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Message Publié : 11 Nov 2017 9:56 
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Polybe
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Inscription : 04 Mars 2008 15:11
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Localisation : chroniqueur du temps qui passe à Nancy
bonjour,
je souhaiterais mieux connaitre la méthodologie dans la discipline historique. Il y a quelques années j'ai visité à Paris l'expo sur les enfants cachés et parmi les articles d'un livre sur la question, un texte d'Annette Wieviorka a attiré mon attention : elle affirmait que les enfants cachés ne pouvaient pas constituer un objet d'histoire car il n'y avait que des histoires singulières et rien de commun entre chaque expérience. A y réfléchir aujourd'hui, je me demande ce qu'elle voulait dire, quel est cet étrange objectéité auxquels certains faits peuvent prétendre et pas les autres ? n'ai je pas le droit de publier un livre sur l'histoire de mon mouchoir de poche, par exemple, au prétexte qu'il est unique ?? Dans le même temps je fais le lien avec la notion de Shoah qui elle semble constituer un objet tel que je le comprends c'est à dire un matériau constitué des matériels suivants : stigmatisation, regroupement, déportation et expérimentation. Est ce que cela veut dire que l'historien n'étudie que des événements qui sont analysables en différentes parties ? bref je comprends pas grand chose. Merci

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Message Publié : 11 Nov 2017 14:57 
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Eginhard
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Inscription : 14 Avr 2011 21:37
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N'ayant pas accès au texte que vous mentionnez d'Annette Wieviorka, et soupçonnant une confusion sur ses propos, je répondrai au titre de votre sujet. Histoire et mémoire. On peut faire simple : l'histoire, c'est ce que font les historiens. C'est une méthode passant par une critique objective des sources. C'est une tentative de reconstruction dépassionnée de notre passé.

La mémoire, c'est le souvenir d'un individu ou d'un groupe social. C'est un passé subjectif, chargé de sens et d'émotion.

Nous sommes le 11 novembre, moment de célébration en France. On commémore les morts de la guerre, on évoque la figure de George Clemenceau, on salue le dévouement des forces armées françaises, etc. On ne parle pas de l'armistice en réalité : on en profite pour parler du temps présent, pour "tirer des leçons du passé". C'est de la mémoire.

À noter que la différenciation histoire/mémoire est finalement assez récente. Au XIXe siècle, les deux ne se distinguaient pas, et l'histoire servait en partie à légitimer la République. Histoire et mémoire se confondaient dans le roman national.

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Message Publié : 11 Nov 2017 15:55 
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Polybe
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Inscription : 04 Mars 2008 15:11
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Localisation : chroniqueur du temps qui passe à Nancy
Bonjour, merci pour votre réponse,

Pour la différence entre mémoire et histoire je comprends mieux.

Pour mon exemple, j'éclaircis : je ne mets pas de côté une erreur de lecture de ma part à propos de l'analyse de notre spécialiste française, pour le dire honnêtement j'avais fait une photocopie mais celle du propos, la 3e a disparu. Gasp. frustration.
Donc sur le cas précis des enfants cachés, j'ai juste le titre de l'article : Vendredi 18 novembre 2005 : « Les enfants cachés peuvent-ils constituer un objet d’histoire ? » Journée d’études : « Autour de témoignages d’enfants juifs cachés en France pendant l’occupation : questionnements, analyses ».
tiré de ce site : http://sirice.univ-paris1.fr/spip.php?article115
c'est quand même bête de perdre ses archives.

donc je relance ma question, car si Annette Wieviorka pose la sienne c'est que la mienne se pose. Quelle idée quand même de se poser des questions pareilles.

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Message Publié : 11 Nov 2017 18:09 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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C'était mon sujet de philo au bac ...j'ai eu 16 ...en 1984 ...Nostalgie...


