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L'empire Perse Sassanide c'est pour vous...
Une question méconnue et ininteressante 2%  2%  [ 1 ]
Une question pas assez souvent traitée mais passionnante 81%  81%  [ 35 ]
L'empire quoi??? 16%  16%  [ 7 ]
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Message Publié : 11 Mai 2004 20:35 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 20 Avr 2004 15:03
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Scoppeur a écrit :
j'ai une question pour Aurelianus: Peut tu me donner le nom de 10 spécialiste français ET VIVANTS sur ta période de recherche.
Merci
Un fan

Il y a Rika Gyselen et Philip Huyse qui font un travail formidable au CNRS.


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Message Publié : 14 Mai 2004 14:15 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 11 Mai 2004 16:03
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J'ai appris récement qu'un jeune chercheur de l'université d'Artois prépare se qui s'annonce comme la future référence en matiére d'Histoire sassanide. Aurelianus, toi qui est aux faits de ces récents évenements, pourrais tu me donner des précisions?
Merci


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Message Publié : 19 Mai 2004 7:23 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Noacyl a écrit :
L'empire Abbasside et le Bagdad d'Haroun Al Rachid, qui était la civilisation la plus avancée de l'époque et qui influença grandement l'Occident, doit sa supériorité en terme de science et d'art en très grande partie à l'Empire Sassanide et particulièrement à Chosroes.


Je ne partage pas ton avis sur ce point en ce qui concerne à tout le moins les sciences. :)

Selon moi, la splendeur du califat omeyyade et abbasside tient à l'héritage romano-héllénistique. Les sciences, la médecine et la philosophie arabes sont un héritage grec que les les arabes se sont appropriés et ont su faire vivre. N'oublions d'ailleurs pas que le coeur de l'empire arabe s'est d'abord trouvé en Syrie, dans l'ancien domaine byzantin.

Ce n'est qu'à compter de la fondation de Bagdad toute proche de Séleucie-Ctésiphon, capitale des sassanides, au milieu du 8ème siècle, que les élites perses ont commencé à supplanter les élites issues de l'ancienne partie byzantine du Moyen-Orient.


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Message Publié : 13 Déc 2011 10:48 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 10 Nov 2010 16:22
Message(s) : 1
Déterrage considérable de topic ! J'aimerais ressusciter le seul article sur les Sassanides présent dans l'Index sur Rome

Alors petite bibliographie pour s'intéresser aux Sassanides, surtout au IIIème siècle, au tournants des règnes d'Ardashir, Sapor, et leurs successeurs.

Du point de vue des sources, les textes a disposition sont principalement les écrits de Mani, L'Histoire Auguste, Les Res Gesta Divi Saporis (Inscription de Naqsh-e-Rostam), l'archéologie, et quelques autres que vous trouverez dans les ouvrages listés :

Ouvrages très généraux, pour aborder la période du IIIème siècle et le contexte Romain :

Christol Michel (dir.), L'Empire Romain du IIIè siècle. Paris, Errance, 2006.

Cosmes Pierre. L'armée romaine. Paris, 2007.

Ouvrages spécialisés :

Christensen Arthur. L'Iran sous les sassanides. Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1944.

Gagé Jean, La montée des Sassanides et l'heure de Palmyre : vue d'ensemble. Paris : A.Michel, 1964. [Excellent ouvrage, un peu vieillissant, mais toujours très complet]

Ghirshman Roman, Parthes et Sassanides : l'Iran. Paris, Gallimard, 1962.

Articles spécialisés :

Gagé Jean. "Comment Sapor a-t-il "triomphé" de Valérien ?", In: Syria. Tome 42 fascicule 3-4, 1965. pp. 343-388.

