Pour la question du canular, c'est bien Maffesoli et sa revue qui etaient visés. Non, parce que quand même, la défense de Maffesoli vaut son pesant de cacahuètes :
"Le texte n’a suscité aucune évaluation, aucun avis, s’étranglent les auteurs [du canular]. Sociétés est une passoire. Pourtant, reconnaît Michel Maffesoli, professeur de l’université Paris-Descartes à la retraite, ce sont bien "deux professeurs d’université" qui ont relu le texte. "L’un d’eux a émis un avis négatif, confie-t-il au Monde. Le second a considéré, par pure négligence, que s’il s’agissait d’un galimatias, le sujet n’était pas inintéressant et pouvait passer. C’est une négligence coupable. Cela montre que je n’ai pas été assez vigilant. C’est donc un autre collègue qui prendra dorénavant la main sur la revue. Et je présenterai un petit mot d’excuse dans le prochain numéro. Pour le reste, je suis serein".
Bref, circulez, il n'y a rien à voir. On a viré les coupables.
Pour autant, cette réponse faite, je ne vois pas du tout le lien avec "l'historien peut-il tout dire ?".
En effet, cette question implique de réfléchir à un producteur d'histoire (l'historien, mais aujourd'hui beaucoup de non historiens publient de "l'histoire", journalistes, polémistes, plumitifs de tous horizons) et un récepteur (qui peut être, c'est selon, d'autres historiens, les étudiants en histoire, le public intéressé par la question, le grand public cultivé, les quidams qui s'intéressent à certains sujets, etc). Je ne suis pas certain que l'étude de ce système, certainement passionnante, aide à répondre à la question d'origine de ce fil qui est tout de même très naïve.
La réponse est assez simple, en fait :
- Il peut tout dire, tant qu'il respecte la loi (délais légaux d'accessibilité aux sources, lois mémorielles, négationnisme).
- Il peut tout dire tant qu'il respecte la méthode historique, et peut de même tout dire s'il ne la respecte pas. Dans le second cas, il se heurtera au jugement de ses pairs qui rejèteront des conclusions fallacieuses ou partisanes.
La question "doit-il tout dire ?" est une autre question. Ma réponse sera encore "oui", car l'historien ne s'encombre pas de morale. Pourquoi devrait-il taire quelque chose ? Et quoi ? Quel intérêt aurait-il à ne pas livrer les conclusions de ses travaux ?
Chaque publication sérieuse est une pierre sur laquelle prendront appui d'autres travaux, d'autres historiens, et à la prochaine génération, on dira que ce n'était pas tout à fait cela, et on recommencera.
Enfin, pour répondre à l'une de vos interrogations précédentes, personne ne peut tout lire. Des travaux de synthèse, correctement équipés d'un appareil critique, validés par la corporation historienne, permettent justement de ne pas tout lire, de prendre des raccourcis. Ce qui crée d'ailleurs parfois des situations cocasses. Personne ne lit "tout" sur un sujet.
À part Cyril Drouet. Mais c'est une exception notable