L'érudition, c'est bien, mais transmise dans un bon style, c'est mieux !! Qui sont, actuellement (inutile de citer Michelet, et autres classiques bien connus), les historiens dont l'écriture vous paraît la plus agréable ?

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Le passé change parce que nous changeons

Dans les classiques je suis fan de Duby.
Pour les historiens actuels je trouve que Tony Judt, un britannique, à un style très agréable en anglais.
Personnellement j'aime bien le style de Michel Winock. J'ai trouvé son Clemenceau très fluide.

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"un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre" W.CHURCHILL

Il est évident que les écrivains comme Voltaire jouant à l'historien produisent de bon résultats: son Siècle de Louis XIV est fantastique. Sans grande originalité je citerais aussi Plutarque.

Fernand Braudel a un très bon style aussi, de même que dans un registre différent, Hypolite Taine.

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Dans ces meubles laqués, rideaux et dais moroses,
Danse, aime, bleu laquais, ris d'oser des mots roses.

Charles Cros

Plutôt que d'évoquer des historiens dont le sérieux a été sacrifié sur l'autel de l'écriture - ou le contraire bien évidemment, je me questionnerais sur l'aridité des propos et son rapport aux différents types de travaux. Le constat a déjà été fait: les thèses et autres manuels sont très peu digestes, pour employer une expression courante en la matière. Cette considération faite, je me demanderais si la nature de certains travaux (thèses, manuels) interdit formellement l'usage d'un style, et répondrais sans doute que si style il n'y a pas, cela résulte en partie d'un lectorat très restreint. Duby savait qu'il s'adressait avec Guillaume le Maréchal à un public possiblement large. Le thésard sait tout autant que son lectorat ne dépassera pas les dizaines ou les centaines de personnes.

Travailler le fond est un exercice complexe, demandant une énergie croissante à celui qui souhaite garder sa créativité et sa maîtrise. Et la thèse oblige son auteur à un travail important et un investissement personnel auquel seuls les meilleurs et les plus courageux, peut-être, ont la possibilité de peaufiner la forme. Et c'est un travail de chaque instant, presque aussi difficile que le précédent que de mesurer ses phrases et conjuguer les exigences de l'exercice avec le travail d'écriture. Il ne suffit pas d'avoir beaucoup lu et d'être doté d'une certaine intelligence pour être un écrivain aguerri. Encore faut-il n'avoir cessé d'observer, de scruter les phrases au fil des ouvrages, bref d'avoir pénétré l'ouvrage, de l'avoir fait sien. Aussi faut-il avoir forgé et tâté le lecteur tout en prévoyant ses attentes (diverses, d'où l'existence des critiques).

Certes Aponie, il est évident que bien peu de thèses ont "du style". Mais au-delà du cas particulier de la thèse, on peut se demander quels sont les historiens universitaires qui se démarquent des autres par le style ?

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[...] Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants...
Renaud, Mistral gagnant, 1985.

Patrick Boucheron a un style agréable; voir son Leonard et Machiavel.

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Pour remonter à la source, il faut nager à contre-courant.

Ca doit dépendre des Duby. J'ai failli m'endormir à plusieurs reprises sur son Guerriers et Paysans. Des pages et des pages à parler d'évolution monétaire dans l'Occident Chrétien, c'est pas ma tasse de thé. Mais c'est une critique plus générale comme les approches de la Nouvelle histoire.

Le style c'est quelque chose d'assez subjectif en plus.

Les historiens qui écrivent ne sont pas toujours des écrivains.

Plus amusant, ou plus surprenant, leur style d'écriture peut parfois changer du tout au tout.

Prenons Bertier de Sauvigny : sa "Restauration" se lit de bout en bout comme un roman; sa biographie de Metternich est d'une rare pesanteur.

Le Jean Favier du "Philippe le Bel" aurait-il par extraordinaire un lien de parenté avec le merveilleux conteur de "l'empire des Plantagenets" ?

Pour ce qui est de Pierre Miquel, les choses sont différentes, car celui qui a écrit avec une parfaite fluidité de style et une grande précision un ouvrage sur la guerre de 14 ne pourrait a priori être comparé au misérable qui, avec son "Austerlitz", commit l'un des plus stupides méfaits de l'édition historique des 35 dernières années. Et pourtant ...

Michelet était cité au départ du fil; nous sommes là dans une situation qui est de nature à ébranler les colonnes du temple, car son style parfait n'avait d'égal que sa partialité militante, et facilement mensongère.

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran

En effet, il parle de l'écriture en histoire dans cet entretien : http://www.histoire-pour-tous.fr/livres ... orien.html

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"Je veux croire à l’histoire, si l’histoire est ce récit entraînant qui nous soulève et nous désoriente, nous oblige et nous délie" (Patrick Boucheron)

J'aime bien lire Fernand Braudel.
J'ai aussi découvert il y a peu que Jacques Bainville avait une certaine aisance dans l'écriture.
J'ai bien aimé lire Jacques Le Goff, qui sait écrire même si ce n'est pas transcendant.

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Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu Hugues de Saint Victor

Je suis en train de terminer Une Histoire de l'esclavage (2002) de Christian Delacampagne, et je trouve le style de l'auteur agréable, certains passages se dévorent. Est-ce parce que ce n'est pas un historien, mais un philosophe ? Toujours est-il que c'est une des livres d'histoire les plus agréables (même si certains points sont critiquables) que j'ai lu jusque-là.

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[...] Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants...
Renaud, Mistral gagnant, 1985.

Duby et Braudel se lisent avec plaisir et facilité, du moins pour leurs ouvrages généraux. On a plus de mal avec les historiens récents, surtout les français m'a t-il semblé!

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

C'est un peu délicat de faire une généralité de toute la production actuelle.

Pour ma part j'ai un faible pour le style de Pierre Grimal et dans un autre registre celui de Jean-Michel Carrié.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.

Bonjour!!

Nouveau sur votre site. N'ayant pas de formation historique (j'étais prof de français en collège), je ne sais pas si je "posterai" beaucoup, mais ce sujet m'allèche. Non que je sache vraiment ce qu'est le style (c'est sans doute avant tout un mélange de plusieurs choses); c'est plutôt que je m'attendais à voir apparaître Lucien FEBVRE dans les réponses, et que, bêtement, je voulais le faire figurer dans ces mêmes réponses. Mélange, donc. D'intelligence en éveil constant, de rigueur, de solidité dans la construction d'ensemble, d'esprit critique lui aussi aux aguets, d'énergie, de sens de la formule, de vie (même dans sa thèse sur Philippe II), de simplicité, de savoir inépuisable. Tiens, à propos de savoir, il est l'auteur d'une de mes phrases préférées:"Savoir ne pas savoir: grande vertu."

Très intéressant de le voir, avec BLOCH, dans la "Correspondance", parler de grands bonshommes désirant contribuer aux Annales presque comme de gamins dont la copie doit être reformulée (par eux) pour convenir aux critères de la revue!!