Grenet Frantz. Découverte d'un relief sassanide dans le Nord de l'Afghanistan (note d'information). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149e année, N. 1, 2005. pp. 115-134. [Petite analyse de style et de technique sculpturale chez les premiers Sassanides. Intéressant pour les canons de représentation présents sur tous les reliefs perses]

Guey Julien, "Pekary Thomas. Autour des "Res gestae divi saporis" " , in Syria, T. 38, Fasc. 3/4 (1961), pp. 261-283 [essentiellement pour interpréter l'aspect monétaire des victoires de Sapor]

Jullien Florence. Conférences de Mme Florence Jullien. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 113, 2004-2005. 2004. pp. 249-252. [Sur les chrétiens déportés en Perside sous les Sassanides]

Maricq André. Classica et Orientalia: 5. Res Gestae Divi Saporis, Syria, T. 35, Fasc. 3/4 (1958), pp. 295-360. [Traduction et publication des RGDS]

MacDonald David. The Death of Gordian III: Another Tradition. Historia: Zeitschrift für Alte Geschichte, Bd. 30, H. 4 (4th Qtr., 1981), pp. 502-508 [Sur la comparaison entre la tradition historiographique autour de la mort de Gordien III prétendument victime de Philippe l'Arabe et la tradition perse de la mort contre Sapor]

Rey-Coquais J.-P. . Syrie Romaine, de Pompée à Dioclétien, The Journal of Roman Studies, Vol. 68 (1978), pp. 44-73 [Topique général sur la province de Syrie, notamment les conséquences des guerres contre Sapor]

A ajouter, mais je n'ai plus la référence, un article de Xavier Loriot sur l'origine des troupes romaines décrites dans les RGDS (Res Gestae Divi Saporis), il fait l'analyse très précise des contingents de l'armée romaine soumis à la vexillation et emmenés sur le front Perse, notamment sous Valérien.


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Message Publié : 07 Fév 2012 11:10 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 18 Mai 2007 13:35
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Je crois que, si désintérêt il y a, il s'observe surtout chez les Occidentaux. Cela relève à mon avis tout bonnement de la tendance, toute humaine au demeurant, de s’intéresser à soit avant de s’intéresser à autrui et il se trouve qu'en Occident Rome c'est le "moi" tandis que la Perse relèverait plutôt de "l'autre", de l’exotique même.

Il en va autrement ailleurs. Ainsi, pour moi qui suis d'une culture "orientale" ou du moins qui appartient à un autre monde que le monde occidental, le sentiment (et l'approche qui en découle) est assez différent. La Perse des Sassanide est un peu plus "intime", ou en tout cas on se sent plus concernés à son sujet qu'on ne le serait pour la Rome antique et, là encore, l'explication est toute simple : le rôle et la place de l'héritage persan dans ce qui est devenu civilisation arabo-musulmane est presque aussi important que le poids de l'héritage romain dans la civilisation occidentale moderne.

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Message Publié : 08 Fév 2012 17:10 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
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Citer :
Je crois que, si désintérêt il y a, il s'observe surtout chez les Occidentaux. Cela relève à mon avis tout bonnement de la tendance, toute humaine au demeurant, de s’intéresser à soit avant de s’intéresser à autrui et il se trouve qu'en Occident Rome c'est le "moi" tandis que la Perse relèverait plutôt de "l'autre", de l’exotique même.

Et en même temps s'il y a une civilisation qui a conduit une démarche d'analyse et de compréhension du monde c'est bien la civilisation occidentale. Le désintérêt de cette dernière pour l'empire Sassanide est finalement très relatif.

