Vous dites: ''à savoir principalement, que c'est actuellement un château de cartes qui repose essentiellement sur une analyse d'ossements qui n'est pas fiable, comme le reconnaissent les auteurs eux-mêmes (Bruce et Christine Rotschild).''
Bruce et Christine Rothschild ne reconnaissent rien de tel. Ils disent en fait, tout le contraire, que la ''signature chimique de la syphilis'' atteste la présence très ancienne de cette maladie aux Amériques, tant chez les humains que chez des animaux, et que cette signature consiste en des lésions osseuses caractéristiques et en la présence d'anticorps de la maladie. Je cite, parce qu'apparemment, vous avez une conception disons créative de la traduction:
'' Back in 1987, rheumatologist Bruce Rothschild of the Northeastern Universities College of Medicine in Youngstown, Ohio, and William Turbill of the Field Museum of Natural History in Chicago, reported that they'd detected the chemical signature of syphilis in the bones of an 11,000-year-old bear. The bones of the bear, which once lived in what is now Indiana, showed damage similar to that seen in humans with the disease, and tested positive for antibodies to the syphilis bacterium. The earliest signs of syphilis in humans date back to about 2,000 years ago...''
De plus, cet article aboutit à des conclusions pro-européennes exactement opposées aux vôtres. Vous n'en citez que la partie initiale exposant votre thése alors que la suite de l'article en prend le contrepied. Je cite cette conclusion:
''But other researchers say that there is simply too much evidence of pre-Columbian syphilis in the Old World to ignore. Archaeologists have found ancient skeletons with tell-tale signs of syphilis, such as thickening in the lower leg bones and pitting in the skull, at half a dozen sites in England, and also in Italy, Israel, and other locations in Europe. The clear implication is that the venereal form of syphilis was already present in Europe before Columbus's voyage.''
Vous dites: ''De quelles "connaissances modernes" parlez-vous? Pourriez-vous être plus précis ? Connaissez-vous l'analyse des ossements ? Pouvez-vous la décrire ? Pouvez-vous expliquez pourquoi cette méthode serait fiable selon vous pour reconnaître la syphilis ?''
Ces connaissances sont précisement l'objet de ces articles. Pour la description de la signature osseuse, voir plus haut. Et je ne vois pas l'intêrét de mon opinion personelle de non spécialiste sur la question de la fiabilite de la signature osseuse; je me borne à rapporter les résultats de recherches.
Vous dites: ''Selon moi, personne n'a apporté la preuve qu'il ait existé un seul européen porteur de la syphilis entre l'an -300 et l'an 1494. Il est possible que certains européens ait été victimes tréponématoses qui ne soient pas des syphilis, mais il est uniquement question ici de la maladie de la syphilis, pas des autres tréponématoses.''
Pour ce qui est de l'identification de trépanomatoses vénériennes en Europe, le Dr. Otner dans le premier article cité dans ma liste d'URL parle, je cite, de ''classic syphilis evidence'' à propos des squelettes anglais qu'il a étudiés; ses conclusions rejoignent--cf cet article--celles des fouilles italiennes.
Sur la base des ossements de fouilles anciennes, il était établi qu'il y ait eu des tréponématoses en Europe avant Colomb. Ce qui était moins clair, c'est que ces ossements puissent établir l'existence de tréponématose spécifiquement vénérienne, QUE CE SOIT AUX AMERIQUES ou en Europe.
D'après ce que j'ai lu, les lésions osseuses permettent bien de faire la différence entre ces deux types de tréponématoses, mettant ainsi en évidence la présence de syphilis en Europe precolombienne, ce qui est la conclusion des analystes des fouilles anglaises et italiennes cités dans les articles.
Si l'on considère que cette signature osseuse n'est en soi pas probante, alors il n'est pas davantage établi que la forme de tréponématose spécifiquement vénérienne, celle dont on dit qu'elle a été importée en Europe, ait été présente aux Amériques.
