Ah ben non alors ! Les Alarodiens et les Saspires ne sont mêmes pas voisins de l'Arménie, ils sont de l'autre côté, vers la Caspienne ! Strabon identifie les Chaldéens aux Chalybes, mais je ne suis pas sûr que ce soit à eux que Xénophon fasse référence, puisqu'il les connait sur ce nom là, ayant traversé à deux reprises le territoire chalybe dans son Anabase. Mais bon, l'identification n'est pas le problème essentiel : vous essayez l'un et l'autre de présenter ce texte comme si il validait la division en deux satrapies, comme si cette mention des Chaldéens démontrait que l'historien d'Halicarnasse avait conscience d'une séparation des deux peuples. Et ça, je ne peux que m'y opposer : a aucun moment, Hérodote ne sépare Babylonie et Assyrie : Babylone est une ville d'Assyrie, peuplée d'Assyriens ; chez lui, Babyloniens ne désigne pas un peuple, mais les habitants d'une ville, point; il n'y pour lui qu'une seule satrapie et un seul peuple, immense, qui court de la Méditerranée et englobe l'ensemble de la Mésopotamie. I.106: les Mèdes (...) soumirent toute l'Assyrie sauf la région de Babylone. I.178: L'Assyrie contient plusieurs grandes villes, mais Babylone est la plus célèbre et la plus forte. C'était là que les rois du pays faisaient leur résidence depuis la destruction de Ninive. I.184: Babylone a eu un grand nombre de rois, dont je ferai mention dans mon Histoire d'Assyrie. I.188-189: Ce fut contre le fils de cette reine que Cyrus fit marcher ses troupes. Il était roi d'Assyrie, et s'appelait Labynète, de même que son père. (...) En marchant sur Babylone, etc. I.193: description de l'Assyrie, qui est en fait une description de la Mésopotamie, Babylone bien sûr comprise. III.92: De Babylone et du reste de l'Assyrie, il lui revenait mille talents d'argent, et cinq cents jeunes eunuques c'était le neuvième département. III.155: au moment du siège de Babylone par Darius, le Grand Roi accuse "les Assyriens que nous assiégeons". A aucun moment donc, il n'établit une distinction ethnique ou administrative : les Babyloniens sont pour Hérodote des Assyriens.
Quant aux Chaldéens de Mésopotamie, il les connait, semble avoir échangé avec eux (I.181-183) et il les définit clairement: "Les Chaldéens, qui sont les prêtres de ce dieu (Bélos)" Ce n'est ni un peuple, encore moins des guerriers. Ca ne peut pas être à eux qu'il fait allusion dans le catalogue des armées, et encore moins qu'à ce moment là précisément il élargisse leur sens en celui de "Babyloniens", se contredisant aussi nettement. Or les Chaldéens de Xénophon, je le rappelle, ne sont pas soumis à Cyrus, ils ne sont pas sujets des Perses, mais servent comme mercenaires. Autrement dit, Otaspès a recruté des mercenaires réputés qui marchent avec ses sujets, mais sans qu'il faille les assimilés à l'une ou l'autre des parties de sa satrapie.
Une autre solution, celle proposée par Barguet (le traducteur en Pléiade): la petite phrase concernant les Chaldéens est une interpolation, elle n'est pas d'Hérodote.
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