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En France, certains groupe se sont ralliés très vite à l'idée de donner les juifs aux allemands, quoique ceux-ci en fassent (en fait, on sait que les personnes concernées savaient très bien ce qui était promis aux juifs qu'ils remettaient aux allemands). Donc, en Allemagne, il a fallu 10 ans, en France 2 ans ont suffit ...
C'est une digression me semble-t-il au sujet, mais je ne pense pas qu'on puisse comparer l'Allemagne des années 1930, en paix (mais qui s'arme...) avec une France occupée totalement (hors colonies) en novembre 1942 par l'armée allemande.
Que ce qui suive ne disculpe en rien Vichy et la politique inconsidérée de Laval (qui croyait vraiment pouvoir traiter avec Hitler
), mais c'est davantage de la xénophobie basique que de l'antisémitisme hitlérien dans ce cas précis.
En effet, les juifs Français sont au départ davantage "protégés" et ce sont d'abord les juifs étrangers - au mépris total du droit international lié aux réfugiés politiques - qui sont livrés aux Allemands.
Si le simple antisémitisme avait prévalu, tous les juifs auraient été traités de la même manière.
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Le seul terreau que l'on puisse considérer "commun" est l'antisémitisme
.
Non, je ne le pense pas.
En dehors des deux anciennes démocraties occidentales que sont la France et le Royaume-Uni, toutes les jeunes démocraties d'Europe centrale et orientale - à l'exception de la Tchécoslovaquie - se raidissent après 1929, laissant poindre des régimes autoritaires ou fascites.
Cette défiance à la démocratie n'est vraisemblablement pas
que germanique.
Les élites au pouvoir, issues des régimes non démocratiques, ont aussi subsisté dans ces pays (Autriche, Espagne, Roumanie, Yougoslavie, Italie, etc.) n'ont pas trop sourcillé à entrer leur épée dans les reins de régimes encore mal enracinés.
La nouveauté allemande - ou plutôt nazie - c'est un racisme "scientifisé" et inscrit dans la loi, il n'en existe pas de pareil dans le reste des pays européens.
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Je vois plutôt les idées du NSDAP s'adapter à une Allemagne.
Elle encaisse une défaite -non intégrée- puisque l'expression souvent employée et lue est "fin de guerre".
Et comment intégrer une "défaite" isolément ? 18 : "fin de guerre", révolutions communistes, invasion française, démembrement des territoires de l'Est, putschs séparatistes. Le 11 novembre ne peut être isolé du 9 ; de l'occupation de la Rhénanie puis de la Ruhr en 21-24.
Si la "fin de la guerre" fait l'objet d'un silence, il en va tout autrement pour les troubles qui suivent. Beaucoup des futurs NS prennent part aux combats (contre l'Armée Rouge) puis, encartés pour les étudiants au "Deutsche Hochschulring" au combat rhénan...
Il me semble plutôt qu'un homme - et sa suite - a construit, avec une forme de brio, un échappatoire à une société se sentant humiliée avec une synthèse d'idées (que je crois minoritaires en Europe, comme en Allemagne) racistes et nationalistes d'un nouvel ordre.
En ce sens, Hitler ne s'adapte pas à l'Allemagne, il est l'Allemagne.
Il promet de renouer avec la victoire, l'emploi et l'ordre, tout en luttant contre les ennemis de l'Allemagne - même les imaginaires... - et les cercles traditionnels wilhelmiens, méfiants au départ à l'égard de cet obscur agité sorti de nulle part, finissent, progressivement par le suivre. Hitler compose de manière pragmatique, mais ne quittant jamais l'objectif final de sa nouvelle société, flattant au passage les thuriféraires d'une Allemagne mythique, ceux qui composeront sa suite : le timide Goebbels (à l'aide des idées de Bernays) dans l'art de la propagande, Hess pour hystériser les foules (à tel point qu'un type pareil ne pourrait jamais être au pouvoir), Goering comme représentant rassurant de l'ancienne Allemagne, ayant des réseaux politiques infinis, Himmler comme bourreau implacable (à commencer par les SA qui commencent à déranger), etc.
Si Lénine a théorisé et réalisé la prise du pouvoir par un petit groupe de révolutionnaires armés, à la tête des masses prolétariennes en Russie, Hitler, lui, a réussi a retourner les masses contre une démocratie mal installée, avec une méthode jusqu'alors inconnue - et que visiblement ne comprenait pas les partis politique traditionnels - pour prendre le pouvoir et imposer ses idées nationalistes et sociales-racistes.
Après cela est plus classique, propagande à outrance, terreur et massacres.
En somme, l'hitlérisme ne s'adapte pas à l'Allemagne, il dompte cette dernière, pour s'en faire sa maitresse en quelque sorte.
En tombant dans la vulgate d' AH, on comprend mieux toutes les métaphores avec le passé mythique des
Germains, l'amour outrancier des oeuvres de Wagner - en particulier
Rienzi (observons comment ce tribun populaire termine dans l'opéra de Wagner, c'est édifiant...), les rêves de
Germania, ses délires sur la race germanique ou aryenne, les chevauchées des chevaliers teutoniques dans une mise en scène wagnérienne, etc.
Non, Hitler nous offre la vision d'une Allemagne totalement fantasmée, qu'il a construite dans son esprit et qui ne correspond pas aux réalités.
Libre à nous de ne pas le suivre...