Pour De Gaulle, "la culture générale est la meilleur école du commandement". (à un certain niveau de responsabilité, s'entend.)
J'ai retrouvé à plusieurs reprises la même réflexion sous la plume de grands capitaines d'industrie ou de directeurs d'école de management.
Lorsqu'il s'agit de définir et d'impulser la stratégie d'une entreprise, la compréhension profonde de la réalité compte, et ne se limite pas aux projections établies par le service marketing. Là où on juge que certains chefs d'entreprises "ont du flair", spécialement dans les domaines très mouvants des nouvelles technologies, il y a en fait chez eux une appréhension plus complète du réel.
Même si la culture générale ne se limite pas à l'histoire, celle-ci en fait incontestablement partie, d'autant plus qu'on peut relever les références historiques fréquentes dans des domaines tels que l'intelligence économique ou la stratégie d'influence, domaine passionnant qui commence à faire son chemin dans les mentalités des managers, et c'est une notion qui "ratisse large."
http://www.comes-communication.com/articles.phpCiter :
Pour rayonner et influer sur ceux qui nous observent, [les clients, les concurrents et plus largement l'image de l'entreprise auprès du public et de ses décideurs] il faut avoir une identité puissante et assumée, savoir qui l'on est et où l'on va. Ce qui implique de savoir questionner et donner du sens. À rebours du fétichisme technologique ambiant, l'influence exige de la maturation, de la hauteur de vue et la maîtrise d'innombrables champs de connaissance.
De même, les travaux de Michael Porter sur "l'avantage concurrentiel" (c'est le titre de son premier ouvrage, qui est rapidement devenu incontournable) sont fréquemment comparés pour la guerre économique à ce que Sun Tzu a été pour la guerre tout court.
Il n'y manque même pas la notion de "guerre indirecte" (d'où cette référence fréquente à Sun Tzu) Michael Porter étant le premier qui a théorisé l'idée qu'une entreprise pouvait "organiser ses concurrents", une approche assez étonnante qui a marqué les esprits.
Pour donner une vision du concept, on peut en citer un des ingrédients : mieux vaut avoir deux concurrents pas très gênants que de dominer seul un marché lucratif, situation qui risque d'attirer l'attention d'un "nouvel entrant" aux reins solides attiré par le partage "du butin." (le marché concerné) La présence de plusieurs concurrents rend moins profitable un intrusion éventuelle, qui nécessite un investissement important. (le "ticket d'entrée", ou coût d'accès au marché.)
Porter développe donc les stratégies à mettre en oeuvre pour attaquer le concurrent le plus performant tout en laissant une marge à d'autres moins gênants, en insistant sur le danger qu'il y a à viser l'hégémonie totale.
on voit là des réflexions où un historien ne se trouverait pas complètement dépaysé. (On peut penser par exemple à l'empire romain nouant des alliances avec les peuples barbares les moins vindicatifs pour éliminer de "nouveaux entrants" plus dangereux.)