Après avoir adressé (accompagnées d'une lettre) les remarques suivantes :
À l’attention de Monsieur Jacques LE GOFF à propos de son ouvrage sur Saint Louis.
Page 99 : 1er § : « … la femme forte de l’Évangile ». Bien que traditionnelle, la formule est erronée : l’éloge de la femme forte se trouve non pas dans l’évangile, mais dans l’Ancien Testament, au Livre des Proverbes, chapitre 31, versets 10 à 31. Page 155 : 3ème § : « Le roi adorateur de reliques sait s’illustrer dans ces batailles… » Le terme d’adoration, dans la phraséologie catholique, est réservé à l’attitude de l’homme envers Dieu seul. Le chrétien n’adore ni la Vierge, ni les saints… ni les reliques. Une seule exception, à ma connaissance : l’ « adoration » de la sainte croix dans les églises, le Vendredi Saint. Page 243 : 1er § : « … la nouvelle procédure inquisitoire, empruntée au doit romano-catholique et que la royauté utilisera… » Il faut probablement lire : « … empruntée au droit romano-canonique », comme le redit le début du § suivant (« L’enquête inquisitoire, introduite par le droit romano-canonique »). Page 275 : 1er § : « À l’époque hellénistique, le roi devient objet culturel et sa tombe un hierothesion… ». Il faut probablement lire : « le roi devient objet cultuel ». Page 283 : 1er § : « … la fiction de la continuité monastique, le fait monarchique, la couronne… ». Il faut probablement lire : « la continuité monarchique ». Page 320 : 1er § : « On possède 701 actes originaux de Philippe Auguste conservés (pour 43 ans de règne) contre 96 de son grand-père Louis VI (pour 29 ans de règne) et 197 de son père Louis VII (pour 43 ans de règne) et environ 1900 actes de toute nature, soit le double de ce qu’avait laissé Louis VII ». Comment comprendre que « 1900… soit le double des 197 actes originaux de son père Louis VII » ? Page 337 : 2ème § : « … confesseur de la reine Marguerite de 1277 environ à la mort de celle-ci, en 1297 ». Il faut probablement lire (comme partout ailleurs, par exemple, page 341, dernier §) : 1295. Page 346 : 1er §, dernière phrase : « Fleury […] avait voulu être, au XIe siècle, le lieu de mémoire de la monarchie capétienne. Saint-Denis lui ravit, au XIIe siècle, pour le continuer et l’assumer pleinement ». Il faut probablement lire : « Saint-Denis le lui ravit » ou « Saint-Denis lui ravit ce privilège, au XIIe siècle, pour le continuer… ». Page 431 : dernière phrase : « En écrivant pour Isabelle, Louis en dit plus sur l’amour de Dieu qu’il n’en a confié à Philippe ‘La mesure dont nous devons l’aimer, c’est de l’aimer sans mesure’ ». En fait, cette dernière citation n’est pas de Saint Louis, mais de Saint Bernard. Page 573 : 3ème § : « Louis a eu cœur, plus que n’importe quel autre monarque ou prince, de baigner dans cette aura musicale ». Il faut probablement lire : « Louis a eu à cœur… ». Page 574 : Haut de la page : le sous-titre « L’architecture : un style curial ? » semblerait mieux placé en tête du § suivant (« Roi en musique, Saint Louis est aussi un roi environné de monuments et d’images… »). En effet, le § qui suit immédiatement ce nouveau sous-titre (« L’architecture : un style curial ? »), « Louis ne semble pas avoir entretenu… alors il se levait […]. », semble appartenir encore au sujet précédent : « Un roi en musique ». Page 580 : 3ème § : « De tous les ouvrages intéressant les laïcs et qu’ils peuvent posséder, plus encore que la Bible, le plus important est le psautier — c’est-à-dire le livre des Psaumes, partie de l’Ancien Testament ». Il faudrait probablement lire « Plus encore qu’un exemplaire complet de la Bible » : en effet, le psautier, partie de l’Ancien Testament, ne peut être opposé (« plus encore que… ») à la Bible dont il constitue l’un des livres. Même § : « Les plus puissants, les plus riches possèdent, devenus adultes, un psautier personnel qui leur tient [lieu] en quelque sorte — avec une périodicité de lecture qui dépend du degré de leur dévotion — de bréviaire ». Le psautier contient les 150 psaumes classés de 1 à 150. Le bréviaire catholique romain est élaboré à partir du psautier dont il répartit la lecture intégrale des 150 psaumes selon l’ordonnancement des heures canoniales (d’où la synonymie bréviaire = livre d’heures), à l’échelle d’une semaine. Il y ajoute, en les intercalant entre les psaumes, des antiennes, des répons, des hymnes (nom féminin dans ce contexte), des oraisons, etc. (La tradition anglicane répartit la lecture intégrale des 150 psaumes à l’échelle du mois. Le Concile Vatican II s’est inspiré de cette répartition en adoptant une distribution des 150 psaumes étalée sur quatre semaines. Le même Concile a remis à l’honneur l’expression « livre des heures » de préférence