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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 05 Mai 2008 14:07 
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Message Publié : 05 Mai 2008 18:24 
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Eginhard
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Liber censualis a écrit :
Pour autant, quels sont les raccourcis que vous déplorez ? Vont-ils dans le sens d'une défense, d'une réhabilitation du passé soviétique de la Russie ? Lui prétez vous ce genre d'intention ? Entre école Stalinienne et école "libérale", aussi anticommuniste qu'anti-soviétique, existe t-il une 3 e voie honnète ?

Une voie honnête signifierait que les autres sont malhonnêtes, je ne pense pas qu'il faille poser la chose ainsi. Pour moi, Nicolas Werth reste le spécialiste auquel je me réfère le plus souvent pour l'URSS de Lénine et Staline.
Pour Marie, il a clairement dit dans un magazine (je ne sais plus lequel, Lire il me semble), la période ouverte par 1917 n'est pas close. Toutefois, ses travaux sans être transcendants témoignent d'une grande connaissance sur les différents sujets évoqués. Ses biographies donnent plus d'importance aux hommes qu'à leurs idées, vous me direz c'est souvent l'objectif d'une biographie. Que ce soit avec Lénine ou Trotsky, je trouve qu'il ne met pas assez en avant les idées des deux hommes au sein de l'idéologie communiste.

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 05 Mai 2008 19:14 
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Philippe de Commines
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je dis honnète pour ne pas dire objectif (terme vide de sens pour un historien selon moi) , c'est à dire "dont les travaux ne seraient pas voilés d'une apparence historique pour en fait faire passer un message militant.

pour le reste je vous suis sur N.WERTH.

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 07 Mai 2008 9:02 
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Bon, revenons à nos moutons et je profite d'avoir l'ouvrage de Malia, Comprendre la Révolution russe, sous les yeux pour clarifier quelques points et faire mon autocritique (cela tombe bien vu le sujet ! lol ) concernant les écoles historiques de la Révolution russe.
Premièrement, ces écoles sont grosso modo au nombre de trois :

- L'école conservatrice, ou "cyclique", pour qui chaque révolution entraîne forcément des abus et un retour en arrière obligatoire à connotation stabilisateur. En gros, selon eux, un 14 juillet qui commence sous les auspices de l'enthousiasme populaire débouche forcément sur les excès de la Terreur et induit une arrivée au pouvoir de Bonaparte.
Cette école, selon Malia, pense que le mouvement révolutionnaire n'amène ses instigateurs et acteurs qu'à un état de fait antérieur aux événements. Elle assimile ce mouvement à une simple "révolte" en fait.
De plus, elle compare trop les révolutions anglaise et française à celle de Russie et oublie, ainsi, ses spécificités.

- L'école libérale, qui pense que la Russie était dans un mouvement de réformes depuis Pierre le Grand. Elle voit la Révolution comme une cassure à ce mouvement, mais pas forcément inutile : celle de 1905 semble utile à leurs yeux, à la différence de celle de 1917, qui produit le régime totalitaire soviétique.
[Bon, cette école a changé depuis, puisqu'elle prend le mouvement révolutionnaire sur une plus longue temporalité, comme l'explique Figges, entre 1891 et 1924.]
Quoiqu'il en soit, ils voient comme cause principale de cette rupture dans le développement historique de la Russie la Première Guerre mondiale, perçue comme accident et en élément amplificateur du phénomène.
Pas de concepts cycliques ici et une grande part accordée dans leur approche à l'évolution politique et à ses acteurs.

- L'école marxiste, qui se divise en trois (4 avec l'anarchiste) :
L'école marxiste orthodoxe, qui part du principe que la Révolution de 1917 est positive et induit la création d'un pouvoir politique et social proche du modèle élaboré par Marx lui-même. Mais, un "accident" de trente ans est venu corrompre ce beau départ, à savoir Staline et le culte de la personnalité. Une fois Staline parti, tout "rentre dans l'ordre" selon elle.
L'école marxiste dissidente - celle que j'ai abusivement et maladroitement qualifiée de "soviétophile" ou de "soviétologue", ce qui est fortement incorrect et impropre - qui se fonde sur les historiens soviétiques, du parti.
Pour eux, il n'y a pas de cassure en 1928 et c'est bien Staline qui construit le socialisme en Russie, sans corrompre les idéaux de Marx et de Lénine. Bon, ils reconnaissent une "déviation" à partir de 1936 due à Staline et à ses excès.
L'école variante trotskyste, qui se rapproche de l'école orthodoxe. Pour elle, L'URSS de Staline n'est pas l'URSS qui aurait dû naitre de 1917. Il faut tout "jeter" et recommencer selon elle, la corruption stalinienne étant trop forte.
Pour simplifier, cette école est plus critique que l'orthodoxe.


