Vindex a écrit :
Mais je sais que je préférerais étudier quelque chose comme l'histoire sociale, économiques, religieuse ou politique sur le temps long, car j'aime décrire les évolutions, en trouver les explications par des raisonnements, et car j'aime également les études impliquant l'étude de plusieurs époques différentes.
A ce titre je serais plus proche des annales et peut-être même plus de la nouvelle histoire.
J'en profite pour signaler une évoution historiographique majeure (qui croise un peu ce que j'ai déjà dit plus haut, mais pas uniquement): le retour à l'événement. Il ne s'agit plus de faire une histoire événementielle telle que la faisait l'école méthodique de la fin du XIX siècle, autrement dit, d'étudier l'événement pour l'événement. Il s'agirait plutôt aujourd'hui d'étudier l'événement en l'inscrivant également dans le temps long, mais aussi en s'intéressant à son mécanisme interne, aux forces qui le traversent, aux enjeux sociologiques, économiques, idéologiques qu'il soulève.
Dans le cadre de ce retour à l'événement on peut signaler plusieurs types de recherches qui ont vu le jour:
- les travaux relevant de la
microstoria, telle que pratiquée par Carlo Ginzburg, dans
Le fromage et les vers.
- le retour de la biographie, après avoir été honnie pendant des décennies, comme un sous-genre sacrifiant à l'événement, au détriment, justement, du temps long. François Dosse nous disait récemment dans une conférence "Ceux qui faisaient de la biographie avaient honte, devaient avoir honte, rasaient les murs !" Cet ostracisme est désormais terminé. Cf. le
Saint Louis, de Jacques Le Goff, un des promoteurs de la Nouvelle histoire précisément, qui contribue à lancer le mouvement.
François Dosse vient de publier un ouvrage sur la question, que je n'ai pas encore eu le temps de lire, mais qui me semble devoir être intéressant:
Renaissance de l'événement. L'intérêt de cette nouvelle histoire de l'événementiel, est qu'elle permet de s'intéresser à des champs historiques que l'on n'envisageait, à la suite de l'école des Annales, que sur une perspective longue: histoire économique, histoire des mentalités, histoire religieuse ... Vous pouvez désormais parfaitement travailler sur de l'histoire économique sans faire des tableaux statistiques sur des décennies. Et en mobilisant des modèles sociologiques issus de Max Weber, de Georg Simmel.
Un bon exemple en est un programme de recherche lancé récemment dans le cadre du Lamop (Laboratoire de médiévistique de Paris I) par Régine Le Jan, Geneviève Bührer-Thierry et François Bougard sur la compétition, auquel je participe. Quels mécanismes, stratégies, moyens, les acteurs sociaux mobilisent-ils afin de s'affirmer, obtenir des avantages politiques, économiques ? Comment la compétition permet-elle la reconfiguration des hiérarchies sociales ? On aura alors moyen de revenir sur des faits déjà en soi connus, mais avec de nouvelles perspectives. On est dans une sociologie historique qui s'intéresse aux acteurs, à l'événément, mais certainement pas à l'événement, pour l'événement.
Cela ouvre des perspectives ...