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Message Publié : 11 Nov 2017 23:33 
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Polybe
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Inscription : 04 Mars 2008 15:11
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Localisation : chroniqueur du temps qui passe à Nancy
hum aigle, et c'était quoi tes arguments ? lol

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Message Publié : 12 Nov 2017 18:59 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
Message(s) : 2681
Lecielmetombesurlatête a écrit :
hum aigle, et c'était quoi tes arguments ? lol


mais c'est ancien tout cela ...

en gros : la mémoire (individuelle ou collective) est subjective car partielle et émotionnelle, éventuellement (voire souvent) déformée (ou au moins simplifiée avec des bons et des méchants) et confondant souvent les faits, leurs causes, leurs conséquences et leur interprétation ...

l'Histoire est une science qui repose sur une méthode qui appelle rigueur dans la recherche des sources, la description des faits et leur interprétation...et doit par exemple admettre la coexistence de plusieurs lectures des mêmes faits (à condition de préciser qui dit quoi à qui et à quel sujet)...

Evidmment l'Histoire cesse d'être une science quand elle devient l'expression d'une idéologie (typiquement : le marxisme qui se voulait une philosophie de l'Histoire) - que la mémoire peut alors contrer en conservant le souvenir d'événements niés par les régimes "à histoire officielle".

Les historiens peuvent néanmoins étudier la "memoire" pour retrouver la trace de ceratins événements que les autres sources ont oubliés et aussi pour comprendre comment une société conçoit son passé (ce qui est une façon de comprendre son présent).

Raymond Aron a beaucoup écrit là-dessus (dans une optique très anti-marxienne, on peut s'en douter ...).


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Message Publié : 13 Nov 2017 18:05 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
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''Histoire et mémoire'' de Jacques Le Goff sur le sujet...

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« Étudiez comme si vous deviez vivre toujours ; vivez comme si vous deviez mourir demain. » Isidore de Séville


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Message Publié : 18 Nov 2017 20:26 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
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Isidore a écrit :
''Histoire et mémoire'' de Jacques Le Goff sur le sujet...

Merci Isidore pour ce livre de Jaques Le Goff
https://www.amazon.fr/Histoire-m%C3%A9m ... 2070324044
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/49535

Cordialement, Paul.


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Message Publié : 18 Nov 2017 20:37 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
Message(s) : 1522
Localisation : Belgique
Aigle a écrit :
Lecielmetombesurlatête a écrit :
hum aigle, et c'était quoi tes arguments ? lol


mais c'est ancien tout cela ...

en gros : la mémoire (individuelle ou collective) est subjective car partielle et émotionnelle, éventuellement (voire souvent) déformée (ou au moins simplifiée avec des bons et des méchants) et confondant souvent les faits, leurs causes, leurs conséquences et leur interprétation ...

l'Histoire est une science qui repose sur une méthode qui appelle rigueur dans la recherche des sources, la description des faits et leur interprétation...et doit par exemple admettre la coexistence de plusieurs lectures des mêmes faits (à condition de préciser qui dit quoi à qui et à quel sujet)...

Evidmment l'Histoire cesse d'être une science quand elle devient l'expression d'une idéologie (typiquement : le marxisme qui se voulait une philosophie de l'Histoire) - que la mémoire peut alors contrer en conservant le souvenir d'événements niés par les régimes "à histoire officielle".

Les historiens peuvent néanmoins étudier la "memoire" pour retrouver la trace de ceratins événements que les autres sources ont oubliés et aussi pour comprendre comment une société conçoit son passé (ce qui est une façon de comprendre son présent).

Raymond Aron a beaucoup écrit là-dessus (dans une optique très anti-marxienne, on peut s'en douter ...).


Je vous remercie Aigle pour ce résumé de la méthode scientifique dans l'histoire. C'était maintes fois au coeur du débat dans un tas de discussions autour du sujet; par exemple: "L'histoire est-ce que c'est un art ou quoi?". Des discussions sur differentes fora où j'ai aussi contribué au sujet. Je peux directement montrer une dizaine :wink: aussi sur cet forum...

Cordialement, Paul.


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