Bonsoir,
je souhaiterais relancer un débat fort intéressant sur l'intérêt de l'histoire. Que répondre à ceux qui ne disent qu'elle n'a aucune application intéressante dans le présent?
L'autre jour, un enseignant de biologie à qui je parlais me disant "Vous savez, cela ne sert à rien de s'intéresser autant à l'histoire et de regarder sans cesse dans le rétroviseur... Par exemple, imaginons que vous ayez vécu une période de votre vie qui n'ait pas été très joyeuse, il faut l'oublier immédiatement et passer à autre chose... Pourquoi lisez-vous autant de livres sur le XVIè siècle, me disait ce monsieur? à quoi cela vous sert-il? "
Que pensez-vous de ces remarques?
Bien à vous

Que pensez-vous de ces remarques?

Déplacées et inquiétantes surtout de la part d’un enseignant …. Je suis pourtant un scientifique qui ne s’est jamais intéressé à l’histoire.
Même pour mon niveau les réponses sont trop triviales et évidentes, qu’il apprenne d’abord à réfléchir.

L'éternelle rengaine servie à toutes les sauces :
à quoi cela vous sert-il?

(Il me semble qu'il y a déjà un sujet de ce type ?)

On ne connait pas le contexte de ces remarques.

Parfois, certaines personnes fuient le "monde" (la société) en s'enfermant dans des lectures qui les coupent des réalités de la vie... Il est toujours sage de rappeler que l'accumulation individuelle des connaissances peut s'avérer souvent - voire toujours ? - très vain dans le vie de tous les jours.
Elle est même dangereuse pour l'esprit, si elle est menée par les regrets et les relents de la nostalgie. Sur ce point, les propos de l'enseignant de biologie cité ci-dessus sont très justes (à ceci près que les erreurs et souffrances du passé doivent être moins oubliées qu'acceptées/assumées).

Quant à la question A quoi ça sert ? ; je crois que nous sommes tous ici d'accord sur le fait que la passion de l'Histoire est un loisir qui occupe autant que n'importe quels lecture, sport, hobby, etc...

La connaissance et la compréhension du présent passent inévitablement par celle du passé.
A quoi peuvent bien servir le serment d'Hippocrate pour un médecin ? et la connaissance de Vitruve pour un architecte ?
Imaginez un médecin ou un architecte qui n’aurait pas la connaissance de ces rudiments d’histoire.
Dans toutes les disciplines le premier cours commence toujours par son histoire.

Sous prétexte qu’il faudrait oublier les mauvais moments il faudrait donc ignorer certains faits historiques :
La grippe espagnole a tué plus de gens que toute la première guerre: Doit-on l’oublier ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pid%C3%A9miologie

Les prévisions de certaines catastrophes naturelles sont essentiellement basées sur leur fréquence dans l’histoire.

Chaque mot qui sort de la bouche de l’homme est de l’histoire.

Et à quoi servent la musique, le sport, la littérature ?

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais

Bonjour,
mais alors, que penser du parallèle entre: "il faut oublier les traumatismes et ton histoire personnelle... si vous avez vécu des moments difficiles, oubliez-les... " C'est une réaction normale et logique, après tout. Quand quelqu'un a vécu quelque chose de difficile, ou a eu une très mauvaise expérience, la première réaction des gens est: il faut que tu passes à autre chose, cela ne sert à rien de remuer le passé."
Quid de ce parallèle avec l'histoire? après tout, la guerre est un mauvais souvenir pour ceux qui l'ont vécu... certains disent: il est inutile d'en reparler, vivons dans le présent.

Il s'agit juste d'un état d'esprit que chaque être humain doit acquérir. Qu'il s'agisse des traumatismes personnels ou des traumatismes de l'Histoire, il faut savoir accepter ce qui s'est passé. Et si cela produit encore des émotions douloureuses, il faut, pendant quelques temps, avoir la volonté d'oublier.
Ressasser le passé avec aigreur et amertume ne t'aide pas vivre dans le présent. Ca ne sert à rien. C'est une perte de temps. Et comme ça produit des sentiments négatifs (peur, haine, racisme), c'est souvent dangereux. On ne le voit que trop bien avec certains courants communautaristes aujourd'hui.
Que ce soit dans notre expérience personnelle ou dans l'Histoire, il faut savoir retenir le positif... Qu'est-ce que je tire de bon de ce drame ? Qu'est-ce que j'ai appris ? Et en quoi cela nous a fait-il avancer ?

