Narduccio a écrit :
En fait, tout le monde à ses juifs. Ceux qu'ils fréquentent et dont ils doivent bien reconnaitre qu'ils sont aussi bien allemands qu'eux. ... On leur dit que les juifs sont mauvais, et ils sont tous d'accord avec cela.... Mais tous connaissent un ou plusieurs juifs qu'ils estiment.
Le mot "
intégration" est étrange. Normalement il se suffit à lui-même. On est intégré ou pas et pourtant nous avons droit à "
intégration réussie" ou "
intégration ratée" (ce qui n'a pas lieu d'être, on n'évoque pas une chose qui n'existe pas par définition). Vous même évoquez une intégration "parfaite" : ceci veut-il dire qu'il y aurait une hiérarchie dans l'intégration ? Et selon quels critères qui ne peuvent être que subjectifs : tel vous décrit une intégration réussie parce-que... et tel autre n'y voit là qu'un début d'intégration.
J'ai donc du mal avec l'emploi de ce mot.
Ce que vous évoquez est normal, sociologiquement parlant. Vous noterez cependant que les exemples avancés sont toujours des personnes "
redevables" d'une "
bonne action". On est donc débiteur au niveau de la conscience qui n'a pas encore dilué les notions de "bien" et de "mal", pas plus que les nouvelles lois données et où est leur place dans la hiérarchie des valeurs "anciennes" (toujours présentes).
Arrive avec le nazisme ce que j'appellerai une "
autorité déviante".
Je prends un exemple.
Un enfant de 7 ans (capacité de compréhension) entend le discours parental : "si tu désobéis, je te frappe.". Il teste et les coups pleuvent.
Puis nouvel interdit : "si tu joues avec l'eau, tu vas mouiller partout et je vais devoir essuyer tes bêtises donc si tu touches à l'eau, tu te souviens de ce qui t'est arrivé lorsque tu as désobéi et bien ce sera bien pire."
L'enfant comprend. Si la désobéissance est toujours un peu tentante, pour de l'eau ceci ne vaut pas le coup d'être rossé violemment.
L'adulte revient, il a plu. Il prend l'enfant, l'emmène dans la cour où il existe une flaque et l'adulte ordonne : "Saute dans cette flaque !". Que peut faire l'enfant ? Obéir et être frappé "pire" (avec ce que ceci implique de terreur) ou ne rien faire et dans ce cas être frappé tout de même pour désobéissance.
Une fois "grand" cet enfant aura développé une méfiance innée des adultes, seuls ou pire "en groupe" (ceci ne peut que démultiplier les coups et les humiliations) et accessoirement il développera une phobie de l'eau sous toutes ces formes.
Maintenant l'adulte fait entendre au cercle familial à corps et à cris que cet été, l'enfant a bien de la chance : il va partir en colonies de vacances et ceci n'est pas donné mais bon, lorsque l'on aime on ne compte pas.
Cependant, cet enfant est intolérable : il n'obéit pas, il fait n'importe quoi et il ne serait pas étonnant qu'il soit renvoyé et chacun d'y aller de son sermon : "quelle chance, la mer ! J'espère que tu sauras en profiter etc.". Ce qui doit arriver arrive : l'enfant n'entre pas dans le groupe mené par un adulte inconnu dont l'autorité s'exerce, il refuse instinctivement la baignade et se montre rétif à tout. Il est renvoyé. L'adulte se présente alors comme une victime devant le cercle familial qui se tait (pour certains), qui se détourne pour les autres en faisant bien entendre qu'en effet ce gamin ignore sa chance...
C'est ceci une autorité déviante.
Prenons le GA (gentil allemand) qui défend un Juif (J) devant une autorité déviante (AD).
Il a écrit, est convoqué et reçu. Il attend, assis, mal à l'aise. On le fait entrer, on l'invite à s'asseoir. Jusqu'ici, ça va.
Soudain l'AD se déplie. Elle est debout et le GA assis. Le malaise reprend.
La lettre est lue, c'est bien mais est-ce le travail d'un bon citoyen ? Il existe de nouvelles lois que nul n'est sensé ignorer. les ignorer fait de GA un mauvais citoyen. GA veut répondre, l'AD rappelle qui est le représentant de la loi dans la pièce. On se tait puisque l'on est ramené à son ignorance et au fait d'avoir transgressé, quoi ? On ne comprend pas bien mais le fait est là.
Vient le fond de la lettre et l'étonnement de l'AD : comment ? De l'argent a été emprunté à ce J ? Et pour quel achat ? Est-il normal de vivre au-dessus de ses moyens et d'en faire prospérer J. On contribue donc à la culpabilité de J. dans ce domaine et plus encore si il n'y a pas eu à payer d'intérêts on s'inscrit donc doublement dans la faute. J. ne prête jamais sans intérêts, tout comme ses congénères, qu'est-ce qui a fait que ? En cherchant bien on trouvera !
Et le GA après un moment se trouve transformé en BCG (bon citoyen docile), plein de culpabilité, honteux et comme il est rare que le genre humain se plaise dans le malaise, au final, c'est bien vrai : on s'est fait avoir par J. et pour le coup, on le paie.
Ceci a demandé un temps pour la démonstration au GA. Encore quelques démonstrations ainsi et plus raides (exemples du style : vous ne souhaitez pas que J. soit envoyé à l'Est où nous avons pour lui un projet. Vous savez que J. ne peut plus exercer son métier. Il a une femme et 3 enfants. Et bien c'est cadeau : J. et sa famille vont s'installer chez vous, à vous de pourvoir aux besoins en vous serrant la ceinture, de plus votre vie est la caution que J. ne soit ni aperçu ni entendu car les J. n'existent pas ici. Maintenant à gauche votre lettre, à droite un certificat de "bon citoyen". Faites votre choix, ceci se passe entre nous...
Quelle que soit la bonté du GA, il devient un BCG. La fois prochaine, l'AD pourra même exiger plus de lui.
Je reviens sur un film évoqué sur un autre fil, film qui évoque la Résistance. La première fois que je l'ai vu, je n'ai pas tout compris mais ce qui m'a saisie est le fait qu'un type (Ventura) puisse se mettre à courir sur demande. Il me paraissait évident que même en touchant le mur, il ne s'en sortirait pas. Pourquoi alors courir ? Parce-que ce type n'a jamais connu d'AD enfant et qu'il peut encore croire en quelque chose même si ceci est ténu. A la fin du film, il a enfin pigé : il ne courra pas deux fois.
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