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.........En partenariat avec la revue L'Histoire, Passion-Histoire propose chaque mois une "Discussion du mois" en lien avec la thématique du magazine.

............Dans celle-ci, vous pouvez débattre de la thématique traitée dans le numéro du mois et faire part de vos avis et remarques sur les articles qui le composent.

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Pour le mois de mars 2011, en lien avec le numéro 363 actuellement en kiosque, nous vous proposons d'échanger autour de l'oeuvre de Jules Michelet.

Au sommaire :



La parole est à vous...

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).

Michelet ?
L'inventeur de l'hiostoire de France ?


C'est le Saint-Simon du XIXe siècle...

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"L'historien est au service de la vérité et non de la morale." Jean Tulard

Je ne sais pas si Michelet était le Saint Simon de son siècle, mais je crois savoir qu'avant lui, ceux qui écrivaient l'histoire de la France n'écrivaient que l'histoire de la France (sic). Michelet, lui, a inventé l'Histoire de France, (sans article entre "de" et "France"), qui est l'histoire d'une réalité vivante, presque personnifiée, une histoire chargée d'une puissance émotive.
Il le dit dans son Histoire de la révolution Française - Livre III :

"Voilà ce que nous demande la France, à nous autres historiens : non de faire l’histoire, elle est faite pour les points essentiels, moralement, les grands résultats sont inscrits dans la conscience du peuple; mais de rétablir la chaîne des faits, des idées d’où sortirent ces résultats : «je ne vous demande pas, dit-elle, que vous me fassiez mes croyances, me dictiez mes jugements ; c’est à vous de les recevoir et de vous y conformer. Le problème que je vous propose, c’est de me dire comment j’en vins à juger ainsi… J’ai agi et j’ai jugé ; tous les intermédiaires entre ces deux choses ont péri dans ma mémoire. A vous de deviner, mes Mages ! vous n’y étiez pas et j’y fus. Eh bien je veux, je commande que vous me racontiez ce que vous n’avez pas vu, que vous m’appreniez ma pensée secrète, que vous me disiez au matin le songe oublié de la nuit.»

Grande mission de la science, et quasi divine ! Elle n’y suffirait jamais si elle n’était que science, que livres, plumes et papier. On ne devine une telle histoire qu’en la refaisant d’esprit et de volonté, en la revivant, en sorte que ce ne soit pas une histoire, mais une vie, une action. Pour retrouver et raconter ce qui fut dans le cœur du peuple, il n’y a qu’un moyen, c’est d’avoir le même cœur."

"Il est le premier historien à s’être intéressé aux mœurs et à l’imaginaire de nos ancêtres."

J'imagine que la portée de cette phrase est plus publicitaire qu'autre chose... En effet, près d'un siècle avant Michelet, Voltaire avait écrit un Essai sur les moeurs et son Siècle de Louis XIV est une histoire qui dépasse précisément la simple histoire factuelle pour s'intéresser aux moeurs.

Michelet a souvent été épinglé comme "l'idole" fondatrice de l'histoire française, à tort ou à raison : c'est sans doute de là que viennent les avis dithyrambiques à son sujet (en faire de père de l'histoire de France, c'est un peu beaucoup : certes, il l'a écrit d'une manière nouvelle mais pas révolutionnaire - Augustin Thierry reste proche de son style - , géniale, mais il n'a précisément été que peu suivie par les historiens postérieurs, il n'a pas fondé une "école").
De là viennent aussi les rejets un peu hâtifs (Pierre Chaunu disait "Connaissez-vous quelque chose de plus nul que Michelet?") de la part des historiens qui méprisaient la vocation littéraire de l'histoire.

Ce qui est amusant, est que Michelet reste encore aujourd'hui plus le domaine des littéraires que celui des historiens (Barthes a d'ailleurs écrit un beau livre sur sa vie), et que les littéraires ne connaissent souvent de l'histoire française que Michelet et Braudel... Diptyque antithétique et original...

Mais je ne m'étonne pas que Michelet revienne à la mode après le "retour" actuel de l'histoire-récit. Son oeuvre est d'une richesse surprenante, et je pense que nombre d'historiens gagneraient à se "réapproprier" Michelet, à voir son travail d'historien, et pas seulement son oeuvre comme un OVNI, une météore poétique de l'histoire.

Michelet appartient à l'ère romantique des historiens comme Thierry et Guizot moins connus (en tant qu'historiens, Guizot restant assez connu au moins pour son importance dans l'élargissement de l'enseignement primaire). Inutile de répéter qu'il a une très belle plume. Il plaît aux amateurs des "belles lettres".
Vous avez raison de souligner qu'il ne faudrait pas majorer à l'excès son rôle. Son importance dans l'histoire des mentalités est toutefois indéniable.