à l’ancien « bréviaire »). « Un psautier personnel qui… tient [lieu] en quelque sorte de bréviaire » constitue donc… un pléonasme ! Bas de la même page 580 : « Au cours du XIIIe siècle, sous l’effet du développement du culte marial, les femmes de cette classe remplacent peu à peu le psautier par le livre d’heures en tant que livre dévotionnel de chevet ». Outre le doublet « psautier/livre d’heures », on ne voit pas en quoi ce remplacement (qui n’en est pas vraiment un) aurait pu s’effectuer « sous l’effet du développement du culte marial »… Page 582 : 1er § : « … omettant aussi bien la chute de anges rebelles que l’Antéchrist et le Jugement dernier ». Il faut probablement lire : « la chute des anges rebelles ». Page 586 : Bas de la page : « Il fonde un collège pour les pauvres maîtres ès arts étudiants en théologie, parce que son collège a pris son nom et, en se développant, a fini par désigner toute la faculté de théologie, toute l’université ». Il faut probablement lire : « Il fonde un collège pour les pauvres maîtres ès arts étudiants en théologie et, parce que son collège, en se développant, a pris son nom, il a fini par désigner toute la faculté de théologie, toute l’université ». Page 641 : Dernier § du chapitre : « Remplaçons les rôtis par les poissons, mettons de l’eau dans le vin, supprimons la sieste, et Charlemagne à table devient Saint Louis à table ». « Supprimons la sieste » ? : or, page 565, un passage de L’Histoire de Saint Louis de Joinville (page 33) nous rappelle : « … Tous les jours, il se reposait dans son lit, après avoir mangé ; et quand il avait dormi et reposé, il disait dans sa chambre […]. Le soir, il entendait ses complies » ! Page 677 : 2ème § : « D’un côté, le roi est ‘sire’, ‘messire’, ‘monseigneur’, dominus, de l’autre, quand on s’adresse à lui en latin, il est Vestra Serenitas, ‘Votre Sérénité’, ‘Votre Majesté’, et déjà Vestra Majestas ». Il faut probablement lire : « … quand on s’adresse à lui en latin, il est Vestra Serenitas, ‘Votre Sérénité’, et déjà Vestra Majestas, ‘Votre Majesté’ ». Page 764 : 4ème § : « … C’est à savoir à Pâques, à la Pentecôte, à l’Ascension de la benoîte Vierge Marie, à la Toussaint, à Noël et à la Purification Notre-Dame ». Il faut probablement lire : « … à l’Assomption de la benoîte Vierge Marie » (l’Ascension concerne le Christ, quarante jours après Pâques). Page 769 : dernier § : « … les préposés à son service (‘la maisnie de sa chambre’) » : ailleurs, on a la graphie ‘mesnie’. Page 795 : Fin du 2ème § : « Mais il entend surtout par là, comme on verra, qu’il revient de punir leurs mauvais agissements… ». Il faut probablement lire : « … qu’il lui revient de punir… ». Page 848 : 2ème § : « Ils intéressent, à parts presque égales, les hommes (23) et les femmes (20) et, de même, sur 20 enfants et adolescents on en trouve 11 de sexe masculin et 9 de sexe féminin. // Du point de vue du sexe et l’âge, il y a un relatif équilibre entre ces miraculés : 23 hommes et 20 femmes, 11 enfants et adolescents de sexe masculin, 9 de sexe féminin ». Les mêmes données sont fournies deux fois coup sur coup… Page 849 : 4ème § : « … le pouvoir thaumaturgique des rois de France était indépendant de leur qualité spirituelle, de la valeur chrétienne de leur vie, il était considéré à part de leurs qualités personnelles ». Or, à propos de Philippe 1er, il est dit, page 832 : « Philippe 1er a touché les écrouelles puis a perdu, à cause de ses péchés, son pouvoir thaumaturgique ». Yves-Marie DESHAYS, 6 octobre 1996
... j'ai reçu la réponse suivante de Jacques LE GOFF :
Paris, le 21 octobre 1996 Cher Monsieur, Je ne sais comment vous remercier pour la lecture si exceptionnellement attentive que vous avez faite de mon [i]Saint Louis, et surtout je vous remercie de m'avoir communiqué de façon aussi précise les erreurs et coquilles que vous avez relevées. J'en suis très confus. Nous avons été pourtant trois à relire une dernière fois les épreuves et, bien que l'on sache qu'on laisse en général malheureusement toujours quelques erreurs, je ne pensais pas qu'il y en avait autant de sérieuses. Si, comme on peut l'espérer, le livre connaît une prochaine réimpression, je le ferai bénéficier de vos corrections et de vos remarques. Veuillez agréer, Cher Monsieur, l'expression de ma vive gratitude et de mes meilleurs sentiments, Jacques LE GOFF.[/i]
Je ne sais si l'ouvrage en question a été réédité en tenant compte des amendements suggérés... (tout le monde n'a pas forcément les moyens d'acheter tous les ouvrages qui paraissent... et en deux exemplaires!).
_________________ "Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).
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