Je me suis souvent posé la question, y compris sur ce forum : pourquoi les historiens s'emparent souvent de sujets déjà largement traités ?? Exemples récents : Napoléon III (3 biographes majeurs : Girard, Milza, Anceau... qu'ont apporté les 2 derniers de nouveau ?) ; Louis XIV (Bluche, Petitfils... lequel préférer ? ); Louis XVI (Lever, encore Petitfils) ; Richelieu (Carmona,Mousnier, Hildesheimer), etc...

Ces redondances répondent-elles a des stratégies commerciales des maisons d'éditions, ou ces ouvrages se justifient-ils par des apports nouveaux concernant la connaissances de ces personnages ?

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Le passé change parce que nous changeons

Je me suis aussi souvent posé la question. J'ai pensé à la découverte de documents, jusque là inconnus ou négligés, la remise dans un contexte que l'on peut interpréter différemment.
Je serai reconnaissant aux membres du forum, ayant fait de la recherche, de me dire si d'un ouvrage à l'autre on découvre du nouveau significatif.

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Il s'agit tout simplement de pures lois éditoriales la plupart du temps. Si la biographie d'un personnage par un historien a bien marché, on peut supposer que celle du même personnage par un autre historien marchera bien également. Par conséquent, les éditeurs sont moins frileux et l'affaire arrange aussi l'auteur.
Il est donc parfois assez difficile de s'y retrouver en tant que lecteur. En général, mieux vaut tout de même éviter les biographies écrites par ceux qui les collectionnent et les pondent au kilomètre.
C'est le cas de Louis XVI que je connais le mieux : celle de Lever est constamment rééditée mais est complètement dépassée désormais et celle de Petitfils est une assez bonne synthèse sans être véritablement novatrice. Malheureusement, dans le lot, c'est celle de Joël Félix, la plus exigeante et la plus intéressante historiquement parlant, qui passe à la trappe.

Peut être aussi parce que l'histoire -au sens pratique- correspond à un certain type d'exercice et que la norme universitaire exige une certaine manière de faire, de dire.

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"Un monde ne saurait être fictif par lui-même, mais seulement selon qu'on y croit ou pas." - Paul Veyne

La réponse est assez simple à ma connaissance :
- d'une part une biographie est un genre qui a bcp de succès en général et un gros public potentiel. Donc les éditeurs démarchent carrément les historiens professionnels pour qu'ils en écrivent
- la médiocrité des ouvrages existant ou le besoin de nouveaux éclairages justifie très ouvent l'écriture de nouvelles biographies...

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Le satanique ennemi de la véritable histoire : la manie du jugement (Marc Bloch)

La biographie de Louis XIV que je trouve la meilleure est celle signée par François Bluche. Certains l'ont critiquée arguant qu'elle flirtait avec l'hagiographie, mais l'objectif de F. Bluche reste la réhabilitation de Louis XIV, victime de la légende noire dûe aux plumes vénéneuses de Saint-Simon et surtout de Michelet qui ne l'aimaient pas.

L'avantage de la biographie de F. Bluche, c'est qu'elle traite absolument de tous les aspects du règne de Louis XIV. C'est une véritable somme pour qui est curieux de connaître à fond le règne. Je ne saurais recommander en plus la consultation du magistral [i]Dictionnaire du Grand Siècle[i] réedité il y a peu dans une collection moins onéreuse que Fayard.

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Don César.

On nous dit que nos rois dépensaient sans compter
Qu'ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils
Mais quand ls construisaient de semblables merveilles
Ne nous mettaient-ils point notre argent de côté ?
(Sacha Guitry, Si Versailles m'était conté)

et quels sont vos critères qui vous amènent à estimer cette biographie "bonne" en dehors de la réhabilitation? La méthode de travail de Bluche ? Ses nuances ?

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Le satanique ennemi de la véritable histoire : la manie du jugement (Marc Bloch)

Tout simplement le plaisir que j'ai eu à lire cette biographie...
Le style de F. Bluche est fluide, très didactique. Il raconte tout simplement. Mais à chacun ses critères...

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Don César.

