983).

(4) Stéphane Courtois écrit dans le Livre noir du communisme (1997) : « La mort de faim d’un enfant de koulak ukrainien délibérément acculé à la famine par le régime stalinien "vaut" la mort de faim d’un enfant juif du ghetto de Varsovie ». Cf. également http://www.ukrainiangenocide.com/75th_E ... ge_29.html . Voir la réaction de Benoît Rayski, L’enfant juif et l’enfant ukrainien, Réflexions sur un blasphème, Éd. de l’Aube ; 2001.

(5) Cf. l’exposition à Lviv : http://www.archive.lviv.ua/materials/ex ... olodomory/. La région de Lviv appartenait à la Pologne jusqu’en 1939-1945.
Source: http://cvuh.free.fr/spip.php?article208


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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 07 Nov 2008 21:02 
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Eginhard
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Des historiens... différents :wink: :

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Les historiens n'ont pas le monopole de la mémoire, par Catherine Coquery-Vidrovitch, Gilles Manceron et Gérard Noiriel

Un débat ouvert dans Le Monde par les articles de Pierre Nora et Christiane Taubira (les 10 et 16 octobre) ne peut se réduire à une opposition entre historiens et politiques, car il divise aussi les historiens. Dès mars 2005, nous avons réagi contre la loi du 23 février qui invitait les enseignants à montrer le "rôle positif" de la colonisation, mais nous n'avons pas signé la pétition "Liberté pour l'Histoire" publiée neuf mois plus tard dans Libération. Nous ne pouvions pas accepter que la "loi Gayssot" (pénalisant les propos contestant l'existence des crimes contre l'humanité), la "loi Taubira" (reconnaissant la traite et l'esclavage en tant que "crimes contre l'humanité") et la loi portant sur la reconnaissance du génocide arménien de 1915 soient mises sur le même plan qu'un texte faisant l'apologie de la colonisation, et cela au nom de la "liberté de l'historien".

Nous l'acceptions d'autant moins que cet appel ne posait pas dans toute sa généralité la question du rôle de la loi par rapport à l'histoire, laissant notamment de côté d'autres "lois mémorielles" comme celle de 1999 substituant l'expression "guerre d'Algérie" à "opérations en Afrique du Nord". L'appel de Blois lancé récemment par les promoteurs de la pétition "Liberté pour l'Histoire" n'aborde pas, lui non plus, la question des rapports entre la loi, la mémoire et l'Histoire, sur des bases pertinentes. Contrairement à ce qu'affirme ce texte, nous ne pensons pas qu'il existerait en France, ou en Europe, une menace sérieuse contre la liberté des historiens.

Cet appel se trompe de cible quand il présente la décision-cadre adoptée le 21 avril 2007 par le conseil des ministres de la justice de l'Union européenne comme un risque de "censure intellectuelle" qui réclamerait leur mobilisation urgente. Ce texte demande aux Etats qui ne l'ont pas déjà fait de punir l'incitation publique à la violence ou à la haine visant un groupe de personnes donné, de réprimer l'apologie, la négation ou la banalisation des crimes de génocide et des crimes de guerre, mesures que la France a déjà intégrées dans son droit interne par les lois de 1990 et de 1972.

Il ne nous paraît pas raisonnable de laisser croire à l'opinion que des historiens travaillant de bonne foi à partir des sources disponibles, avec les méthodes propres à leur discipline, puissent être condamnés en application de cette directive pour leur manière de qualifier, ou non, tel ou tel massacre ou crime de l'Histoire. Pour la Cour européenne, "la recherche de la vérité historique fait partie intégrante de la liberté d'expression". La décision-cadre précise qu'elle respecte les droits fondamentaux reconnus par la Convention européenne des droits de l'homme, notamment ses articles 10 et 11, et n'amène pas les Etats à modifier leurs règles constitutionnelles sur la liberté d'expression.

LES "REPENTANTS"

En agitant le spectre d'une "victimisation généralisée du passé", l'appel de Blois occulte le véritable risque qui guette les historiens, celui de mal répondre aux enjeux de leur époque et de ne pas réagir avec suffisamment de force aux instrumentalisations du passé. Nous déplorons également la croisade que ce texte mène contre un ennemi imaginaire, les "Repentants", qui seraient obsédés par la "mise en accusation et la disqualification radicale de la France". L'Histoire, nous dit-on, ne doit pas s'écrire sous la dictée des mémoires concurrentes. Certes. Mais ces mémoires existent, et nul ne peut ordonner qu'elles se taisent. Le réveil parfois désordonné des mémoires blessées n'est souvent que la conséquence des lacunes ou des faiblesses de l'histoire savante et de l'absence d'une parole publique sur les pages troubles du passé.

Dans un Etat libre, il va de soi que nulle autorité politique ne doit définir la vérité historique. Mais les élus de la nation et, au-delà, l'ensemble des citoyens ont leur mot à dire sur les enjeux de mémoire. Défendre l'autonomie de la recherche historique ne signifie nullement que la mémoire collective soit la propriété des historiens. Il n'est donc pas illégitime que les institutions de la République se prononcent sur certaines de ces pages essentielles refoulées qui font retour dans son présent.

