Si je puis me permettre,
Pour mémoire, les marxistes postulent que chacune des étapes de l'Histoire se caractérise par l'appropriation des richesses par une classe dominante aux dépens d'une classe dominée. L'important n'est pas tant le passage de l'esclavage au servage, mais l'observation de permanences d'une étape à une autre.
Comme vous l'avez dit, l'Antiquité est caractérisée par l'esclavage. On a un mode production dans lequel les citoyens vivent grâce aux richesses produites par les esclaves. Pour ce qui s'agit des serfs, ou disons plus largement de la seigneurie, je trouve que sa définition générale est éloquente :
un système de domination des élites sociales sur d'autres catégories sociales moins favorisées, autrement dit un mode de production dans lequel des catégories dominantes exercent un pouvoir sur leur population et en tirent de la force de travail et des revenus.
Ça ne vous rappelle rien ?
Partant de là, pour les marxistes, l'esclavagisme antique ne serait que le maillon d'une succession d'étapes à l'enchaînement rationnel. En d'autres mots, ce n'est pas parce qu'il n'y a plus d'esclaves qu'il y a mort du phénomène.
Très vite pour ce qui s'agit de la question de la part d'implication du christianisme dans la disparition de l'esclavage : pour ma part je pense comme Duby qu'il ne faut pas ignorer les raisons pratico-pratiques qui ont poussé à sa résorption. Au Vème siècle, l'Occident se fait moins conquérant, et s'il est toujours possible d'organiser des razzias d'hommes ou de femmes (des populations païennes, s'entend), les esclaves deviennent trop rares, trop chers, leur entretien trop contraignant pour baser une économie dessus.
(G. DUBY, L'Économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval, Paris, 1962)
Bien à vous