A moins que les analystes des sites anglais et italiens aient tous les deux faussement identifié la signature de la syphilis dans ces deux cas
.
Vous dites: ''Quels chercheurs ? Des noms ? Sont-ils sérieux ? Sont-ils des historiens ? Sont-ils désintéressés ?''
Da capo, les noms et les titres de ces chercheurs figurent dans les articles qui abordent leurs travaux.
Lisez-vous en diagonale ou est-ce pour déstabiliser votre adversaire que vous posez des questions dont il vous suffit de lire les ref. citées pour connaître les réponses?
Et sur quels critères proposez-vous de juger du sérieux et du désintéressement!!! d'un universitaire étranger? Poseriez vous la même question à propos d'un membre du CNRS ou du Collège de France? Et poser cette question à propos, par exemple, d'un chercheur du Smithsonian révèle disons une certaine ingénuité quand à la connaissance des structures culturelles/académiques US.
Vous dites: ''Des mutations existent, mais il ne faut pas tout mélanger.
Vous proposez une mutation du béjel vers la syphilis, ou une mutation de la pinta vers la syphilis. Comment s'opèrerait l'une ou l'autre de ces deux mutations ? Donnez des détails. Connaissez-vous au moins ces deux spirochètes ? Connaît-on leur ADN ? Quelle partie de leur ADN doit-être modifiée pour transformer un spirochète de bejel en un spirochète de syphilis ? A-t-on déjà vu en laboratoire un spirochète de bejel ou de pinta muter en un spirochète de syphilis ?''
Qui a parlé d'une mutation génétique? Certains chercheurs émettent l'hypothèse d'une mutation génétique à partir du yaws mais ce que j'ai évoqué est une mutation des symptômes de la maladie et de son mode de transmission liée à un changement du milieu humain--suite à brassage de populations--et géographique de propagation, non une mutation de l'agent infectieux.
Deux chercheurs proaméricains que vous citez, Armelagos et Baker suggèrent l'hypothèse interessante que des tréponématoses sous une forme non vénérienne étaient endémiques aux Amériques, les atteintes à l'émail des dents des enfants suggérant une forme héréditaire, conférant une immunisation à la maladie in utero. La transmission aurait pu alors s'effectuer sur un mode vénérien chez des populations vierges non immunisées.
Vous dites: ''qu'une telle mutation se produise, mais qu'en plus elle est lieue juste après le retour des marins de Christophe Colomb, et juste dans la ville où ces marins sont revenus. Quelles coïncidences !''
L'épidemie ne se déclenche pas dans la ville où les marins sont revenus, cad en Espagne.
Elle s'est d'abord manifestée en Italie--'d'où l'appelation '''mal de Naples''--parmi les troupes françaises--première observation lors de la bataille de Fornoue, juillet 95--puis en France ou elle aurait été rapportée par les soldats de Charles VIII-- d'ou l'appellation ''mal français'', puis elle passe en Espagne en 97.
Pourquoi ne s'est elle pas d'abord répandue en Espagne, chez les marins de Colomb, là ou ils sont arrivés
. Certains symptômes cutanés de la maladie sont très visibles--les fameux ''bubas'' ou pustules assez semblables à une éruption de varicelle-- apparaissent usuellement environ 6/8 semaines après la contamination, sans parler d'autres symptômes comme la fièvre, les migraines prêtant davantage à confusion. Rien de tel n'est signalé dans les équipages de Colomb, ni chez les Indiens qu'ils ont ramenés.
On escamote le problème en affirmant que des marins de Colomb se sont engagés dans les mercenaires du roi de France. Il semble que ce soit une de ces légendes indéfiniment recyclée; il y avait certes des espagnols dans les troupes adverses mais la présence de contingents espagnols dans les troupes de mercenaires de Charles VIII n'est pas établie.
