Vous tous qui prenez part à ce forum, vous tous qui avez sans doute une idée assez personnelle de l'histoire, comment la définiriez vous? en quelques lignes, en une petite formule bien tournée...



comment définiriez vous l'H/histoire?

l'Histoire est peut-être la tentative de démystification des mythes qu'on peut trouver dans les traces du passé, en essayant de comprendre l'intention de ceux qui ont laissé ces traces.

mots clefs: mythes, traces, passé, comprendre, et surtout essayer, mot qui laisse une large part au doute.

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

Pour moi (et en fait je retape à peu près ce que mes profs m'ont enseigné), l'histoire c'est l'étude critique d'événements du passé estimés dignes d'intérêts.

Je sais, c'est fort scolaire mais il me semble que c'est assez complet.

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"La culture de la pomme de terre est un témoin géographique de la découverte de l'Amérique, comme celle de la betterave est une conséquence du Blocus continental"
* L.-E. Halkin

L'Histoire, c'est une notion plutôt philosophique pour moi. C'est le destin de l'humanité, avec ce qu'il a d'aléatoire, et qui le rend fascinant.
L'histoire en tant que matière, c'est la vision que l'homme a de cette Histoire, qui est son passé, qui n'est donc qu'une construction subjective dépendant de chacun. Cela nous permet de tenter de retrouver notre passé, ce qui nous a amené ici, et aussi de se plonger dans ce passé. Car l'intérêt porté à l'histoire, c'est aussi beaucoup lié au rêve, à l'imaginaire. Et l'histoire ne pourra à mon sens jamais être totalement scientifique de ce fait. L'historiographie nous fait bien nous rendre compte qu'elle reflète les mentalités de son temps (et d'ailleurs je rejoins Hannibal quand il parle "d'évènements du passé jugés dignes d'intérêt"). Mais ce ne sont que des "défauts" inévitables, je fais avec, je n'ai pas une vision pessimiste de l'histoire non plus.

L'histoire, c'est le récit des événements humains au sens large, et plus précisément des sociétés humaines.

La discipline est donc fondée sur une dimension diachronique...

keikoz

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Dubitando ad veritatem pervenimus
Cicéron, De officiis

Je vais sans doute passer pour un inculte de bas étage mais tant pis... Que veut dire diachronique? (certes, je sais qu'il me suffirait d'ouvrir mon Larousse mais je préfère vous demander).

L'Histoire est une base de données ...

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Spartacus avait raison ...

C'est l'étude du passé.

L'Histoire pour moi, c'est avant tout une histoire, c'est pour ça que c'est si intéressant. C'est comme un livre qui raconte des histoires, sauf que c'est d'autant plus piquant que ça s'est vraiment passé.
Je considère que l'histoire est quelquechose d'inutile par essence. En fait, je sais très bien tout ce que l'histoire a d'utile (si on ne connait pas le passé, on ne comprend pas le présent). Mais je pense que ce qu'il y a de passionant n'est pas cêtte dimension utile, c'est au contraire parce que c'est une histoire qui est racontée (un peu comme les mathématiciens aiment les maths non pour leurs implications physiques et leur éventuelle utilité, mais simplement par jeu de l'esprit).

L'Histoire c'est savoir d'où l'on vient pour comprendre où l'on est et prévoir peut-être où l'on va.

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron

Pour moi, l'histoire n'est pas un récit du passé, pas même une reconstitution [ce qui relève de l'érudition, que je différencie de l'histoire]. C'est une réflexion sur le passé dans toutes ses dimensions (humaine bien sûr mais pas seulement).

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).

Mais dans ce cas on rejoint l'éternel problème de la philosophie de l'histoire, ce à qui renvoit une réflexion sur le passé. Il est cela dit vrai que l'histoire n'a aucun intérêt si on ne fait pas un travail de interprétation des faits historiques.

1. etablissement des faits
2. interprétation des faits historiques

... ainsi disait mon illustre maître Edouard Husson...

keikoz

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Dubitando ad veritatem pervenimus
Cicéron, De officiis

L'Histoire dans l'absolu est l'ensemble impossible à appréhender de tous les événements petits ou majeurs qui animent le cours du Temps. mais il est évident que je ne réponds pas à la question posée. Alors ?

l'Histoire est d'abord (à mes yeux, tout du moins) une discipline scientifique qui prend pour objet le passé avec pour fin de le rendre plus compréhensible aux hommes du temps présent.

Discipline scientifique, autrement dit respectant une méthode d'investigation vérifiable et réfutable comme n'importe quelle autre science. En cela, cette science humaine s'avère "objective".

A défaut de savoir bien exprimer ce qu'elle est, il y a moyen aussi de dire ce qu'elle n'est pas (toujours selon moi):

Elle n'est pas un récit ; ce dernier existe mais narration proposée (parmi d'autres) sans pouvoir prétendre au statut de Vérité (sinon, nous ne serions plus dans le cadre d'une science mais d'une religion avec ses mythes), ce récit forcément provisoire et incomplet n'est rien qu'une mise en forme de ce que l'historien a pu découvrir dans le champ qu'il s'est donné et dont il aura pris soin de préciser les limites. Le récit n'est pas l'Histoire proprement dite, il n'en est qu'une conséquence de la recherche (de l'enquête) en termes de formulation littéraire ou verbale.

L'histoire n'est pas non plus une philosophie. Elle peut aider chacun à s'en construire une mais, là encore, on évalue une conséquence de la science historique plutôt que son essence.

Moins encore, elle serait une banque de donnée. Je comprends ce qu'on peut vouloir évoquer par cette idée a priori séduisante. Mais cette séduction est aussi trompeuse que dangereuse. Concevoir l'Histoire comme une banque de données, c'est la penser comme un réservoir d'arguments pour soutenir des thèses selon le besoin. On touche là au problème de l'instrumentalisation du passé à des fins d'action ou de jugement déclinés au temps présent. Or, l'histoire n'a pas à servir un fin quelle qu'elle soit ni ne le peut parce que - contrairement à l'adage - l'histoire ne se répète jamais ; ne serait-ce que par définition puisqu'elle est d'abord étude des événements singuliers. A ce titre, j'éprouve fort peu de goût pour un sport très prisé sur ce forum consistant à définir le meilleur ceci ou cela? ce petit jeu revient à comparer des situations qui ne sont pas comparables et à faire tout le contraire de ce qui découle de l'Histoire : l'exposé d'une situation d'autant plus mémorable qu'elle est unique en son genre.

"l'histoire c'est l'ensemble des mensonges que personne ne conteste"
Napoléon

sinon j'ajouterai:
"l'histoire c'est l'erreur rectifiée"

car pendant longtemps le but de l'histoire n'est pas la vérité, mais la promotion du régime, du souverain ou des institutions. Heureusement c'est de moins en moins le cas, mais il reste un travail considérable à faire surtout chez les non spécialistes!
ça devient une réponse aux questions métaphysiques:
"qui sommes nous ?, d'où venons nous ?"

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La grande leçon de l'histoire est que l'homme ne tire presque jamais de leçons de l'histoire.

Ca c'est plutôt l'instrumentalisation de la science historique, et qui fait encore des dégâts...

keikoz

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Cicéron, De officiis