En fait il n'y a pas un rituel de mariage sacré en Mésopotamie antique, mais plusieurs, selon le lieu et l'époque, ainsi que les divinités amoureuses. C'est bien un rite de fertilité, qui trouve sans doute son origine dans la mythologie de la région d'Uruk, à l'époque sumérienne, avec les divinités locales Inanna et Dumuzi (toutes les deux liées à la fertilité par certains de leurs aspects). Cette cérémonie est en fait connue par des poèmes d'amours qui font référence à l'union entre les deux divinités, mais pas par des textes de rituels décrivant ses étapes : des zones d'ombres demeurent donc. Le mythe de l'union entre Dumuzi et Inanna aboutit à un rituel dans lequel le roi finit par prendre le rôle du dieu, en tant que représentant de son royaume, et il fait la cour à la divinité Inanna, personnage central du rituel, avant de s'accoupler avec elle. En fait on ne sait pas vraiment comment se déroulait cette union : restait-elle symbolique, ou bien y avait-il une union charnelle entre le roi et une prêtresse jouant le rôle de la déesse ? Ceci concerne surtout les périodes des royaumes d'Ur III et d'Isin, qui ont produit la plus abondante littérature sur ce type de rituel, qui servait à glorifier la personne royale. Aux siècles suivants, les rituels de mariages sacrés se généralisent en Mésopotamie, et se déroulent entre les divinités elles-mêmes, c'est-à-dire avec leurs statues. On trouve encore ce type de rituel à Uruk à la période séleucide, entre le dieu Anu et sa parèdre Antu. Il a donc une longévité impressionnante. A Babylone, ce type de rituel a connu une variante : le dieu Marduk ne cherche pas à s'unir à sa parèdre, Zarpanitum, mais à Ishtar de Babylone ; mais sa parèdre ne l'entend pas de cette oreille, et elle le poursuit dans les rues de la ville. En effet, les rituels de hiérogamie prenaient généralement la forme d'une procession, aboutissant à la rencontre des divinités et à leur union finale dans un temple après le passage de différents endroits comme des espaces verts rappelant le lien de ce rituel avec la nature.
Sur ce type de rituels, il existe un ouvrage complet mais hélas plus édité : S. N. Kramer (et J. Bottéro pour la traduction et l'extension française), Le Mariage sacré, Paris, 1983. Il en existe une version abrégée dans l'Histoire commence à Sumer du même S. N. Kramer.
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