Voilà, j'espère avoir été assez clair et concis à la fois. :wink:

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 07 Mai 2008 10:37 
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Grégoire de Tours
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Si vous me permettez, j'aimerais encore discuter deux points :
Il ne me semble pas que le modèle conservateur, selon Malia, considère que la révolution se ramène systématiquement à un état de fait antérieur. Non, la révolution peut modifier un pays dans les faits. En revanche, le modèle conservateur dit en gros : "Plus ça change, et plus ça reste pareil".
Si vous voulez, pour Malia, la différence entre la révolte et la révolution, c'est que la première induit un changement de gouvernement, tandis que la seconde induit un changement de régime, de légitimité. Le modèle conservateur est donc celui qui réduit la révolution à une révolte : "Au fond, dit-il typiquement, ce qui a changé, ce n'est jamais que les hommes au pouvoir, ce n'est jamais que le gouvernement. Mais il y a continuité dans le régime, dans les idées, dans la culture, etc."
En revanche, et c'est sans doute ce que vous vouliez dire, il y a un type de cas, selon Malia, où le modèle conservateur conçoit bien la révolution comme une révolution -et non comme une révolte donc- c'est lorsqu'elle ramène à un régime antérieur. Par exemple, la Glorieuse Révolution anglaise.
En gros, cela veut dire que, dans l'historiographie conservatrice, le concept de révolution "progressiste" n'existe pas. Si révolution il y a, elle ne peut être que "réactionnaire".

Ce n'est pas le cas dans l'historiographie libérale, car je pense important de préciser que, selon Malia, l'historiographie libérale ne se fonde certes pas sur un modèle cyclique, mais sur un modèle linéaire, évolutionniste. Il y a un plan normal d'évolution des sociétés, selon les libéraux, et c'est vis-à-vis de ce plan que la révolution constitue éventuellement une cassure -éventuellement, car comme vous l'avez précisé, ce n'est pas systématique : La révolution peut être "bonne", ou "mauvaise", une cassure ou un accélérateur vers le progrès. 1905 est effectivement un exemple de révolution "bonne", selon les libéraux, qui va dans le sens du progrès.

Maintenant, une autre question -pour moi, en tous cas- c'est de savoir quel schéma Malia lui-même utilise. Car évidemment, la réponse la plus évidente est : Le modèle libéral. Pourtant, quand on le lit bien, il ne me semble pas que ce soit si évident. Mais bref, ce n'est sans doute pas l'endroit pour aborder cettte question, nous avions d'ailleurs déjà commencé à discuter de Malia ici.

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 07 Mai 2008 12:28 
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Citer :
Il ne me semble pas que le modèle conservateur, selon Malia, considère que la révolution se ramène systématiquement à un état de fait antérieur. Non, la révolution peut modifier un pays dans les faits.


Non, pas pour l'école conservatrice. Voici ce qu'il écrit :

Citer :
On pourrait définir les conservateurs comme ceux qui refusent la distinction entre révolte et révolution ou qui assimilent l'une à l'autre. Pour les conservateurs, la révolution est une opération vaine et donc elle n'est pas souhaitable. En fait, la société change peu : après un excès en un sens il y a une réaction en sens inverse, et le résultat final est un retour au point de départ.
Comprendre la Révolution russe p. 26


Citer :
car je pense important de préciser que, selon Malia, l'historiographie libérale ne se fonde certes pas sur un modèle cyclique, mais sur un modèle linéaire, évolutionniste. Il y a un plan normal d'évolution des sociétés, selon les libéraux, et c'est vis-à-vis de ce plan que la révolution constitue éventuellement une cassure -éventuellement, car comme vous l'avez précisé, ce n'est pas systématique : La révolution peut être "bonne", ou "mauvaise", une cassure ou un accélérateur vers le progrès. 1905 est effectivement un exemple de révolution "bonne", selon les libéraux, qui va dans le sens du progrès.

