Guigui69 a écrit :
Bonjour, lors de lectures sur l'épistémologie de l'histoire, je retombe souvent sur les noms de Levi-Strauss, Durckheim ou Bourdieu comme personnalités phares, hors de la discipline historique, pour leur apport à la réflexion et la méthode.
Si je devais lire un ou deux livres de chacun de ces trois scientifiques, pour mieux cerner leur apport à l'histoire, lesquels conseilleriez-vous ?
Merci de vos conseils.
des auteurs absolument colossaux et franchement indépassables.
bon, j'vais pas faire mon cultivé avec Durkheim car je n'ai pas lu l
es règles de la méthode sociologique mais ce serait naturellement celui-là qu'il faudrait lire, ainsi que, au moins, l'intro du
suicide.
lévi-strauss,
la pensée sauvage ça devrait te souffler pas mal, notamment le 1er chapitre et le dernier dans lequel il discute la
critique de la raison dialectique de Sartre.
bourdieu, saint pierre, pour se convertir au boudieusisme (dont je suis un adepte pathologique) tu peux commencer par les
méditations pascaliennes, un de ses derniers ouvrages qui n'est pas une étude spécialisée comme la plupart de ses autres bouquins mais une synthèse de sa théorie des champs (ainsi qu'une critique féroce du biais intellectualiste, qu'il appelle "scolastique" dans la 1ère moitié de l'ouvrage). sinon dans une perspective vraiment historique, le bourdieu qui pense l'événement, va voir du côté des
règles de l'art par exemple, où là aussi il explicite énormément sa démarche. ses cours au collège de france sont extrêmement didactiques aussi (surtout
sociologie de la science et réflexivité, son dernier).
sinon pas vraiment regardé le passeron sur
le raisonnement sociologique, ni celui qu'il a fait avec saint pierre dans sa jeunesse (
le métier de sociologue)
par contre, évidemment, faut lire saint michel (foucault) qui nous écrase tous. ses écrits des années 60, pour géniaux qu'ils soient (
les mots et les choses, pfiouuuuuu absolument grandiose, ou plus abstrait
l'archéologie du savoir) sont écrits dans un style parfois franchement imbitable. par contre dans les années 70,
surveiller et punir ou encore
la volonté de savoir, j'ai rarement lu des choses aussi fortes sur l'histoire et les sciences humaines (et aussi claires, pour le coup). à croiser avec ses cours au collège de france (notamment ceux sur la gouvernementalité :
sécurité, territoire, population ainsi que
naissance de la biopolitique) et une foule de pépites absolues que tu trouveras dans les dits et écrits (notamment sa conférence sur "la vérité et les formes juridiques" en 74 qui systématise le propos qu'il tiendra dans
surveiller et punir et surtout, surtout, surtout son article fondamental "Nietzsche, la généalogie et l'histoire" de 71 me semble-t-il).
sinon évidemment aller voir max weber c'est à faire aussi je pense même si j'ai pas lu ses
essais sur la théorie de la science. pour une approche de la démarche épistémologique tu peux jeter un oeil aux
étapes de la pensée sociologique de aron, même si c'est aron et qu'il n'a évidemment pas l'envergure qu'il faut pour être autre chose qu'un petit prof de fac (c'est tellement au dessous, par exemple, de deleuze qui t'explique nietzshe ou foucault, mais bon, on ne peut pas blâmer aron d'être un homme bien ordinaire à côté des colosses que je viens d'énumérer).
déjà ça me semble plutôt costaud comme programme.