alexis34 a écrit :
Selon vous, il n'existe pas d'histoire objective. C'est assez évident mais je pense que la vrai question n'est pas : une histoire objective existe t-elle? , mais plutôt : peut on établir ce qui est plus ou moins subjectif ?
En fait, il y a de nombreux historiens qui tentent d'être les plus objectifs possibles. Je constate que ceux qui réclament à cor et à cris plus d’objectivité sont souvent ceux qui désireraient en fait une histoire moins objective et prenant surtout en compte leur vision particulière.
Pour moi, le meilleur moyen d'avoir une vision objective d'une période historique est d'être conscient de la subjectivité des historiens et de la prendre en compte. Parfois, il vaut mieux prendre 3 ouvrages, un qui serait écrit par un bon historien, mais plutôt en faveur d'une des thèses. Un second, toujours un bon historien, mais opposé à cette thèse et le troisième, d'un bon historien, mais réputé plutôt neutre. La vérité serait quelque part entre les 3.
Ensuite, sur une discussion très proche sur la SGM, il y avait des gens qui conseillaient les livres de mémoire ou de témoignages. Nous avons été quelques uns à les déconseiller. Ou alors, il faut bien avoir à l'esprit que le livre écrit après un tel évènement sert souvent à défendre son rédacteur. Sauf les livres des gens du commun, mais là, il faut avoir en tête qu'ils n'ont qu'une vision assez restreinte de ce qui s'est passé.
De part mon métier, j'ai l'habitude de travailler sur des rapports d’évènements ou des comptes-rendus d’évènements. La subjectivité est inhérente à l'esprit humain. Le cerveau de l'homme est une machine à interpréter les évènements qui se passent autour de nous. L'évolution a privilégier des réactions assez rapides, avant l'analyse complète d'une situation. Diverses études ont montré que face à un danger, il valait souvent faire quelque chose, quitte à faire n'importe quoi que ne rien faire. Il est souvent toujours temps plus tard de corriger ce qui a été fait.
C'est logique que ce trait ait été sélectionné par l'évolution. Admettons que vous êtes coincé entre un prédateur et un rocher ou une falaise. Il vous est impossible de reculer. Si vous restez sans rien faire, vous allez être dévoré. La probabilité de mourir est de 1. Toute action qui vous donne quelques chances de survie diminue cette probabilité. Donc, la sélection naturelle ne pouvait que sélectionner ce trait de caractère. Par conséquent, dans certaines conditions, notre esprit réagit avant d'avoir analyse totalement la situation. Mais, comment justifier cela par après ? Surtout si on en n'est pas conscient ? Quand vous avez pris la décision, vous étiez sûr que c'était la bonne. Depuis, l'histoire vous a donné tort et à parfois dévoilé des cartes qui vous étaient inconnues. Donc, soit vous êtes très honnête et vous reconnaissez cela, soit vous tentez de noyer le poisson dans l'eau et vous donnez votre vérité. D'ailleurs, même si vous êtes honnête, ce sera votre vérité. Votre voisin n'a pas vu la même chose, il n'a pas entendu la même chose, il n'a pas interprété de la même façon que vous, même s'il a été formé comme vous. Sa vérité est forcement différente de la votre.
Quant aux machines ... La machine parfaite n'existe pas. Donc, il faut aussi faire avec leurs dysfonctionnements.
L'histoire c'est le récit des évènements vécus par les hommes, racontés par les hommes. On peut la raconter de manière très objective, mais elle ne sera jamais qu'une interprétation de ce qui s'est réellement passé.