Oui, c'est cela.

Citer :
c'est de savoir quel schéma Malia lui-même utilise. Car évidemment, la réponse la plus évidente est : Le modèle libéral. Pourtant, quand on le lit bien, il ne me semble pas que ce soit si évident. Mais bref, ce n'est sans doute pas l'endroit pour aborder cettte question, nous avions d'ailleurs déjà commencé à discuter de Malia ici.

Pas grave, cela peut éclairer aussi le sujet qui nous intéresse c'est-à-dire de débroussailler les postulats des différentes écoles.
Malia conteste les trois modèles d'étude, qui sont souvent incomplets et réducteurs selon lui, ne permettant pas d'appréhender à sa juste valeur le mouvement révolutionnaire russe.
Sans aucun doute, il se rapproche le plus de l'école libérale, mais en y incluant aussi - dans ses problématiques - l'approche faite par l'école marxiste dissidente, c'est-à-dire de voir, par exemple, en Staline celui qui a accompli le socialisme en URSS et poursuivi l'oeuvre de Lénine.

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 07 Mai 2008 13:26 
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Et bien dites donc, nous sommes d'accord ! :) Oui, il me semble aussi que Malia tend à rendre sa part à chacun de ces modèles. C'est pour cela que lorsque vous écriviez que, selon lui, les modèles marxiste et conservateur se fourvoient, cela me paraissait ou contestable ou trop peu dire, car j'ai le sentiment qu'il n'adhère pas particulièrement non plus au schéma évolutionniste. En clair, je ne crois pas que Malia puisse donner l'impression, dans cet ouvrage, qu'il existe une historiographie juste, ou vraie, qui serait l'historiographie libérale, et deux autres modèles, faux ou erronés. Enfin, je ne vois pas trop ce qui, dans le texte, pourrait justifier cette interprétation. Mais je me trompe peut-être.
Et par ailleurs, ce qui me frappe aussi, dans Comprendre la Révolution Russe, dans la manière dont lui-même écrit l'histoire de la révolution russe, c'est l'importance que Malia accorde au communisme de guerre en tant que facteur explicatif de l'évolution du régime bolchevik. Et cela, je ne vois pas trop comment ça peut rentrer dans le modèle libéral -mais peut-être que je me trompe là encore. Est-ce que vous aussi, en tous cas, vous notez cela, dans cet ouvrage ?
Et enfin, et pour essayer d'être à peu près complet sur ce point, mon sentiment est que Malia accorde en revanche beaucoup moins d'importance au communisme de guerre dans La Tragédie Soviétique, écrit une dizaine d'années plus tard. Et là, le modèle sous-jacent est donc peut-être plus clairement libéral, effectivement -tel, du moins, en tous cas, que lui-même l'a défini.
Voila en tous cas ce que je voulais dire à ce propos.

Et par ailleurs, je crois que vous avez raison de vouloir conserver l'idée d'un balancier pour décrire le modèle conservateur, ma précision n'ajoutait sans doute pas grand-chose, effectivement.

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 07 Mai 2008 17:28 
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Citer :
Et bien dites donc, nous sommes d'accord !

Faîtes donc sauter le champagne ! :mrgreen:
J'en pendrai bien une coupe... :wink:

Citer :
C'est pour cela que lorsque vous écriviez que, selon lui, les modèles marxiste et conservateur se fourvoient, cela me paraissait ou contestable ou trop peu dire, car j'ai le sentiment qu'il n'adhère pas particulièrement non plus au schéma évolutionniste.

Lorsque j'écrivais cela, c'était surtout pour souligner que ses critiques étaient plus dures avec les écoles conservatrice et marxiste qu'avec l'école libérale, qu'il critique tout de même aussi.

Citer :
En clair, je ne crois pas que Malia puisse donner l'impression, dans cet ouvrage, qu'il existe une historiographie juste, ou vraie, qui serait l'historiographie libérale, et deux autres modèles, faux ou erronés.

Non, bien entendu, mais il les trouve tout de même trop doctrinaires. La conservatrice parce qu'elle n'assimile le mouvement révolutionnaire qu'à une simple révolte (on dirait du Burke vieilli...) et la marxiste trop déterministe.