Citer :
A. Christensen, L’Iran sous les Sassanides, Copenhague, Annales du musée Guimet, 1936, réédition 1971
(en) The Cambridge history of Iran, 3, The Seleucid Parthian and Sasanian periods, Cambridge University Press, 1983
P. Huyse, La Perse antique, Les Belles-Lettres, Guide des Civilisations, 2005
Touraj Daryāi, The Political History of Ērān in the Sasanian Period, The Sasanika Project: Late Antique Near East Projectlire en ligne
R.N. Frye, The Cambridge Ancient History - XII - The Crisis of Empire, Iorwerth Eiddon et Stephen Edwards (réimpr. Cambridge University Press) (ISBN 0-521-30199-8) [présentation en ligne], chap. XII
(fa) Abdolhossein Zarinkoob, Ruzgaran: tarikh-i Iran az aghz ta saqut saltnat Pahlvi, Sukhan, 1999. (ISBN 964-6961-11-8)
Kaveh Farrokh, Shadows in the Desert: Ancient Persia at War, 2007 (réimpr. Osprey Publishing) (ISBN 1-846-03108-7) [présentation en ligne]
Richard Nelson Frye, The Cambridge History of Iran, William Bayne Fisher, Ilya Gershevitch, Ehsan Yarshater, R. N. Frye, J. A. Boyle, Peter Jackson, Laurence Lockhart, Peter Avery, Gavin Hambly, Charles Melville, 1993 (réimpr. Cambridge University Press) (ISBN 0-521-20092-X) [présentation en ligne], chap. The Political History of Iran under the Sassanians
G. Reza Garosi, Die Kolossal-Statue Šāpūrs I. im Kontext der sasanidischen Plastik. Éditions Philipp von Zabern, Mainz 2009, (ISBN 978-3805341127).

Pas mal pour un désintérête même s'il s'agit seulement de la Biblio du wiki français. La version anglaise donne une liste de plus de 20 noms dont plus de 75¨% des patronymes sont occidentaux. Alors le coup de l'autres . :rool:

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Message Publié : 09 Fév 2012 10:49 
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Grégoire de Tours
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Localisation : Alger, Algerie
Vous le dites bien : c'est relatif !

Globalement, du moins depuis l'époque de Napoléon jusqu'à nos jours, les scientifiques de l'Occident se sont intéressés à TOUT dans TOUS les domaines possibles et imaginables. Nul n'a donc dit (en tout cas pas moi) qu'aucun occidental ne s'est jamais intéressé à la Perse et à son histoire. Loin de là !

Mais la question posée ici porte sur un "désintérêt" et c'est dans ce contexte là que j'ai approché la chose : la liste d'ouvrages que vous avez cité (fut-elle exhaustive) pourra-t-elle égaler la liste des ouvrages occidentaux dédiés à une seule province romaine ? Et parmi la longue liste desdites provinces, y a-t-il eu un nombre de travaux équivalent entre la Gaule ou la Bretagne et la lointaine Bithynie par exemple ? J'en doute fort. Par ailleurs, mon propos ne concerne pas uniquement l'intérêt d'ordre purement académique, mais aussi l'intérêt général que peut afficher le public car, qu'on le veuille ou non, celui-ci est un facteur qui compte dans la stimulation et la multiplication des recherches dans tel ou tel sujet historique.

N'es-ce pas ?

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Message Publié : 09 Fév 2012 10:58 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
Message(s) : 2082
OK Harrachi on est donc d'accord.

Disons qu'il y a des sujets plus creusés que d'autres et que les affinités culturelles jouent leur rôle.

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Message Publié : 09 Fév 2012 11:23 
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Salluste
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Localisation : Strasbourg, Alsace
Pour ma part je dresse le constat inverse je suis d'origine maghrébine et je ne me sens aucune affinité avec l'empire Sassanide ou avec l'histoire de l'Iran en général.
La Grèce antique et Rome m'inspire nettement plus et sont beaucoup plus proche de l'antiquité maghrébine que ne l'a été l'Iran avec laquelle il n'y a de toute façon jamais eu de liens que ce soit pendant l'antiquité ou la période médiévale (qui là on été plutôt indirectes).


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Message Publié : 09 Fév 2012 13:29 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 18 Mai 2007 13:35
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Localisation : Alger, Algerie
Léandros a écrit :
Pour ma part je dresse le constat inverse je suis d'origine maghrébine et je ne me sens aucune affinité avec l'empire Sassanide ou avec l'histoire de l'Iran en général.
La Grèce antique et Rome m'inspire nettement plus et sont beaucoup plus proche de l'antiquité maghrébine que ne l'a été l'Iran avec laquelle il n'y a de toute façon jamais eu de liens que ce soit pendant l'antiquité ou la période médiévale (qui là on été plutôt indirectes).