Dans l'esprit de la précédente intervention, j'ajouterais qu'à connaître l'état des finances au début du règne de Louis XIV, on aborde les problèmes actuels de dette et de déficit budgétaire avec une certaine sérénité.

Bof ... c'est effectivement nécessaire mais pas suffisant ... car l’histoire d’aujourd’hui n’est pas l’histoire d’hier et encore moins l’histoire de demain ne sera pas l’histoire d’aujourd’hui.

J'ajouterais que la notion même de "l'Histoire" est très dépendante à l'historien qui la relate ... et surtout à quel moment (dans le temps qui s'accélère) cette "histoire" est racontée.

Ma conclusion ... c'est que "l'histoire" est effectivement intéressante en elle-même ... mais, sous condition qu'elle soit la "véritable histoire", elle ne nous permet pas, sauf des devoirs de mémoires, à elle seule d'en tirer des conséquences (et donc une qcq'conque "utilité") pour le présent/futur.


Cordialement, Epsilon

Par conséquent, l'histoire est-elle utile?
Imaginons qu'un jour, un président de la république interdise l'enseignement de l'histoire en France? Cela serait-il suicidaire, comme l'affirmait Mitterrand?

Oui ... toute "iinterdiction" est suicidaire ... "il est interdit d'interdire" (mai-68).

Nous ne discutons pas de "l'enseignement" mais bien de "l'utilité de l'histoire" ... cette dernière n'est pas "inutile" puisqu'elle nous renseigne sur le passé ... mais son "utilité" est toute relative pour ce qui concerne le présent/avenir ... les mêmes causes de produisant pas les même effets.


Cordialement, Epsilon

Sans référence il faudrait tout réinventer à chaque instant. Essayez de quantifier le nécessaire et comparez le à ce qu’il faut y ajouter pour que l’ensemble soit suffisant. Le raisonnement par analogie présente quand même un intérêt.

Intérêt tout relatif.

Déjà dans le domaine scientifique l’analogie ne conduit qu’à une probabilité d’occurrence et en aucun cas à une certitude … donc dans le domaine de l’Histoire elle n’est pas, à mon avis, recevable en l’état !!!


Cordialement, Epsilon

Epsilon,

je trouve l'intérêt quand même positif et je suis d'accord avec Kurnos.

Je m'explique: comme individu je pense que je suis mieux armé avec mon bagage historique contre les tendances populistes de certains "acteurs" du domaine publique. Et car les "humains" ne semblent pas être changés dans les cinq millénaires passés, je pense qu'ils resteront les mêmes dans le futur prévisible. Alors je peux utiliser certaines leçons du passé pour ne me pas laisser "rouler dans la farine"?

Et je trouve aussi très éducatif ce qui dit Châtillon dans son message, je cite:
"Que ce soit dans notre expérience personnelle ou dans l'Histoire, il faut savoir retenir le positif... Qu'est-ce que je tire de bon de ce drame ? Qu'est-ce que j'ai appris ? Et en quoi cela nous a fait-il avancer ?"

Cordialement et avec estime,

Paul.

OUI oui à cette aune là vous avez parfaitement raison … nous acquerrons effectivement une certaine « expérience » des choses de ce monde … mais même dans ce cas deux individus placés dans le même contexte Historique n’aurons pas forcément la même réaction … et/ou n’en tirerons pas les mêmes enseignements (qui peuvent parfaitement être contradictoires) pour guider leurs pas dans le présent/futur.

De plus en tant qu’individu (et ayant notre propre histoire personnelle) faisons nous l’Histoire … j’aurais plutôt tendance à dire que nous la subissons même si, et Dieu merci, nous y apportons notre touche personnelle.


Cordialement, Epsilon