Yongle a écrit :
Alors pourquoi cela bloque t il les études sur des éventuelles cultures sémitiques ?
Il n'y a pas de blocage. Il y a bien des études qui mettent en avant les liens entre les cultures sémitiques, seulement parce qu'elles sont voisines et évoluent dans un même lieu. Idem pour les contacts entre Égypte antique et Moyen-Orient. Simplement dans ces cas-là c'est tellement évident et peu marqué idéologiquement (chez "nous" en tout cas) qu'il n'y a pas à en faire tout un plat.
Citer :
Ou alors ce que fait Bernard Sergent, c'est du pipeau. Je crois que c'est bien cette option que vous choisissez.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est du pipeau, vu qu'il reste un chercheur sérieux, le problème est qu'il ne connaît pas assez bien toutes les civilisations qu'il étudie. Résultat : à chaque fois que j'ai lu ou entendu un spécialiste d'une civilisation qu'avait traité Sergent dans son comparatisme entre indo-européens faire une lecture critique de cela, la crédibilité de Sergent en prend pour son grade. A avoir une problématique trop obtue on en oublie vite les limites : on ne peut pas étudier des civilisations à une échelle continentale en prenant pour seule problématique leurs liens culturels issus de leur liens ethniques. Il y a trop de choses qui se sont passées entre temps, et on n'a pas les moyens de les prendre en compte, du coup on en arrive à des surinterprétations qui frisent parfois le ridicule, comme quand on cherche à faire coïncider des traces archéologiques avec des traits culturels indo-européens alors qu'il y a plein d'autres alternatives.
Le cas des études entre peuples sémitiques ne rencontre pas ce genre de problème puisqu'en dépit de leur dispersion ils occupent un espace restreint et ont eu des liens entre eux continuellement depuis des millénaires. De fait les spécialistes peuvent passer plus facilement entre les différentes cultures, ce qui n'est pas possible pour les spécialistes des IE. Donc ça tombe sous le sens qu'il y ait des ressemblances entre leurs cultures et qu'on les ait identifiées : on a des mythes, des divinités, des organisations sociales, des types de lois, etc. très similaires. Mais de là à chercher des règles immuables du type tripartition ou je ne sais quoi, non. Le sujet d'étude n'est pas du tout le même, donc il n'y a pas de travaux identiques à faire. Ce serait comme si on se limitait à comparer les peuples indo-européens d'Europe, ce qui me paraît le plus raisonnable. En tout cas les études sur les IE ne peuvent pas vraiment servir de modèle pour les études sur les peuples sémitiques, il n'y en a pas besoin car le sujet d'étude est différent. Une sorte de "placage" des méthodes d'étude des IE a été mené par les afrocentristes sur les civilisations africaines, qui plus est avec des méthodes scientifiques calamiteuses, et ça pénalise les études comparatistes entre civilisations africaines qui pourtant sont potentiellement très intéressantes.