Faget a écrit :
Profitant de ce sujet qui recherche les exemples d'anti-conformisme, il a un sujet où je vais déposer une grenade dégoupillée sur la table, en espérant qu'elle ne va pas faire exploser le Forum.
On parle fréquemment des "malgré-nous" alsaciens -mosellans, mais il y a une chose que l'on oublie volontairement c'est que ces braves garçons devenus soldats allemands contre leur gré se sont battus quand il le fallait et nombre d'entre eux ont reçu la Croix de Fer et ont eu de l'avancement. Bien sûr, ils ne s'en sont pas vantés à leur retour (pour ceux qui sont revenus). Mais en Alsace, dans les discussions arrosées dans les Weinstube, le bon vin aidant les langues se déliaient. Ce recueil d'information à la source m'avait beaucoup intéressé. Je n'ai jamais jugé ces braves gens qui parfois avaient conservé leur livret militaire (Soldbuch)où tout était inscrit.
Que dire, quand on n'a pas été dans la même situation : effet de cohésion du groupe, la crainte des cadres allemands, désir de sauver sa peau et celle des camarades. Je livre un fait qui a été occulté mais qui ne dépare pas, à mon avis, dans un site comme celui-ci.
En fait, le sujet est très délicat. Un certain nombre de Malgré-nous ayant fait ce qu'il fallait pour survivre, donc faire relativement bien le métier qu'on leur a imposé de soldat. D'autres semblent avoir apprécié l'esprit de camaraderie qu'il y avait au sein de certaines unités de l'armée allemande, et avoir regretté par la suite le "bordel" ambiant qu'ils ont ressenti à certaines périodes en France.
La situation est très compliqué et dépend parfois de l'origine sociale et confessionnelle du Malgré-nous. Certains coins de l'Alsace étant déjà dans les années 30 de tendances autonomistes, on donné un nombre assez conséquents de volontaires et un certain nombre de Malgré-nous peu réticents à endosser les uniformes allemands. Dans d'autres coins, quand on regarde les statistiques, on se retrouve avec un grand nombre d'évasions, de tentatives d'évasions, de désertions, ou de tentatives d'évasions...
Après guerre, comme ailleurs, on a rangé certaines histoires sous le boisseau ... Dans certains patelins, lors des réunions d'anciens Malgré-nous on "oubliait" d'inviter certaines personnes. Certains Malgré-nous ont toujours refusé de faire parti des associations de Malgré-nous. D'autres ont accepté de participer à des réunions d'anciens combattants des unités auxquelles ils avaient appartenu. Ceux-ce se partageant en 2 groupes : ceux qui ont participé à plusieurs réunions, ceux qui n'ont participé qu'à une seule. Mais, il faut aussi reconnaitre que les ambiances seraient très différentes dans ces réunions en fonction du type d'unités. Dans celles de certaines unités de la
waffen-SS, on regretterait vivement que l'ordre ancien n'ai pas perduré (on parle de l'ordre nazi). Alors que d'autres sont justes des réunions de vieillards qui ayant partagés les mêmes galères peuvent échanger des souvenirs et se montrer les photos de leurs petits enfants ou arrières-petits-enfants en constatant qu'il est bon d'être dans un monde qui a sût dépasser tout cela ...
Il y a quelques historiens alsaciens qui se sont fait une spécialité d'étudier l'histoire des Malgré-nous. Je lis en ce moment :
https://www.decitre.fr/livres/histoires-extraordinaires-de-malgre-nous-9782737370212.htmlLe seul problème en ce qui concerne vos propos, c'est qu'il semblerait que ces Malgré-nous qui ont brillé sous l'uniforme nazis ne semblent pas pressés d'aller raconter leurs itinéraires à ces historiens. Et, de mémoire, il me semble que les officiers allemands avaient une assez mauvaise image des performances militaires des Malgré-nous alsaciens-lorrains. J'avais lu il y a longtemps un article qui semblait montrer qu'en moyenne, ils étaient moins souvent cités et moins souvent décorés. J'ignore si une étude historique a été faites sur cela