Au début des années 80 aux Etats-Unis est née une nouvelle école historique : la « Public History ». Elle est évoquée à l’époque dans un article de «
L’Histoire » (n° 55, avril 1983).
« L’histoire est quelque chose de fonctionnel. Nous le savons tous et nous allons le prouver », écrit ainsi Darlene Roth en 1979, dans la revue « The Public Historian ». C’est à dire qu’on peut trouver dans le passé des méthodes, des leçons, pour définir des stratégies économiques, commerciales ou industrielles, et donc participer à la prise de décision concernant le développement des entreprises.
Un cursus universitaire est créé, qui complète les études classiques par des modules d’histoire urbaine, histoire des techniques et de la planification économique ; des cabinets d’historiens-conseils » sur le modèle des cabinets juridiques se créent et fournissent leurs services aux entreprises.
Rien à voir avec les hagiographies qui existaient déjà (par exemple avec l’histoire de Ford), il s’agit d’être « opératoire » et de définir des stratégies par des analyses rétrospectives (sur les conjonctures, l’esprit d’entreprise, ...) ou dans un but de marketing et de publicité.
Et en France ? A l’époque, Saint-Gobain (encore nationalisée) avait amorcé le mouvement, mais depuis ? Je connais une étude sur les Wendel, mais qui est davantage un ouvrage commémoratif qu’opérationnel.
Une étude récente d’Elizabeth Gardère,
Le capital mémoire de l’entreprise, l’Harmattan, 2003,
Voir compte-rendu
ICI
semble conclure que ce champ est aujourd’hui déclinant, et qu’
« On ne peut pas faire de l’histoire d’entreprise un simple outil de gestion. Cela reviendrait à confondre l’Histoire et ses leçons, c’est-à-dire à se référer mécaniquement à l’Histoire pour préconiser des solutions ».
Donc trois interrogations :
Des entreprises ici ou ailleurs ont-elles obtenu des résultats concrets grâce aux « historiens-conseils » ?
Est-ce un nouveau débouché pour les études d’histoire (la question intéresse voire angoisse beaucoup de participants du forum, voir « Etudes »...).
Et plus généralement, que pensez-vous de cette « instrumentalisation » de l’histoire ?