Citer :
Avec 10% des Français qui se disent passionnés par l'Histoire, le succès des biographies, le nombre d’émissions à caractère historique, les ventes du magazine L’Histoire,… je doute que l’on puisse affirmer que l’Histoire est une discipline élitiste et sans envergure.
Les chiffres, on peut leur faire dire beaucoup de choses.
Mais comme vous le dites si justement, ce sont des Français
qui se disent passionnés parce qu'ils ont vu le Napoléon de France 2 ou les différents docu fictions qui sont à la mode ces derniers temps ou lisent une ou deux revues historiques. C'est très bien, mais ils s'intéressent à l'Histoire grâce à des oeuvres plus à leur portée.
Un exemple : mon père a acheté un livre sur l'hérésie cathare. Pour ne pas faire de critique gratuite, je ne donnerais pas le nom de l'auteur. Il me l'a donné parce qu'il l'a trouvé illisible. Il faut comprendre que pour une personne qui est allée jusqu'à son certificat d'étude, et pour d'autres qui sont peut-être allés jusqu'au bac, ce genre d'ouvrages imposants et sans "saveur", rebutte la majorité des Français. Je me souviens très bien le mal que j'ai eu au début de mon parcours universitaire à me plonger dans certains ouvrages. J'ai surmonté cette difficulté parce que c'était "mon boulot".
Cela ne veut pas pour autant dire que ces ouvrages universitaires ne sont pas intéressants. Je les ai avalé moi les plus 500 pages d'hérésie cathare et j'ai beaucoup appris, mais il fallait avoir envie de les ingurgiter, se motiver pour terminer, ce que n'a pas le temps de faire le Français "moyen" qui bosse 8 heures par jour et qui lit pour se détendre et s'instruire au passage, sans chercher la prise de tête.
La collection "Pour les Nuls" l'a bien compris. Elle a fait un succès avec son Histoire de France. Je veux dire qu'il faudrait tellement peu pour rendre une thèse ou une somme de travaux historiques attrayantes. Fignolez les titres, ce qu'a fait remarquablement "Pour les Nuls", ou encore, parlez de ci de là d'anecdotes croustillantes. Ce n'est pas le plus importante, certes, mais c'est ce que le lecteur pourra raconter lors d'un dîner entre amis.
Je pense quand même que la collection "Pour les Nuls" est une caricature. Il y a moyen de trouver un juste milieu sans verser dans l'histoire romancée à la Gallo. Pourquoi pas puiser l'histoire racontée comme l'a fait pour Napoléon Castellot.
Bref, les universitaires font pour la plupart du bon boulot mais cette manie à toujours vouloir tout rigidifier et neutraliser leur est préjudiciable. Ils se mettent à dos le grand public. Lorsque je propose à mes parents de lire tel ou tel livre d'universitaire que j'ai aimé, ils réagissent comme lorsque je leur conseille d'écouter le dernier album d'un groupe de hard rock que j'aime ... Bref, ils sont réticents.
Je n'ai pas la prétention de penser que mes parents représentent la totalité de la population français, mais ils ne sont pas le seul exemple que j'aurai à donner.
Je suis même tomber sur des gens qui m'admiraient parce que je m'étais "spécialisé" dans l'Histoire parce que pour eux c'était une horreur, un calvaire que de faire de l'Histoire ... Bref, il y aurait à revoir beaucoup de choses comme la manière d'enseigner l'Histoire.
A mon avis, de nos jours, on en a fait une discipline "bouche trous" pour les emplois du temps. Je suis peut être un peu sévère mais j'ai la prétention de croire que l'Histoire c'est plus qu'une histoire d'un passé éloigné que l'on enseigne pour avoir plus de 10 au bac. Et c'est parce que j'ai vraiment l'impression que personne n'a conscience de l'enjeu que représente l'Histoire pour notre société que j'enrage à chaque fois que je tombe sur une thèse ou un bouquin d'universitaire pompeux et rigide, illisible bref, ou lorsque l'on me dit que mon style est trop narratif.