Je ne vois pas ce qui peut justifier une pareille assertion. Saint-Simon est une mémorialiste. Il parle ce ce qu'il a vécu. Saint-Simon est un grand seigneur. Michelet lui est (sauf sous Napoléon III) payé pour faire de l'histoire, c'est un des premiers historiens universitaires. Après on n'aime ou on n'aime pas. Je suppose que pour Vous Saint-Simon c'est une injure. Mais vraiment rien à voir.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII

Je crois que Saint-Simon c'est plus un compliment qu'une injure. A mon avis Michelet est un super-vulgarisateur de l'histoire de France, principalement parce que c'est un homme nouveau, héritier des idées de la révolution. Son talent littéraire est reconnu, mais il y a eu des amateurs d'histoire avant lui à être doté d'un talent littéraire (Saint-Simon, par exemple). Donc de là à dire qu'il est un inventeur, c'est en effet assez publicitaire.

A mes yeux, Michelet est le réconciliateur de la France avec son histoire, les révolutionnaires ayant tendance à s'opposer au passé par principe, et ne s'intéressant pas à ce qu'ils remplacent, qu'ils considèrent comme de l'obscurantisme. Et c'est déjà énorme. J'exagère sûrement un peu, mais quand je vois le mot révolution à côté du mot histoire, je vois la basilique Saint-Denis, avec dedans des sans-culottes armés de marteaux et de pioches, qui détruisent tout. Disons que c'est l'inventeur de l'histoire de France républicaine (quoique républicain sous Louis-Philippe... mais je ne vois pas d'autre mot, et puis Louis-Philippe est le plus républicain de nos rois).

Mais pas du tout. Il n'y a aucune insulte dans mon propos. Mais je ne vois pas comment on peut dire que Michelet soit l'inventeur de l'histoire. Je dis que Michelet est un historien du 19e siècle.

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"L'historien est au service de la vérité et non de la morale." Jean Tulard

Il n'a pas été dit qu'il est l'inventeur de l'histoire.
C'est de l'Histoire de France que Michelet est l'inventeur.

C'est tout de même un peu hâtif. Voltaire écrivait en 1740 au marquis d'Argenson : "On n'a fait que l'histoire des rois, mais on n'a point fait celle de la nation, il semble que pendant 1400 ans, il n'y ait eu dans les Gaules que des rois, des ministres et des généraux, mais nos moeurs, nos lois, nos coutumes, notre esprit ne sont-ils donc rien?". S'il n'a pas écrit une somme de l'histoire de France, Voltaire écrivait clairement une part de l'histoire de France et non de ses rois lorsqu'il faisait son Siècle de Louis XIV.

Idem, Augustin Thierry, qui écrit en 1820 : "Nous n'avons point encore d'histoire de France. (...) il nous manque l'histoire des citoyens, l'histoire des sujets, l'histoire du peuple." (Lettres sur l'histoire de France, Le courrier français, 1820).

Cette idée sera reprise par Michelet qui dit de la France: "Elle avait des annales et non point une histoire". Mais il s'agit à mon avis là d'un topos propre à son temps. Voltaire aussi bien qu'Augustin Thierry, qui l'ont précédé, ont eu le même souci de faire une histoire de France. Cependant, il faut bien reconnaître que Michelet est le seul à s'être occupé de toute l'histoire de France, et non d'une part de celle-ci. D'ici à en faire l'inventeur de l'histoire de France, c'est du mythe... Son plus grand représentant, son modèle le plus complet, je suis d'accord. Pas son fondateur.

Qui peut se targuer d'avoir inventé l'histoire ? Même Hérodote l'écrit mais ne l'invente pas !

Michelet est une belle-plume, un homme de lettre et de l'être, historien de métier.

"Il est le premier historien à s’être intéressé aux mœurs et à l’imaginaire de nos ancêtres."
L'article est un peu présomptueux peut être, d'autres grands historiens l'ont précédé ou lui ont succédé. Il est loin d'être le seul à s'être intéressé aux moeurs et à l'imaginaire : les auteurs antiques, médiévaux et modernes s'y sont largement intéressés bien avant Michelet. Que l'on lise "Histoires Naturelles" de Pline, "Historia Regum Britanniae" de Geoffroy de Monmouth ou "Nus, Féroces et Anthropophages" de Hans Staden, pour ne citer qu'un exemple par période, chacun de ces auteurs a contribué à décrire les moeurs des peuples et leur imaginaire !

Bonjour à tous.

Michelet est de son temps, quiconque regarde voir interprète l'histoire à sa manière n'est qu'un porte plume.
Avons nous vécues à cette époque ?
Sommes nous mort à cette époque ?
Malheureusement, il y a peu de fait relatés, je ne suis pas historien et encore moins érudi mais je pense que Jules Michelet comme bon nombre d'historiens ont voulu faire renaitre un temps dépassé, un temps qu'ils pensaient oubliés.