Dans votre cas, je dirais que le "vécu" à eu préséance sur l'origine, et c'est assez normal dans un tel domaine. Je m'explique ... :mrgreen:

Être d'origine maghrébine ne veux pas dire grand chose dans un tel contexte, car c'est d'environnement culturel qu'il s'agit et non pas d’appartenance au sens restreint : lorsqu'on est baignés depuis l'enfance dans un environnement (éducation, langue, culture, enseignement, médias ... etc.) où prédomine l'Islam (au sens vraiment large et "culturel" du terme) on développe une certaine perception de la géographie et de l'histoire qui ne colle pas forcément avec celles de quelqu'un qui s'est formé dans une société occidentale (ou chinoise ... etc.).

Ainsi, pour un arabe ou un pakistanais par exemple, la Perse constitue une sorte d'arrière plan qui revient dès qu'on évoque nombre d'époques ou de personnages auxquels il s'identifie de manière presque naturelle et personnelle. Parlez des Barmécides par exemple, et n'importe quel lettré musulman fera le lien avec Harûn al-Rashîd, puis à travers lui il songera aux Abassides puis par là à l'histoire de l'islam tout court. De même, des noms comme le Khorassân ou le Tabaristân sonneront plus "familiers" dans l'oreille d'un maghrébin de culture arabo-musulmane que la Proconsulaire ou l'Illyrie, alors même qu'il ne saura situer aucune des quatre régions ni sur une carte ni dans une chronologie. A la même personne, le nom de Kisrâ (Khosrô) ou un Qaïssar (César) c'est du pareil au même (avec une certaine connotation "négative" pour les deux), à la différence que le Kisrâ vous le retrouvez parfois en héros ou en référence dans tel ou tel ouvrage de politique ou d'histoire composés par des musulmans (des gens du même "monde" et donc faisant partie de la même culture en quelque sorte), alors que Qaïssar est carrément l'archétype du souverain étranger, ces "rois" qu'on ne connais que de très loin. En fait, il y a plus de chance qu'un maghrébin commun reconnaisse Nizâm al-Mulk qu'Augustin d'Hippone !

Sinon, votre sentiment de "proximité" avec Rome s'explique déjà de la manière rationnelle que vous avez décrit : relation avec l'Antiquité maghrébine. Or, cela présuppose une certaine culture (et déjà en partie "occidentale") et surtout un certain niveau de conscience de soit et de l'histoire. Combien de maghrébins de nos jours ont-ils la moindre conscience ni le moindre intérêt pour l'Antiquité ? En regardant autour de moi, je puis vous assurer que me sens le plus souvent seul, alors que les rares cas qui se présentent tendent plus à faire du sujet un objet de polémique (purement politique) qu'autre chose. Il ne reste donc que le fond culturel, toujours vague il est vrai, mais c'est ce qui fait la différence dans votre cas par exemple.

:'(

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Message Publié : 12 Avr 2012 19:04 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 14 Avr 2004 1:48
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Localisation : Pas de Calais
Je suis d'accord avec Harrachi. Même s'il existe quelques livres anglo-saxons ou allemands sur les Sassanides, c'est une période largement oubliée par l'historiographie occidentale. Il n'y a aucun équivalent pour les sassanides à l'Histoire de l'empire perse (achéménide) de Pierre Briant par exemple. Les dernières parutions dignes d'intêret sur les Sassanides ont d'ailleurs été écrites par Parvaneh Pourshariati (Decline and fall of Sasanian persia) ou Touraj Dayraee(Sasanian Persia, Rise & fall of an empire), des chercheurs sans doute iraniens (au moins d'origine).

