A propos de l'abolition de l'esclave... difficile... La population iranienne du temps de Zarathushtra est une population pastorale, donc sans doute communautaire (basé sur le principe du groupe), je ne pense pas que la notion d'esclave est véritablement unanime dans ce cas.
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Il faut faire attention dans ce cas, les populations du plateau iraniens sont restés pastorales bien longtemps après Zarathoustra.
Citer :
Sur l'égalité homme/femme c'est plutôt un prêche dans l'égalité, il prêché aux hommes dans leur ensemble puisque l'humanité est censé lutter du coté du mal donc d'Ahura Mazda tout conduite jugé déviante était une aide apporté à Angra Manyu dans son combat contre son frère.
Pour l'époque sassanide, il n'y a pas véritablement d'égalité homme-femme dans le zoroastrisme tel qu'il est promu par le pouvoir de Ctésiphon et le clergé.
Les écrits à caractère juridique fondateurs rédigés en moyen-persan qui sont parvenus jusqu'à nous sont assez clairs. Par exemple, l'arda wiraz namag précise que les femmes doivent s'agenouiller trois fois par jour devant leur mari et se mettre à leur service. On ne distingue pas bien les différences de régime juridique qui pouvait existe entre les femmes issues de la noblesse et les femmes des autres couches sociales cependant.
Cela dit restons prudents, ce sont en effet des textes normatifs et rien ne confirme en quoi consistait réellement la pratique. D'autant plus qu'ils existait des subtilités régionales et idéologiques qui nous échappent non négligeables.
D'ailleurs en parlant de ces disparités, il faut aussi prendre en compte l'existence de différentes factions comme cela a été très justement fait avec le mazdakisme et le zurvanisme.
Même dans au sein des cercles de pouvoir sassanides, il semble y avoir des divergences quant à l'orientation à donner au zoroastrisme "officiel". Et ces divergences semblent avoir à cette époque une influence certaine sur le degré de "tolérance religieuse" (ou du moins sur le degré de persécution des sectes concurrentes).
Les contours de ces antagonismes religieux sont assez flous étant donné que nous avons très peu de documentation à ce sujet, cela dit il semblerait bien qu'on ait dès le IIIe siècle deux mouvements opposés au moins au sommet du pouvoir sassanide. N'oublions pas que les Arsacides n'ont pas réellement cherché à promouvoir une idéologie religieuse et impériale officielle (ou du moins nos connaissances lacunaires ne permettent pas de l'affirmer). Par conséquent, au cours de ces longs siècles, le zoroastrisme a pu être marqué par un bouillonnement d'hétérodoxies diverses et variées, la religion populaire n'était pas opposée à une version impériale. Des traditions religieuses différentes ont pu éclore à plusieurs endroits sur le plateau iranien et s'enraciner, des clans et des dynasties locales ont pu s'en servir identifier et asseoir leur pouvoir sur certaines régions (ce qui était sans doute facilité par le caractère "décentralisé" de l'empire arsacide).
L'arrivée au pouvoir des Sassanides nous permet d'avoir une maigre idée de l'antagonisme qui existait entre certaines de ces factions.
D'une part, on décèle une école qu'on pourrait qualifier très maladroitement "d'impériale", peut être plus consensuelle avec les hétérodoxies locales et qui semble être élaborée par l'entourage d'Ardashir puis de son fils Shapour pour renforcer la fonction impériale. Les partisans de ce courant se méfient peut-être de l'influence du clergé et voient peu-être dans le manichéisme un contrepoids à la montée en puissance des orthodoxes de la ligne dure tout en concevant l'intérêt que présenterait une religion universelle pour régner sur les terres convoitées de l'An-iran.
D'autre part on distingue la lente élaboration d'une orthodoxie officielle par le prêtre Kerdir qui tend à transformer le clergé en une sorte d'Etat dans l'Etat. Ce courant fait preuve de beaucoup moins de tolérance envers les manichéens et les différentes sectes zoroastriennes. Kerdir se vante dans plusieurs inscriptions d'avoir lutter énergiquement contre les courants déviants de l'orthodoxie qu'il défend.
Touraj Daryaee indique par ailleurs que l'entourage de Kerdir pourrait s'être approprié cette dignité aux cours du règne d'Hormizd Ier surtout des trois premiers Bahram (dont il a sans doute soutenu les accessions au trône face à Narsès, éloigné dans un premier temps au Sistan puis en Arménie).
L'enjeu est assez important puisque la fonction de grand-prêtre du temple d'Anahid à Istakhr (qui est d'ailleurs la base à partir de laquelle les Sassanides prennent le pouvoir) semble conférer une certaine prééminence en matière judiciaire à son détenteur. Donc on peut peut-être supposer que lorsque la faction la plus orthodoxe du clergé acquiert un pouvoir plus important, le droit religieux est appliqué plus scrupuleusement et le pouvoir de l'empereur et des représentants sur les affaires judiciaires se réduit. Celui des seigneurs locaux aussi peut-être (il faudrait pour cela savoir jusqu'où s'étendait l'influence du clergé orthodoxe aux différentes époques).
Le sujet devient encore plus trouble lorsque l'on prend en compte la thèse de Parvaneh Poushariati qui soutient que les clans parthes/pahlavis - qui ont pu avoir été très implantés au Nord (Médie, Azerbaidjan, Tabaristan) et à l'Est (Khorasan) - pratiquaient peut être une version du zoroastrisme relativement "hétérodoxe" plus axée autour du culte de Mehr/Mitra.
Il est bien difficile de savoir à quel point ces traditions locales/claniques ont pu entrer en collision avec l'orthodoxie fondée par les prêtres de Kerdir hélas
Citer :
While much investigation will be required in order to settle this controversy, we shall be arguing [] that important evidence points to the prevalence of Mihr worship among some of the important Parthian dynastic families under
investigation here. Even more significantly, we shall maintain that amongst these Pahlav families the God Mihr was bestowed with such primacy that the nature of Mihr worship espoused by some of the Parthian families of the quarter of the north and the east, could not have been the same as that practiced by Mazdean orthodox population. The Pahlav and the Parsıg, therefore, adhered to
different schools of religion, as far as we can establish in the course of this study.
Que dire de l'Arménie alors, dont le mazdéisme tel qu'il était pratiqué au cours des siècles précédant la conversion au christianisme était forcément mêlé à des traditions propres aux populations de cette partie du Caucase. Le sujet est tellement vaste et exigeant !