La philo ne sert à rien, les lettres ne servent à rien, la musique ne sert à rien, etc. Si on se contentais de ce qui sert, l'humanité en serait restée à l'âge préhistorique (sans Lascaux).
Je préfère laisser la parole à Paul Valéry dans "Philosophie de la Danse" (encore un truc qui ne sert à rien) :
Citer :
L’homme est cet animal singulier qui se regarde vivre, qui se donne une valeur, et qui place toute cette valeur qu’il lui plaît de se donner dans l’importance qu’il attache à des perceptions inutiles et à des actes sans conséquence physique vitale.
Pascal plaçait toute notre dignité dans la pensée ; mais cette pensée qui nous édifie, – à nos propres yeux, – au-dessus de notre condition sensible est exactement la pensée qui ne sert à rien. Remarquez qu’il ne sert de rien à notre organisme que nous méditions sur l’origine des choses, sur la mort ; et davantage, que les pensées de cet ordre si relevé seraient nuisibles plutôt, et même fatales à notre espèce. Nos pensées les plus profondes sont les plus indifférentes à notre conservation et, en quelque sorte, futiles par rapport à elles.
Mais notre curiosité plus avide qu’il n’est nécessaire, mais notre activité plus excitable qu’aucun but vital ne l’exige, se sont développées jusqu’à l’invention des arts, des sciences, des problèmes universels, et jusqu’à la production d’objets, de formes, d’actions dont on pouvait facilement se passer.
http://classiques.uqac.ca/classiques/Va ... _danse.pdfAutre approche, plus spécifique à l'histoire (que Valéry n'aimait pas!) : la politique ne peut créer de la nouveauté qu'en connaissant la vérité de fait. Elle est le sol qui est sous nos pas. Sans connaissance de l'histoire, on ne peut pas inventer. L'histoire ne nous enferme pas dans le passé ; elle permet au contraire qu'il existe un avenir. Tout cela est très bien expliqué dans l'avant dernier essai d'Hannah Arendt, "Vérité et Politique" dans
La Crise de la culture