On nous dit que nos rois dépensaient sans compter
Qu'ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils
Mais quand ls construisaient de semblables merveilles
Ne nous mettaient-ils point notre argent de côté ?
(Sacha Guitry, Si Versailles m'était conté)

Mais parce que l'histoire ne va jamais s'épuiser! Comme le disait B. Croce, "toute histoire est contemporaine", on interroge toujours le passé à l'aune des questions du présent. Thucydide, on le connait par coeur, sa bibliographie (dont de nombreuses biographies) est immense et on continuera de s'interroger sur lui...
Dire qu'un jour l'histoire va se terminer, c'est avoir une vision "méthodiste" de l'histoire (rien de péjoratif là-dedans) où on pourrait tout lire et tout écrire sur un sujet. La fin de l'Histoire en somme. Or, il n'en est rien (et heureusement!).



Il est vrai que la biographie est un genre apprécié. Celles de Fayard en sont la preuve et de bonne qualité dans l'ensemble.
Il faudrait aussi évoquer un renouveau historiographique dans les années 80 où après la méfiance pour l'événement et l'histoire politique de la part des Annales (sans exagérer, n'allez pas dire que j'ose écrire que M. Bloch ou L. Febvre n'en faisaient jamais!) afin de trancher avec l'histoire méthodiste, le genre biographique prend de la fraîcheur (regardez les dates de parutions entre les années 60-70-80 et vous verrez)



Je pense à quelqu'un mais je ne voudrais pas dézinguer ici un historien, même mort... . Appelons-le Georges B.

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"Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables" A. Allais

Pierre Milza sort une guerre franco-prusienne (1870-1871) chez Perrin :quoi de neuf depuis Roth et Audoin-Rouzeau ??

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Le passé change parce que nous changeons

L'amiral Rémi Monaque a entrepris de réécrire sur Suffren parce qu'il a eu accès à un dossier sur la campagne des Indes de l'amiral, dossier conservé au Sri Lanka. Il s'agit de lettres de correspondance entre le bailli et Hayder Ali, son fils Tippo Sahib, le colonel Duchemin qui commandait les troupes françaises au sultanat de Mysore. Le dossier a renseigné l'auteur sur les conditions de ravitaillement de la flotte, le remplacement des marins morts de blessures après les combats de 1782-83, le long des côtes sud-est de l'Inde.

Autre position de l'amiral Monaque : le décès de Suffren suite à la goutte est confirmé. Je dis cela parce que l'hypothèse romantique de la mort du bailli suite à un duel avec l'un des capitaines de vaisseau qu'il a destitué. Suffren, aux Indes, a obtenu le renvoi de capitaines qu'il a jugé beaucoup trop timorés au combat, dont un certain Tromelin, breton, bien en cour à Versailles. La mort de Suffren en duel apparaît dans la biographie de Michel Bertrand. Mais à partir de l'ouvrage de Frédéric Hulot, l'hypothèse de la mort naturelle est de plus en plus confirmée. Il faut se souvenir que l'amiral était amateur d'excès de table...

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"L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)

La cérémonie d'investiture de Suffen en chevalier de Malte s'est faite à Marseille, et non à La Valette, comme toutes les biographies du bailli l'indiquaient, avec force détails. L'amiral Monaque écrit :

"C'est à tort en effet que toutes les biographies de Suffren placent la cérémonie de ses voeux lors d'un de ses premiers séjours à Malte, la racontent avec force détails et la situent dans la cathédrale Saint-Jean de La Valette. Cette cérémonie n'a lieu que le 30 novembre 1769, à Marseille, dans la chapelle des Révérends Pères Trinitaires déchaux.

L'église où Suffren prononça ses voeux se trouvait rue de la Palud, entre la rue de Rome et le cours Lieutaud. Sous la Révolution, elle devint le siège de la 3e section. Elle fut rasée en l'an II à la suite de l'arrêté de Barras et Fréron qui ordonnait la destruction des repaires des sections. Sur son emplacement fut reconstruite l'église actuelle dont l'état présent date de la fin du XIXe siècle."

C'est un peu frustrant pour la cathédrale Saint-Jean de La Valette, que j'ai visitée lors de mon séjour à Malte, de n'avoir pas accueilli pour ses voeux un futur bailli grand croix et amiral de France, mais bon...

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"L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)

Avis aux spécialistes :

Entre l'ouvrage de Bédarida et celui de Kersaudy, quelle bio de Churchill est la plus complète ; les points de vue développés y sont-ils différents ou complémentaires ?

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Le passé change parce que nous changeons