Citer :
c'est l'importance que Malia accorde au communisme de guerre en tant que facteur explicatif de l'évolution du régime bolchevik.

Oui, c'est un moment phare pour lui, où malgré que le pays soit en guerre civile, il pose les bases du régime stalinien futur.

Citer :
Et par ailleurs, je crois que vous avez raison de vouloir conserver l'idée d'un balancier pour décrire le modèle conservateur

Vous ne trouvez pas d'ailleurs que c'est une perception réductrice du mouvement révolutionnaire ? (je parle de la lecture conservatrice, biensûr ! lol )

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 07 Mai 2008 19:28 
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Et bien à mon avis, oui et non.
L'implicite du modèle conservateur me semble être qu'il existe un cours de l'histoire, qui ne dépend aucunement de l'action humaine, comme un fleuve qui s'écoule. Dans ce modèle, le révolutionnaire est celui qui, pour des raisons X, tente d'imposer, par l'action consciente, une nouvelle direction à ce cours.
Or, le conservateur est celui qui dit : "Allons donc ! Il est absolument vain de vouloir détourner un fleuve de son cours ! Tout ce que vous allez réussir à faire, c'est créer beaucoup de désordre, beaucoup de violence, mais le fleuve reprendra son cours naturel tôt ou tard."
Il y a donc beaucoup d'implicite dans ce modèle, un implicite lourd ; mais en même temps, il me semble rendre compte de quelque chose d'important et de juste à la fois, qui est que l'environnement possède une sorte d'inertie qui "résiste" à l'action, et qui menace constamment de revenir à son état initial. Ce que dit le modèle conservateur, c'est que soit le révolutionnaire persévère dans son action, soit il en perd tout le bénéfice, et qu'il n'y a pas de moyen terme à cette alternative : Un "ralentissement" de l'action révolutionnaire, une "pause", un "relachement", et l'entreprise menace de revenir au point de départ. Et on aura fait tout ça pour rien.

Et à la fois, je trouve que c'est quelque chose d'assez juste, empiriquement. On se penche toujours sur les quelques exemples de révolution "réussie" -assez peu, finalement- mais combien de révoltes avortées, de jacqueries, d'émeutes, de coups de sang, de etc. autant d'évènements qui désignent au fond des révolutions qui ont échouées, et qui n'ont été que des explosions de violence avant que l'histoire ne reprenne son cours.
Et à la fois ce qui me semble intéressant, est que le modèle conservateur, du coup, me semble en fait le modèle du révolutionnaire lui-même -aussi contre-intuitif que cela puisse paraitre peut-être. C'est le révolutionnaire, j'ai envie de dire, le "vrai" révolutionnaire, le jacobin, qui conçoit l'histoire sur ce modèle : "Soit nous allons jusqu'au bout, soit tout cela n'aura servi à rien".
C'est aussi une autre manière d'étayer mon idée que le révolutionnaire est toujours, et d'abord, un réactionnaire :wink:

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 07 Mai 2008 19:59 
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Citer :
le révolutionnaire est toujours, et d'abord, un réactionnaire

On est bien d'accord, on pourrait même ajouter qu'une fois au pouvoir il fait un excellent policier et oppresseur.

Citer :
On se penche toujours sur les quelques exemples de révolution "réussie" -assez peu, finalement- mais combien de révoltes avortées, de jacqueries, d'émeutes, de coups de sang, de etc. autant d'évènements qui désignent au fond des révolutions qui ont échouées, et qui n'ont été que des explosions de violence avant que l'histoire ne reprenne son cours.

C'est parce que les terminologies et les typologies orthodoxes définissant ce qu'est une révolution, ne les considèrent pas comme telles, puisqu'elles n'ont pas abouti pour diverses raisons ; ce qui tend à penser que le mouvement révolutionnaire n'était pas "mûr", ne traversait pas toutes les couches de la population et que, finalement, il ne s'agissait que d'une simple révolte.

Citer :
qui est que l'environnement possède une sorte d'inertie qui "résiste" à l'action, et qui menace constamment de revenir à son état initial.

