OGOTEMMELI a écrit :
Je retiens que cela "fragilise" le propos de l'auteur...
1/ Il s'agit de mon point de vue (et je ne suis pas un spécialiste).
2/ Le second "fragile" que vous mettez en exergue est la conclusion à laquelle aboutit l'auteur (j'y reviens ci-dessous).
OGOTEMMELI a écrit :
- S'agit-il "d'un trafic", ou bien de mutations socio-politiques millénaires
Le sujet d'OPG n'est pas l'histoire de la Méditerranée, mais l'histoire des traites négrières. Ce qui l'intéresse dans ce paragraphe, c'est de voir si celles-ci existaient ou non à l'époque antique. Évoquer des "mutations socio-politiques millénaires" n'apporterait rien à son argumentation. Cela serait même hors-sujet (la pire des erreurs des étudiants en histoire).
OGOTEMMELI a écrit :
- "les captifs noirs dans l'Egypte ancienne" sont-ils à considérer au même plan que le bois d'ébène des plantations antillaises, juridiquement déchus d'humanité et concrètement traités pire que des bêtes? Quel est le statut exact desdits captifs : esclaves par destination, ou par "nature" (je veux dire acquis dans des "régions productives" déjà en tant qu'esclaves), ou prisonniers de guerre? Rien dans le livre (à l'image de vos extraits) ne documente ce qui est seulement affirmé sur la foi d'arguments d'autorité...
Là encore, ce n'est pas l'objet d'OPG, qui ne fait pas une histoire comparée du statut des esclaves, mais cherche des indices de la présence d'esclaves noirs dans le monde antique. En parler n'apporterait rien à son argumentation. Cela serait même hors-sujet (la pire des erreurs des étudiants en histoire).
OGOTEMMELI a écrit :
- l'invocation d'une fable (fût-elle d'Esope), sans aucune analyse de la dite fable, peut-elle être valablement retenue comme élément probant d'une présence d'esclaves noirs? La faiblesse démonstrative de ces maigres indices est un signe de ce que cette question (de la présence de Nègres dans l'Ancien Monde, esclaves ou non) reste largement méconnue, en général. On ne peut tirer argument de cette méconnaissance, ni dans un sens, ni encore moins dans l'autre privilégié par OPG. En somme, quand on ne sait pas, on ne fait pas semblant de savoir, en enfumant ceux qui en savent encore moins...
"La faiblesse démonstrative de ces maigres indices" montre surtout qu'OPG a fait preuve d'une rigoureuse honnêteté historienne. Sa question sous-jacente était : la traite négrière existait-elle avant le milieu du VIIe siècle ? Pour le dire autrement : la traite orientale musulmane a-t-elle été la continuation d'une traite antérieure ou bien est-elle une rupture, une nouveauté ? Pour répondre à cette question, il faut rechercher l'existence d'une traite d'une ampleur comparable dans l'Antiquité. Et en accumulant des indices montrant la rareté de la mention d'esclaves noirs dans les sources antiques, OPG aboutit à la conclusion qu'il n'existe pas dans l'Antiquité de traite négrière comparable à la traite orientale.
Par l'accumulation de remises en cause de détails ayant peu à voir avec le sujet, l'enfumage de ceux qui savent moins, en revanche, me semble être la qualification idoine de nombre de vos interventions sur ce forum. OGOTEMMELI a écrit :
Ce commercialisme se signale ici dans l'affreuse expression de "régions productrices" ou dans celle de narduccio de "marchandise de luxe".
1/ Cette expression est d'abord dénigrante en elle-même : attendu que le commerce a une image plutôt négative dans la conceptiçon du monde qui est celle des Français (faire du commerce cela veut dire faire du profit, donc de l'argent, donc c'est mal), l'employer revient à accuser OPG de n'avoir écrit son ouvrage que pour se faire de l'argent.
2/ Il me semble que vous m'avez montré ailleurs qu'un article du Code Noir de 1685 considérait les esclaves noirs comme des "biens meubles" (tout en leur accordant des droits, ce qui est un peu contradictoire, mais ce n'est pas le sujet) ; vous utilisez également l'expression "bois d'ébène". Cette déshumanisation des captifs, abaissés au rang d'objets, justifie en elle-même la vision commerciale des choses, d'autant plus réelles qu'il y avait des acheteurs et des vendeurs : c'est du commerce. Enfin, l'ouvrage d'OPG porte sur ce commerce : c'est son titre même ("traites") ! Plus largement, refuser d'admettre que ce fut — d'abord — un commerce revient à ne pas comprendre le sujet... et à considérablement retarder l'« auto-analyse » que vous appeliez plus haut de vos souhaits.
OGOTEMMELI a écrit :
Plus généralement, cette version commercialiste évacue (édulcore, élude) tous éléments constituant concrètement "la traite" comme un yovodah, un crime : éventrations, lynchages, jettée de (milliers? millions?) Nègres par dessus bord comme aliment pour requins, tortures, meurtres, viols, pendaisons intempestives, etc.
OPG n'a pas écrit une histoire des crimes de la traite, mais, comme il le dit dans le titre, un
Essai d'histoire globale. Les traites négrières ne se limitent pas aux crimes que vous citez, et dont il évoque d'ailleurs certains (tortures et jets par dessus bord, pages 141-143). Peut-être insuffisamment de votre point de vue : mais
ce n'est pas son sujet.