Pourtant cela me semble bien complexe.
Je vais essayer de lister rapidement.
D'abord, l'objet.
la validite des faits. Je n'y reviens pas en tant que tel, la question du recueil des donnees legitimes se pose en histoire comme ailleurs.
En revanche, la specificite du fait pose plus probleme en histoire qu'ailleurs. Les donnees ne se presentent pas "pures" en histoire et l'irreduction elementaire, d'abord y est tout sauf simple, ensuite me semble rarement entreprise.
La nature du fait est encore plus problematique. Par exemple : L'histoire traite-t-elle de donnees conscientes ou inconscientes ?
Et cette question rejoint directement celle de la validite :
Si l'histoire traite de donnees conscientes, alors son champs d'etude est particulierement restreint.
Mais si elle traite de donnees inconscientes, alors comment peut-elle faire confiance a la source heuristique, aussi nombreuses soient les sources ?
Ensuite, la methodologie.
La methodologie en histoire ne peut etre d'ordre experimental, bien evidemment. Mais alors, elle est d'ordre interpretatif. C'est-a-dire qu'elle repose sur l'empathie.
Des lors se pose la question : Comment interpreter un fait passe sans inferer sur le present ?
Pour interpreter le fait passe, il faut donc postuler que :
- Soit "rien ne change vraiment"
- Soit c'est "l'eternel retour du meme".
Mais alors qu'est-ce que l'histoire veritablement ? Un continuum dynamique, un statisme, ou une juxtaposition d'instants ?
Je vais revenir la-dessus ici : *
Enfin, corrolaire : la regularite.
Le fait historique est-il unique ou est-il statistiquement signifiant ?
On peut poser qu'il n'est pas besoin d'une regularite statistique pour qu'une relation causale soit une loi.
Mais a quoi servirait une loi portant sur une relation unique entre deux elements uniques ?
Des lors se pose la question : L'induction, et la generalisation des conclusions, sont-elles possible en histoire ?
Si oui, alors comment, dans quelles limites, sur quels objets, etc.
Si non, alors qu'est-ce que l'histoire apprend ?
* Je reviens sur la question du biais d'empathie, qui n'est evidemment pas propre a l'histoire, par une anecdote detournee que j'aime bien. C'est Franz Boas qui la rapporte, un anthropologue americain.
Il lui arrivait de faire venir a New-York l'un de ce qu'on appelle ses "indicateurs", c'est-a-dire un membre de l'une des tribus "primitives" nord-americaines qu'il etudiait (on est a la fin du XIXe).
Et ce que note Boas, c'est le desinteret assez marque de l'homme pour les gratte-ciels, les rues encombrees de voitures, la foule, etc... En revanche, il se montrait particulierement interesse par les nains et les femmes a barbe du cirque, ainsi que les boules de laiton qui ornent les rembardes des escaliers. Sans doute parce que cela renvoyait directement a des notions tres precises au sein de sa propre culture.