Une société emprunte de traditions, d'habitudes et de coutûmes millénaires ne se "bouge" pas en peu de temps et c'est cela qui produit l'"inertie résistante" face à un pouvoir politique révolutionnaire et réformateur.
Dans ce cas, le conservateur n'a pas tort, finalement.
Je vais sans doute réaliser un raccourci hâtif, mais ce n'est pas pour rien que les régimes totalitaires sont nés : en embrigadant les masses et en leur inculquant leur idéologie du matin au soir et de la naissance à la mort, par tous les moyens, ils espéraient contourner cette forme d'inertie.

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 08 Mai 2008 14:17 
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Bon, en revanche, je ne pourrai pas vous suivre très loin sur ce terrain-là. Le concept de "totalitarisme" m'apparait beaucoup trop suspect -pas chez vous spécifiquement, comprenons-nous bien, mais d'une manière générale. Si je réalisais moi aussi un raccourci hâtif, je dirais que l'embrigadement des masses et l'inculcation idéologique, s'ils existent, ne me semblent absolument pas limités aux régimes qu'ici, "chez nous", on appelle "totalitaires", et que le terme "totalitaire" lui-même, par exemple, me semble fortement teinté d'idéologie.
Mais l'"idéologie", ce n'est peut-être pas grand-chose de plus que le système de pensée et de croyances de l'autre. :wink:

Alors, pour être à peu près juste, il me faut sans doute préciser toutefois que, peut-être, tous les régimes ne tentent pas d'agir sur leur environnement avec la même force et la même constance, et par conséquent, ne se heurtent peut-être pas aux mêmes résistances. C'est une thèse qui sonne très "physique sociale", mais au moins métaphoriquement, c'est une thèse qui est sans doute défendable, oui. Mais à mon humble avis, il n'y a là, au mieux, qu'une différence de degré, et non de nature. Et je crois que voir là, dans les formes de régime (que plus prosaïquement, on qualifiera par exemple de "révolutionnaire" et de "réformiste") des différences de degré ou de nature, conduit à appréhender très différemment les questions y afférant.
Est-ce que je me trompe, ou est-ce que vous, par exemple, vous y verriez plutôt une différence de nature ?

-je précise, pour ceux qui pourraient en douter éventuellement, que nous sommes là en pleine réflexion sur la manière d'écrire l'histoire :wink:

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 Sujet du message : Re: Jean-Jacques Marie
Message Publié : 08 Mai 2008 21:46 
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Citer :
Si je réalisais moi aussi un raccourci hâtif, je dirais que l'embrigadement des masses et l'inculcation idéologique, s'ils existent, ne me semblent absolument pas limités aux régimes qu'ici, "chez nous", on appelle "totalitaires", et que le terme "totalitaire" lui-même, par exemple, me semble fortement teinté d'idéologie.
Mais l'"idéologie", ce n'est peut-être pas grand-chose de plus que le système de pensée et de croyances de l'autre.

Je vous comprends bien, c'est ce qui fait dire à certains aujourd'hui que nos démocraties actuelles ne sont que des "totalitarismes mous".
Mais, tout de même, les totalitarismes en question se différenciaient par la répétition du message de façon incessante et cela dans tous les rouages de la société. Nous n'en sommes, heureusement, pas encore là.
D'autre, part le refus d'adhésion ou d'exécution de l'idéologie officielle entraînait emprisonnement, déportation ou exécution. Là encore ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Quant au concept de totalitarisme, il n'est pas 'fortement teinté d'idéologie", ou bien dites-nous en quoi.

Citer :
tous les régimes ne tentent pas d'agir sur leur environnement avec la même force et la même constance, et par conséquent, ne se heurtent peut-être pas aux mêmes résistances.

C'est indéniable et cela dépend certainement des modalités d'action qu'ils pensent employer sur cet environnement.

Citer :
Et je crois que voir là, dans les formes de régime (que plus prosaïquement, on qualifiera par exemple de "révolutionnaire" et de "réformiste") des différences de degré ou de nature, conduit à appréhender très différemment les questions y afférant.
Est-ce que je me trompe, ou est-ce que vous, par exemple, vous y verriez plutôt une différence de nature ?

Disons qu'il me semble que ce soit un peu des deux. Encore faut-il juger sur des exemples précis pour être plus clair et pertinent dans la réponse.

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