Léandros a écrit :
Pour ma part je dresse le constat inverse je suis d'origine maghrébine et je ne me sens aucune affinité avec l'empire Sassanide ou avec l'histoire de l'Iran en général.
La Grèce antique et Rome m'inspire nettement plus et sont beaucoup plus proche de l'antiquité maghrébine que ne l'a été l'Iran avec laquelle il n'y a de toute façon jamais eu de liens que ce soit pendant l'antiquité ou la période médiévale (qui là on été plutôt indirectes).
Dans votre cas, je dirais que le "vécu" à eu préséance sur l'origine, et c'est assez normal dans un tel domaine. Je m'explique ...
Être d'origine maghrébine ne veux pas dire grand chose dans un tel contexte, car c'est d'environnement culturel qu'il s'agit et non pas d’appartenance au sens restreint : lorsqu'on est baignés depuis l'enfance dans un environnement (éducation, langue, culture, enseignement, médias ... etc.) où prédomine l'Islam (au sens vraiment large et "culturel" du terme) on développe une certaine perception de la géographie et de l'histoire qui ne colle pas forcément avec celles de quelqu'un qui s'est formé dans une société occidentale (ou chinoise ... etc.).
Ainsi, pour un arabe ou un pakistanais par exemple, la Perse constitue une sorte d'arrière plan qui revient dès qu'on évoque nombre d'époques ou de personnages auxquels il s'identifie de manière presque naturelle et personnelle. Parlez des
Barmécides par exemple, et n'importe quel lettré musulman fera le lien avec
Harûn al-Rashîd, puis à travers lui il songera aux
Abassides puis par là à l'histoire de l'islam tout court. De même, des noms comme le
Khorassân ou le
Tabaristân sonneront plus "familiers" dans l'oreille d'un maghrébin de culture arabo-musulmane que la
Proconsulaire ou l'
Illyrie, alors même qu'il ne saura situer aucune des quatre régions ni sur une carte ni dans une chronologie. A la même personne, le nom de
Kisrâ (Khosrô) ou un
Qaïssar (César) c'est du pareil au même (avec une certaine connotation "négative" pour les deux), à la différence que le
Kisrâ vous le retrouvez parfois en héros ou en référence dans tel ou tel ouvrage de politique ou d'histoire composés par des musulmans (des gens du même "monde" et donc faisant partie de la même culture en quelque sorte), alors que
Qaïssar est carrément l'archétype du souverain étranger, ces "rois" qu'on ne connais que de très loin. En fait, il y a plus de chance qu'un maghrébin commun reconnaisse
Nizâm al-Mulk qu'
Augustin d'Hippone !
Sinon, votre sentiment de "proximité" avec Rome s'explique déjà de la manière rationnelle que vous avez décrit : relation avec l'Antiquité maghrébine. Or, cela présuppose une certaine culture (et déjà en partie "occidentale") et surtout un certain niveau de conscience de soit et de l'histoire. Combien de maghrébins de nos jours ont-ils la moindre conscience ni le moindre intérêt pour l'Antiquité ? En regardant autour de moi, je puis vous assurer que me sens le plus souvent seul, alors que les rares cas qui se présentent tendent plus à faire du sujet un objet de polémique (purement politique) qu'autre chose. Il ne reste donc que le fond culturel, toujours vague il est vrai, mais c'est ce qui fait la différence dans votre cas par exemple.