Quant à la coïncidence retour de Colomb en 93/apparition de la syphilis en 94/95, l'article 2, écrit par un ex-américain converti à la thèse européenne, rappelle que l'épidemie coïncide aussi avec l'expulsion des Musulmans et Juifs d'Espagne--9 bateaux de Juifs expulsés sont arrivés à Naples en 1493. Ce sont ces immigrants juifs qui, bien avant l'adoption de l'explication américaine, ont été accusés d'avoir apporté la maladie.
Vous dites: ''Des thèses, mais aucune preuve. La science a besoin de preuves.''
Voila qui est une révélation.
Des preuves de quoi? la querelle américaine/uniciste ne me passionne pas vraiment, je penche vers la thèse européenne sur la base des données auxquelles j'ai eu accès, mais mon propos n'était pas de démontrer telle ou telle théorie, simplement d'établir que la théorie américaine, longtemps hégémonique, ne l'est plus et qu'il y a maintenant des théories diverses et plus complexes en présence, les découvertes récentes d'ossements semblant conforter les théories unicistes.
Et J'ai pris soin de préciser qu'en l'état actuel, aucune des théories existantes ne peut rendre compte de façon évidentielle et complète du problème des origines de la syphilis.
Vous dites: ''Une syphilis qui ne serait pas vénériennne, cela n'a aucun sens. C'est E.H. Hudson qui pense qu'un cas de béjel observé en 1929 chez des bédouins serait une syphilis non-vénérienne. Mais c'est comme une maladie cardiaque qui ne concernerait pas le coeur mais le foie, ou comme un bateau qui n'irait pas sur l'eau, ou un avion qui ne volerait pas. En jouant sur les mots, on peut dire n'importe quoi. Cela devient de la poésie, pas de la science.''
Vous semblez peu familier avec les articles et recherches anglo-saxons sur la question et leur terminologie. Si c'était le cas, vous auriez remarqué que les termes de ''syphilis vénérienne'' ou ''syphilis non vénérienne'' y sont couramment employés, voir par exemple dans l'article cité ci-dessus--je cite, ''venereal form of syphilis''.
Vous dites: ''La découverte italienne a été faite par Dr. Maciej Henneberg et Renata Henneberg, anatomistes d'Afrique du Sud. En fait, les ossements n'ont pas de trous. Il y a seize crânes un peu plus épais que la normale, sept os longs ayant des marques, et des dents dont l'émail est défectueux. Les anatomistes précisent "we are not sure of our findings", et "we cannot tell whether the infection was veneral or not". Dr. Alfred W. Crosby de l'université du Texas déclare "As long as all we've got is bone deformations, I don't think we are getting anywhere in solving the origins of syphilis".''
Les Henneberg ne disent rien de tel dans l'article cité, ils disent au contraire clairement que leurs travaux contredisent les arguments de la thèse américaine; je cite:
''conducted by Dr. Maciej Henneberg and Renata Henneberg, anatomists at the University of Witwatersrand in Johannesburg.
In a report published last week in the journal National Geographic Research & Exploration, the scientists said their results contradicted the arguments in favor of the New World origins of syphilis and supported the pre-Columbian hypothesis''.
Et ainsi de suite. Je ne vais pas continuer à passer en revue les quelques arguments qui restent, c'est fastidieux, interminable, et de peu d'intérêt pour les forumistes.
Veuillez m'excuser de ne pas donner systématiquement les traductions des passages cités, ce post est déjà suffisamment long. Je peux le faire pour ceux que cela interesse.
Récapitulons.
Dans ce seul post, vous donnez des traductions inexactes, vous ne citez dans un texte que ce qui va dans le sens de votre thèse et vous taisez le reste, vous me prêtez des propos que je n'ai pas tenus, vous posez, sur un ton comminatoire, des questions dont les réponses figurent dans les refs. citées, vous faites dire à des chercheurs le contraire de ce qu'ils ont dit, tout cela en faisant la fine bouche sur le sérieux des chercheurs cités.
Sans commentaire.
Et mon dernier post sur cette question, qui a suffisamment encombre ce fil.