En tant que citoyens, nous estimons que la loi reconnaissant le génocide des Arméniens - heureusement non prolongée, à ce jour, par une pénalisation de sa négation - et celle reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité sont des actes forts de nos institutions sur lesquels il ne s'agit pas de revenir.

Catherine Coquery-Vidrovitch, Gilles Manceron et Gérard Noiriel sont historiens et membres du Comité de vigilance sur les usages publics de l'histoire (CVUH).

Article paru dans l'édition du Monde du 8 novembre 2008
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/11/07/les-historiens-n-ont-pas-le-monopole-de-la-memoire-par-catherine-coquery-vidrovitch-gilles-manceron-et-gerard-noiriel_1116082_3232.html

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 07 Nov 2008 22:11 
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Cela ne m'étonne nullement de leur part.
"Faîtes ce que nous disons, mais surtout pas ce que nous faisons"... en pire. :rool: :mrgreen:
Car, finalement, ces gens font des choix en fonction de leur orientation politique personnelle, c'est très étrange pour des personnes prétendant réguler les abus du politique dans l'Histoire.

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 08 Nov 2008 20:28 
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Plutarque
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Duc de Raguse a écrit :
Cela ne m'étonne nullement de leur part.
"Faîtes ce que nous disons, mais surtout pas ce que nous faisons"... en pire. :rool: :mrgreen:
Car, finalement, ces gens font des choix en fonction de leur orientation politique personnelle, c'est très étrange pour des personnes prétendant réguler les abus du politique dans l'Histoire.


Duc de Raguse, je n'ai pas bien compris les critiques que vous faites à ces historiens. Pourriez-vous développer un peu s'il vous plaît ?

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 08 Nov 2008 20:43 
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Eginhard
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Localisation : Var
Duc de Raguse soulignait probablement le fait qu'un certain nombre d'historiens membres du CVUH ne cachent pas leurs opinions politiques. On le voit très bien dans leur ouvrage: Comment Nicolas Sarkozy écrit l'Histoire de France, certains articles sont bien loin des règles essentielles de l'écriture de l'Histoire.

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 08 Nov 2008 20:59 
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Plutarque
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Phocas a écrit :
Duc de Raguse soulignait probablement le fait qu'un certain nombre d'historiens membres du CVUH ne cachent pas leurs opinions politiques. On le voit très bien dans leur ouvrage: Comment Nicolas Sarkozy écrit l'Histoire de France, certains articles sont bien loin des règles essentielles de l'écriture de l'Histoire.


Merci Phocas pour cette première réponse. J'ai entendu parler de ce livre ; si je le peux, j'essaierai de voir ce qu'il en est, bien que ce type d'ouvrage "militant" m'intéresse peu en général. Mais il me semble que certains des historiens en question - je pense en particulier aux travaux de Gérard Noiriel et de ses élèves - sont loin d'être mauvais et que leurs prises de position publiques se justifient tout à fait (cf. l'idée de l'intellectuel spécifique).

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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 08 Nov 2008 21:24 
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Eginhard
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Bien sûr, c'est pour cette raison que j'ai dit "un certain nombre d'historiens". Le CVUH écrit de nombreux articles intéressants, perspicaces et stimulants.

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"Si, dans la pratique démocratique anglaise, l’opposition, selon un mot admirable, remplit un service public, dans les États totalitaires, l’opposition devient crime ", Raymond ARON.


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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 10 Nov 2008 0:03 
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Duc de Raguse, je n'ai pas bien compris les critiques que vous faites à ces historiens. Pourriez-vous développer un peu s'il vous plaît ?

Phocas a très bien résumé l'essence de ma critique - merci au passage ! :wink: .
Effectivement certains membres de ce collectif confondent histoire et politique, interviennent directement dans l'arène publique et réalisent des choix concernant le jugement des lois mémorielles ; choix qui s'appréhendent bien en fonction de leurs fondements idéologiques.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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 Sujet du message : Re: Liberté pour l'histoire
Message Publié : 12 Nov 2008 17:46 
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Plutarque
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Inscription : 03 Mars 2008 21:02
Message(s) : 182
Duc de Raguse a écrit :
Citer :
Duc de Raguse, je n'ai pas bien compris les critiques que vous faites à ces historiens. Pourriez-vous développer un peu s'il vous plaît ?

Phocas a très bien résumé l'essence de ma critique - merci au passage ! :wink: .
Effectivement certains membres de ce collectif confondent histoire et politique, interviennent directement dans l'arène publique et réalisent des choix concernant le jugement des lois mémorielles ; choix qui s'appréhendent bien en fonction de leurs fondements idéologiques.


Merci de la réponse Duc, même si elle ne m'éclaire que peu.
Du coup je ne sais pas davantage comment me positionner sur ce problème des lois mémorielles ; je trouve des choses intéressantes de tous les côtés. : )

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"Pénétrer de présent la tradition elle-même: premier moyen de lui résister." (Lucien Febvre)


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