La proximité culturelle peut en effet jouer. Pas mal d'Iraniens, à travers Ferdowsi et le Shahnameh par exemple et de par l'influence de la Perse antique dans leur culture, se sentent proches des Sassanides. C'est aussi une période qui intéressera les Arméniens car ce furent les premiers à persécuter leurs chrétiens. Cependant, il faut également dire qu'il n'est pas facile de faire avancer la recherche sur la période. Certes, nos sources écrites (notamment chinoises) sont loin d'avoir livré tous leurs secrets, mais surtout, l'archéologie semble compromise au vu des pays composant l'ancien empire : Iran, Irak, Afghanistan...

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Victi, vincimus.


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Message Publié : 26 Avr 2012 16:40 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 04 Avr 2012 13:14
Message(s) : 473
Localisation : Œkoumène
Bonjour,

Est-ce que le problème ne réside pas aussi dans le fait qu'il n'y a pas d'équivalent sassanide de l'historiographie romaine ?

Ainsi, nous sont parvenus les textes de Tite-Live, Tacite, Salluste ... mais à ma connaissance rien de semblable pour l'Empire Sassanide. je remarque par ailleurs que parmi les sources principales de l'histoire Sassanide, nous retrouvons principalement des historiographes musulmans avec notamment Tabari (mort en 310 de l'Hégire).
Dans un ouvrage sur les fondations scripturaires de l'Islam, l'auteur (Alfred-Louis de Prémare) a dressé la liste des témoignages non-musulmans sur le début de l'islam et des conquêtes islamiques. Nous trouvons donc des chroniques syriaques, byzantines, coptes, arméniennes ... mais aucun témoignage perse. D'ailleurs, le chapitre consacré à la Perse est éloquemment intitulé "le silence des savants".

Ceci m’amène à me poser les questions suivantes : est-ce qu'il n'y avait pas de tradition historiographique sassanide ? sinon, est-ce que ce qui existait a été emporté par la conquête musulmane ?

_________________
"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein


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Message Publié : 26 Avr 2012 18:04 
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Thucydide
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Inscription : 22 Mai 2008 19:34
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Localisation : Sainte-Marie-de-Ré
Il existait sans doute une tradition historique, mais comme pour la majeure partie de la littérature en langue vernaculaire (c'est à dire en moyen-persan) de cette époque, la forme orale (et donc poétique) prévalait.

Une exception à la primauté des récits en vers serait peut-être le Karnamag-i Ardaxshir-i Pabagan, qui relate l'accession au pouvoir du fondateur de la dynastie. Mais là, on est déjà à la limite du domaine de la fiction historique d'un certain point de vue.

En tout cas, il faudrait aussi prendre en compte le fait que ces récits à portée historique était mêlés à des narrations de nature épique/héroïque/légendaire. C'était a fortiori le cas du Xwaday namag, qu'on présente souvent comme une source d'inspiration majeure pour le Shahname de Ferdosi et plusieurs auteurs arabes mais dont on ne connaît pratiquement rien du contenu original en réalité.

D'ailleurs dans le chapitre dédié à la littérature historique pahlavi de la Cambridge History of Iran, l'auteur va jusqu'à présenter le Shahname comme une sorte d'aboutissement de la tradition littéraire de la période sassanide. Parvaneh Pourshariati, citée plus haut, s'en sert abondamment dans son ouvrage et confronte systématiquement les vers traitant de la conquête de l'empire aux sources arabes. Elle estime notamment que certaines parties du Shahname permettent d'apporter un éclairage intéressant sur les sources primaires dont on dispose pour la période (en particulier les sceaux et la monnaie, si je ne raconte pas de bêtises).

Donc, bien que ce soit un peu tiré par les cheveux, on pourrait dire qu'il existe un « témoignage perse » adapté à partir de traditions antérieures et mis par écrit au tournant du dixième siècle. Cela dit, on reste tout de même bien loin de l'historiographie romaine ou arabe puisque la forme est poétique et les récits surnaturels/mythologiques/didactiques occupent une place importante du récit.

