Bonjour à tous,

Pouvez-vous me dire ce que l'on entend exactement par le mot "historiographie" et quel est l'intérêt d'en faire une étude.
J'ai débarqué au 2ème semestre en Deug 1 d'histoire et ai donc râté les cours du 1er semestre portant en méthodologie sur l'historiographie. Je ne vois donc pas très bien en quoi ça consiste. Alors si vous pouvez m'éclairer...

Merci d'avance

Je n'ai jamais trop creusé le sens profond du mot, et je ne suis pas historien.

Partons de la définition de l'historiographe : origine grecque, écrivain nommé officiellement pour écrire l'histoire de son temps.....
Pour moi, une historiographie, c'est
1°/Parfois simplement une synthèse de ce qui a été écrit sur un thème historique, avec une analyse critique... entre une bibliographie commentée et une historiographie, c'est une question de niveau de réflexion, et de présentation, bien plus élaborés pour l'historiographie.
2°/Mais parfois, mieux encore, c'est l'histoire de d'histoire, l'étude de la manière dont on étudie et présente l'histoire, qui permet de mettre en évidence le caractère oritenté ou non de celui qui écrit, de distinguer "l'histoire officielle" de l'histoire "d'opposition"
... et l'on sait très bien que l'histoire de l'histoire est tout aussi importante que l'histoire elle même... puisque la manière de présenter l'histoire influe ... sur l'histoire.... et sur l'avenir.

Il est amusant de constater qu'en exagérant un peu, l'historiographie pourrait être aussi "historiographiée" c'est une histoire sans fin...
Bon, ç'est ma touche personnelle sur cette définition, et je ne détiens pas la vérité absolue....

Dinostrate

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Jean-François

Merci bien pour cette réponse qui m'éclaire un peu plus sur cette notion.

Il s'agit à peu près de ça Dinostrate.
L'historiographie se présente le plus souvent comme l'"histoire de l'histoire". Partant de là, cela désigne:

1: les études sur l'évolution de la discipline historique au cours des siècles; un typique bouquin d'historiographie présente Hérodote, Thucydide, ensuite les historiens romains, (Salluste, Tacite, Tite-Live), les médiévaux (Grégoire de Tours, Suger...), ensuite les Bollandistes de l'époque moderne, l'école positiviste du XIX (Ernest Renan, Monod, Fustel de Coulanges, surtout l'école historique allemande, dont je ne me souviens pas des noms, mais à la pointe de la recherche à cette époque). Ensuite les écoles historiques du XX: l'école des Annales, les liens avec la sociologie, la "nouvelle histoire", avec l'histoire des mentalités.

2: à partir de là le terme historiographie est souvent utiliser pour désigné les études qui ont été menée sur un sujet, généralement en mettant en exergue l'évolution des recherches et surtout de la problématique au cours de ces recherches. L'historiographie du nazisme, etc

3: on utilise aussi le terme pour désigner la méthodologie historique, dans la mesure où celle-ci est la résultante de l'évolution de la manière d'écrire l'histoire. Par exemple la scientificité en terme de critique documentaire se rattache à l'école positiviste de la fin du XIX. L'utilisation d'instruments sociologiques se rattache à l'école des Annales (entre autre)

Keikoz

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Dubitando ad veritatem pervenimus
Cicéron, De officiis

En fait, je pense que la notion d'historiographie est très large.
Tout historien (amateur ou professionnel) en fait toujours sans le savoir (comme d'autres font de la prose... )

Il se trouve que je m'intéresse aux manuels scolaires d'histoire (fin XIXème et jusqu'aux années 50) Ce qui m'a motivé au départ, c'est d'apprécier comment était perçu le peuple allemand et la nation allemande à travers ceux-ci... et dès le départ, j'avais été surpris par une "certaine objectivité" et je n'avais pas trouvé de rancoeurs d'un niveau excessif que je m'attendais à rencontrer.... ensuite, mon intérêt s'est porté sur d'autres thèmes.
... tout cela pour dire qu'a mon tout petit niveau, et sans produire d'écrit ou de thèse, je pratiquais l'historiographie.....

L'invité, c'est moi...
Désolé, j'avais oublié de me connecter....

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Jean-François

L'étude de l'historiographie est une absolue nécessité, car elle seule permet à l'historien de bien mesurer l'impact d'un environnement sur le chercheur. L'historien aspire à l'objectivité et recherche une vérité, mais au final, cela reste la vérité de son temps. Sa recherche est conditionnée par un cadre mental façonné par son environnement culturel, conceptuel. Et de ceci, l'historien doit en être conscient.

Entièrement d'accord avec Pyrrhos !
Avec tous les efforts du monde, on ne peut etre totalement objectif,
car un historien raconte l'Histoire avec son mode de pensée dictée par son époque et sa culture.

Et puis, d'après moi, chacun va chercher dans l'Histoire ce qu'il veut y trouver, c'est pour ca qu'on a tous une préfèrence pour une époque.

Le danger c'est l'instrumentalisation de l'Histoire.
Ca me fait penser aux proverbes, tu peux toujours en trouver un qui dit exactement le contraire d'un autre.

Pour le dire d'une manière simple et rapide, l'historiographie, c'est l' "histoire de l'Histoire". Paul Veyne, par exemple, dans "Comment on écrit l'histoire" l'explique et réfléchit sur la notion de fait en Histoire, de "champ événementiel". A quoi reconnaît-on qu'un évènement est historique?

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"Tout ce qui se conçoit bien s'énonce clairement / Et les mots pour le dire nous viennent aisément" (Nicolas BOILEAU)

En effet

Là, on s'éloigne de l'historiographie pour se pencher sur l'épistémologie, c'est-à-dire la réflexion sur les problèmes scientifiques de la discipline historique.
En revanche, si l'on se penche sur la position de Paul Veyne par rapport aux écoles des années 1970, à l'application de ses idées épistémologiques dans ses oeuvres historiques, à son rôle dans la naissance d'un courant hypercritique, etc : on fait à nouveau de l'historiographie !

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Ad augusta per angusta
"Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être..." Goethe

Pour répondre à Kantounet, tout fait est historique.

Niveau simple et rapide on peut difficilement faire mieux

Plus sérieusement tout événement étant historique, ne prennent de valeur que ceux qui sont choisi par des chercheurs afin de supporter leur étude.

Mais on peut en discuter sur un autre sujet si tu veux

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"La culture de la pomme de terre est un témoin géographique de la découverte de l'Amérique, comme celle de la betterave est une conséquence du Blocus continental"
* L.-E. Halkin