Bon, revenons à nos moutons et je profite d'avoir l'ouvrage de Malia,
Comprendre la Révolution russe, sous les yeux pour clarifier quelques points et faire mon autocritique (cela tombe bien vu le sujet !
) concernant les écoles historiques de la Révolution russe.
Premièrement, ces écoles sont
grosso modo au nombre de trois :
- L'école conservatrice, ou "cyclique", pour qui chaque révolution entraîne forcément des abus et un retour en arrière obligatoire à connotation stabilisateur. En gros, selon eux, un 14 juillet qui commence sous les auspices de l'enthousiasme populaire débouche forcément sur les excès de la Terreur et induit une arrivée au pouvoir de Bonaparte.
Cette école, selon Malia, pense que le mouvement révolutionnaire n'amène ses instigateurs et acteurs qu'à un état de fait antérieur aux événements. Elle assimile ce mouvement à une simple "révolte" en fait.
De plus, elle compare trop les révolutions anglaise et française à celle de Russie et oublie, ainsi, ses spécificités.
- L'école libérale, qui pense que la Russie était dans un mouvement de réformes depuis Pierre le Grand. Elle voit la Révolution comme une cassure à ce mouvement, mais pas forcément inutile : celle de 1905 semble utile à leurs yeux, à la différence de celle de 1917, qui produit le régime totalitaire soviétique.
[Bon, cette école a changé depuis, puisqu'elle prend le mouvement révolutionnaire sur une plus longue temporalité, comme l'explique Figges, entre 1891 et 1924.]
Quoiqu'il en soit, ils voient comme cause principale de cette rupture dans le développement historique de la Russie la Première Guerre mondiale, perçue comme accident et en élément amplificateur du phénomène.
Pas de concepts cycliques ici et une grande part accordée dans leur approche à l'évolution politique et à ses acteurs.
- L'école marxiste, qui se divise en trois (4 avec l'anarchiste) :
1° L'école marxiste
orthodoxe, qui part du principe que la Révolution de 1917 est positive et induit la création d'un pouvoir politique et social proche du modèle élaboré par Marx lui-même. Mais, un "accident" de trente ans est venu corrompre ce beau départ, à savoir Staline et le culte de la personnalité. Une fois Staline parti, tout "rentre dans l'ordre" selon elle.
2° L'école marxiste
dissidente -
celle que j'ai abusivement et maladroitement qualifiée de "soviétophile" ou de "soviétologue", ce qui est fortement incorrect et impropre - qui se fonde sur les historiens soviétiques, du parti.
Pour eux, il n'y a pas de cassure en 1928 et c'est bien Staline qui construit le socialisme en Russie, sans corrompre les idéaux de Marx et de Lénine. Bon, ils reconnaissent une "déviation" à partir de 1936 due à Staline et à ses excès.
3° L'école variante trotskyste, qui se rapproche de l'école
orthodoxe. Pour elle, L'URSS de Staline n'est pas l'URSS qui aurait dû naitre de 1917. Il faut tout "jeter" et recommencer selon elle, la corruption stalinienne étant trop forte.
Pour simplifier, cette école est plus critique que l'
orthodoxe.
Voilà, j'espère avoir été assez clair et concis à la fois.