Une bonne partie des textes remontant à l'époque sassanide qui nous on été transmis ont été recueillis, adaptés et traduits en persan moderne ou en arabe plusieurs décennies, et souvent plusieurs siècles après l'arrivée de l'islam. La « tradition historique » sassanide a irradié les auteurs arabes et persans de l'époque musulmane.


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Message Publié : 01 Mai 2012 22:07 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 14 Avr 2004 1:48
Message(s) : 418
Localisation : Pas de Calais
Sur cette question de la lacune des sources sassanides, plutôt que d'écrire un long post, je vais me permettre de m'auto-citer (ça fait jamais de mal comme dirait l'autre!)

Citer :
La culture de l’écrit ne faisait guère partie intégrante de la société iranienne de l’époque, mais il n’empêche que l’existence de documents de grand intérêt est attestée, comme notamment les archives royales sassanides, parvenues jusqu’à nous grâce à leur utilisation par le chroniqueur byzantin Agathias qui eut l’occasion de consulter ces dernières. Quelques textes en langue pehlevie, tel le Karnamag, ont cependant traversé les siècles. Le Karnamag i Ardaxser i Pabagan se révèle d’un intérêt fort médiocre pour ce qui est de l’étude de la politique extérieure et militaire de l’Empire sassanide. Le récit se contente de nous relater de manière épique et fort romancée l’accession d’Ardashir au trône ainsi que ses exploits, ce avec moult omissions et un horizon géographique réduit. Pas une fois il n’est par exemple fait mention de la campagne contre Sévère Alexandre, qui fut pourtant un événement majeur du règne du monarque .
Bien peu de sources contemporaines de l’époque sassanide nous sont parvenues. La littérature perse fut en effet massivement reprise par les auteurs arabes après la conquête ce qui entraîna la disparition des écrits qui existaient en cette langue, tant et si bien que nous devons nous reposer sur ces sources arabes, qui sont parfois complétées par les chroniques arméniennes et en langue syriaque. Parmi ces dernières, citons la chronique du Khuzistan, ou l’Histoire de l’Arménie par Lazar P‘aperc‘i, qui nous apportent divers éléments proches du point de vue perse.
Le gros problème que pose l’utilisation des sources iraniennes et arabes est que, contrairement à l’occident où il existe un minimum de tradition continue, en orient, la mémoire historique s’est rapidement déformée au profit de la légende de style épique, voire de romans populaires . C’est le cas du Karnamag ainsi que pour les sources arabes.
Parmi ces dernières, citons la Chronique Universelle de Tabari écrite au Xe siècle qui contient une monographie de l’histoire sassanide. Dans ses récits des règnes sassanides nous trouvons des renseignements sur les campagnes des monarques perses contre les Romains ainsi que, intercalées entre ces parties, des notices sur les rois arabes de la période pré-Islamique. Il y a cependant de quoi être déçu, notamment au sujet des campagnes de Sapor au sujet desquelles quasiment rien n’est dit, tout comme pour la captivité de Valérien, dont on aurait espéré connaître les détails, absents des sources romaines . En outre, les écrits de Tabari regorgent d’approximations, d’anachronismes et d’erreurs. Dans le même ordre d’idées, le Shahnameh ou Livre des Rois de Firdousi, qui, au milieu d’un amas de légendes, d’anachronismes et de récits épiques nous révèle quelques éléments authentiques.
Il est malaisé d’identifier les sources qu’ont utilisé ces auteurs, qui écrivent en pleine époque arabe, dans la mesure où elles ne sont presque jamais citées. Mais il semble acquis qu’ils se soient servi des archives royales sassanides, auxquelles le chroniqueur byzantin Agathias avait eu accès en son temps, ainsi que probablement divers écrits à la gloire des rois, mais quelle qu’ait pu être la qualité de ces textes à l’origine, leur sens fut notablement altéré.

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Victi, vincimus.


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