Le Synaxaire Arménien de Ter Israël (XIIIe siècle), pour le 12 novembre (4 Tré), décrit la vie de Saint Milès, un contemporain de Saint Antoine (première moitié du IVe). Chassé de Suse, il lance des imprécations contre la cité, puis « Quelques jours après, les habitants de la ville ayant contrarié le roi de Perse, celui-ci envoya des troupes et trois cents éléphants, qui assiégèrent la ville, la ruinèrent, la brûlèrent, la rasèrent jusqu'au sol, et semèrent du sénévé à l'intérieur. »
Cette pratique m’intrigue, je n’en connais pas de similaires mais ne connais rien à la Perse sassanide. Existe-t-il d’autres exemples de cet ensemencement de graines de moutarde après la prise d’une ville ? Si oui, quelle est la symbolique voire la particularité naturelle de la moutarde qui la rend propre à cet emploi (mis à part éventuellement sa taille infime, qui évite de transporter d’énormes quantités) ?
Il ne me semblait pas que la moutarde était porteuse en Perse d’un a priori négatif ou d’une malédiction : la version persane du Roman d’Alexandre comparait si je ne m’abuse les soldats macédoniens à des grains de moutarde, en rapport à leur petite taille mais leur goût puissant. Quant aux Chrétiens, Luc l'utilise comme parabole pour le Royaume de Dieu, rien que ça, la graine minuscule donnant naissance à un arbuste pouvant atteindre les trois mètres... Là non plus, pas très compatible avec ce passage.
A moins qu'il faille justement le comprendre comme allusion tordue à la christianisation de la cité (qui autant que je sache, ne s'est jamais convertie), peut-être dans une source antérieure traduite ou mal comprise par Ter Israël ?

Bref, si vous avez des lumières à me proposer...

Cela dépend du genre de la moutarde. La moutarde des champs est, par exemple, un mauvais herbe pour les agriculteurs actuels. Peut-être qu'à l'époque sassanide (sinon, au XIIIe siècle à l'époque du chroniqueur arménien) les soldats semaient de ces adventices dans le cadre des pillages.

Ce qui est intéressant dans le récit de Ter Israël, c'est que les graines sont semées dans la ville, et non pas dans les champs comme on l'aurait attendu.

Merci Lohengrin, c'est sans doute effectivement la solution, toute simple finalement : de la mauvaise herbe, un plante vivace à la pousse rapide dont en prime les graines prennent peu de place. Après avoir rasée la ville, ils sèment leur moutarde, et quelques semaines plus tard, une fois la plante germée, il ne reste plus la moindre trace de la ville, masquée sous ce tapis vert et jaune. Il n'y a donc sûrement pas de symbolisme dans le choix de la plante, les seuls critères étaient sans doute la pousse rapide, et le faible encombrement et coût (la graine de moutarde était très abondante en Perse).
Ceci dit, le texte étant en arménien, je ne sais pas s'il précise de quelle moutarde il s'agit.

Je me suis un peu cassé la tête pour des clopinettes !