OGOTEMMELI a écrit :
André Sanphrapé a écrit :
Pour répondre à Ogotemmeli : que toutes les sociétés ayant "l'habitude millénaire [...] [de] traiter certains de leurs membres comme des bêtes humaines, (sur-)exploitées au bénéfice de minorités dominantes et possédantes" n'aient pas toutes pratiqué la traite négrière suffit pour affirmer que ce fut pas une cause "prépondérante de la Traite négrière" (mais, je le répète encore, cela ne veut pas dire que c'est une cause qui ne compte pas. Cela compte, mais pas de manière prépondérante).
Toutes les personnes porteuses du virus VIH n'attrapent pas nécessairement le SIDA. MAIS : tous les malades de SIDA portent nécessairement le virus du VIH, qui est une cause
nécessaire et prépondérante de leur maladie.
Il faudrait comparer des choses comparables : on ne peut pas mettre sur le même plan un phénomène biologique unique (qui se répète sur des millions de personnes, mais de manière identique) et l'évolution de sociétés produites par les interactions de millions d'individus.
OGOTEMMELI a écrit :
En outre, si malgré nos divergences vous la J'ai dit que l'esclavagisme millénaire des sociétés européennes est une cause nécessaire et prépondérante. Mais je n'ai pas dit qu'elle était suffisante, ni a fortiori qu'elle était exclusive, ni encore moins spécifique. Cet esclavagisme atavique prédispose sociologiquement et axiologiquement lesdites sociétés européennes à réduire en esclavage d'autres hommes à leurs profits ; d'autant plus esclavagisables qu'ils sont "autres" phénotypiquement et "altérisés" religieusement...
Étant donné que d'autres sociétés ont connu cette forme esclavagiste sans participer à la traite négrière, on ne peut pas dire que cette cause soit prépondérante. Seulement nécessaire.
OGOTEMMELI a écrit :
En outre, si malgré nos divergences vous la retenez volontiers comme une cause "qui compte", comment expliquer qu'un spécialiste comme OPG l'écarte (ou en tout cas n'en rend pas compte) ? Si cette cause de l'esclavagisme multimillénaire n'est pas prépondérante, à votre avis dans quelle mesure "compte"-t-elle?
Entre OPG et moi-même, il me semble que le spécialiste, c'est plutôt le premier...
S'il n'en parle pas, c'est soit parce qu'il ne s'en est pas rendu compte (comme vous l'écrivez ici avec justesse, une justesse que vous devriez étendre à l'ensemble de vos propos afin que des attaques
ad hominem et discourtoises pour OPG et son œuvre n'abaissent pas les premiers au rang du pamphlet, qui n'est pas de l'histoire), soit parce qu'il a estimé que ce facteur explicatif n'en était pas un. Il faudrait lui demander.
OGOTEMMELI a écrit :
A priori j'accorderais plus de poids aux facteurs structurels, surtout lorsqu'ils sont attestés sur des millénaires. Tandis que la conjoncture (d'une phase d'expansion civilisationnelle) serait précisément cet impondérable, cette viarable "aléatoire" opérant comme un "déclic", une mise en branle de potentiels acquis au fil de millénaires.
En effet, la "découverte" des Amériques est on ne peut plus contingente, un pur hasard. Et elle est ainsi vécue par les Européens émerveillés par ce "jack pot", cette aubaine de "Nouveau monde" à conquérir, en vue d'en accaparer les prodigieuses richesses ; quitte à en exterminer les propriétaires naturels...
Si ces facteurs structurels se retrouvent dans d'autres civilisations qui n'ont pas pratiqué la traite négrière (et c'est le cas), on ne peut leur accorder que moins de poids qu'aux facteurs conjoncturels, et au principal que vous soulignez à juste titre : la "découverte" des Amériques. Si les Européens n'avaient pas découvert les Amériques, auraient-ils pratiqué la traite négrière ? Si les Européens (ibériques et surtout espagnols) n'avaient pas exterminé (en grande partie par le choc microbien) les populations amérindiennes, auraient-ils eu besoin de transporter de la main-d'œuvre servile d'Afrique noire ?
OGOTEMMELI a écrit :
moi qui ai finalement daigné me coltiner l'ouvrage d'OPG, dont pourtant la lecture ne m'était pas indispensable pour en connaître assez précisément le propos. Je confirme, en effet, qu'il n'y a pas grand chose de nouveau dans son livre. Lequel consiste essentiellement en la sélection commentée des principaux argumentaires de l'historiographie occidentalocentrée de la "traite négrière" (ou des "traites négrières" comme dit l'auteur...).
1/ Je constate que vous ne proposez pas (pour le moment ?) une liste (avec références précises) des affirmations du livre en question avec des réfutations tout aussi précises.
2/ Ce que vous écrivez montre bien que vous savez qu'OPG n'a pas produit quelque chose de nouveau, mais bien une synthèse. Ce que vous lui reprochez, en fait, c'est sa médiatisation ! En parlant de lui, on privilégie des thèses qui ne sont pas les vôtres, mais dont vous n'arrivez pas à démontrer la fausseté.
3/ Pourquoi OPG a-t-il évacué l'historiographie que vous défendez ? Par idéologie ? Par rigueur scientifique ?
OGOTEMMELI a écrit :
A votre tour, oseriez-vous vous confronter directement aux travaux de Cheikh Anta Diop, afin de savoir vraiment ce qu'il a dit (plutôt que ce qu'on lui prête), et pourquoi il le dit? Je serais très curieux de voir ça. Et me permets, à toutes fins utiles, de vous suggérer son plus récent : "Civilisation ou barbarie", dans lequel il rassemble les principaux éléments de sa théorie générale, et répond aux principales critiques que ses publications antérieures avaient suscitées...
Problème : cela serait participer (à mon faible niveau) à une entreprise de légitimation qui ne le mérite
peut-être pas... et, surtout,
Civilisation ou barbarie n'est plus disponible ! Damned, encore un coup de l'historiographie "occidentalo-centrée" !
Je vais
peut-être essayer
Nations nègres et culture...